Élection présidentielle américaine 2024: comprendre la tension autour des 7 swing states qui peuvent tout changer (module interactif)
L’élection présidentielle américaine du 5 novembre prochain se jouera à nouveau dans quelques états clés: ces swing states où la balance peut pencher du côté républicain ou démocrate. Pour mieux visualiser l’importance de chaque état pour les deux principaux candidats, une infographie et quelques chiffres.
Sept états majeurs, 93 grands électeurs, un seul vainqueur. L’élection présidentielle américaine a des airs d’arithmétique. Une équation à sept inconnues, pour autant de swing states, où la calculette des candidats chauffe pour trouver la solution.
Arizona, Caroline du Nord, Géorgie, Michigan, Nevada, Pennsylvanie et Wisconsin sont les états indécis de l’élection à venir, ceux qui changent de couleur politique d’un scrutin à l’autre. Les 43 autres états étant déjà pratiquement acquis à une cause ou l’autre, ce sont les swing states et leurs 93 grands électeurs qui concentrent toute l’attention.
Donald Trump et Kamala Harris y disputent un combat acharné, où les coups et les voix comptent double. Frapper fort dans l’un de ces sept états est signe d’une victoire qui se rapproche. Ces derniers jours, les deux candidats ont multiplié les appels au vote, les meetings et les messages à l’attention des électeurs des swing states, pour espérer les rallier à leur cause.
Objectif 270 grands électeurs
Ce fonctionnement est dû au mode de scrutin indirect des États-Unis, où la population n’élit pas directement le président mais un collège de grands électeurs, au nombre de 538, répartis dans chacun des cinquante états américains en fonction de la taille de sa population. Un état remporté, que ce soit par une ou par 100.000 voix d’écart, signifie que la totalité de ses grands électeurs sont attribués au candidat gagnant, sur le principe du «winner takes all». Deux états faisant exception, le Maine et le Nebraska, qui ajoutent une petite dose de proportionnelle dans leur système.
Pour être élu président, il faut obtenir une majorité de ses grands électeurs, soit 270 au moins. Dans les états où la victoire ne fait (pratiquement) aucun doute, dépenser de l’énergie pour quelques voix supplémentaires ne changera donc rien au nombre de grands électeurs remportés.
Ce système date de la fondation des États-Unis, lorsque deux idées s’affrontent entre le vote par un congrès et celui par la population. Un mélange émerge finalement, ce qui permet à chaque état d’être représenté via ses grands électeurs choisis par la population, et reste en vigueur aujourd’hui. Mais ce fonctionnement se heurte parfois à ses limites. «Ce système peut être vu comme antidémocratique, puisque le vote populaire n’est pas forcément respecté, détaille Tanguy Struye, professeur en relations internationales à l’UCLouvain. Deux cas marquants se sont produits ces dernières années, d’abord lors de la défaite d’Al Gore, en 2000, face à George W. Bush, et surtout en 2016, avec Hillary Clinton qui dépassait largement Donald Trump au nombre total de voix, mais qui n’avait pas obtenu assez de grands électeurs, en perdant notamment la bataille des swing states.»
En 2020, Joe Biden avait réussi à faire basculer plusieurs de ces états clés en sa faveur, dont la Géorgie, l’Arizona, le Wisconsin, le Michigan ou encore la Pennsylvanie, des états qui avaient tous voté Donald Trump en 2016.
Des états divisés, aux enjeux cruciaux
Le « super » swing state à surveiller plus que les autres est clairement la Pennsylvanie. Avec ses 19 grands électeurs, le chiffre le plus important du lot, celle-ci vaut plus de trois fois le Nevada (6) et presque autant que le Wisconsin (10) et l’Arizona (11) réunis. Cet ancien état de l’industrie lourde aux États-Unis traverse une période compliquée, entre bouleversements économiques et déclin industriel. «Tous les swing states sont par nature des états très divisés, qui vivent parfois, comme la Pennsylvanie ou le Michigan, des recompositions importantes aux enjeux économiques et sociaux cruciaux pour leur avenir. C’est donc peu surprenant que les candidats s’y adressent plus particulièrement, avec des promesses et des messages spécifiques», poursuit Tanguy Struye.
Selon certaines analyses, la Floride peut également être vue comme un swing state, avec des résultats parfois serrés aux dernières élections présidentielles et des sondages donnant de très petits écarts entre les deux candidats. «Le doute est permis en Floride… mais surtout si les sondages se trompent. Globalement, depuis une quinzaine d’années, l’état est considérée comme acquis aux républicains, malgré des différences de votes parfois faibles entre les deux camps», tranche le spécialiste des États-Unis.
La distribution des sept swing states
Pour mieux percevoir l’importance de la distribution des états clés, le module ci-dessous permet de faire glisser les grands électeurs d’un côté ou de l’autre afin de calculer le score de chaque candidat jusqu’au 270 grands électeurs nécessaires. Les états déjà colorés étant ceux pratiquement assurés de tomber soit dans l’escarcelle rouge républicaine, soit dans la besace bleue démocrate, sur base des derniers sondages et des précédents résultats.
Si le module ne s’affiche pas, cliquez ici.
Un scénario improbable mais pas impossible permet d’arriver à une égalité, pour peu que la distribution des autres états se confirme, avec les deux candidats obtenant 269 grands électeurs. La Constitution américaine stipule que c’est alors à la Chambre des représentants d’élire le président. Il faudrait dans ce cas qu’un candidat comptabilise au moins 26 des 50 voix, une par état. Ce qui pourrait favoriser Donald Trump car les petits états, votant plutôt pour les républicains, étant mis sur un pied d’égalité avec les grands, plutôt démocrates.
Encore des chiffres et des calculs. Mais aucun candidat n’imagine devoir compter là-dessus.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici