Daniel Ellsberg
Daniel Ellsberg © Getty

Daniel Ellsberg, « l’homme le plus dangereux des Etats-Unis », est mort

En 1971, les « Pentagon Papers » vont mettre à nu les mensonges de Washington sur la guerre du Vietnam. Derrière cette fuite sans précédent de dossiers classifiés, il y avait Daniel Ellsberg, un analyste militaire. Il est mort vendredi à l’âge de 92 ans.

Ce lanceur d’alerte qui contribua à modifier le regard de l’opinion publique américaine sur le conflit au Vietnam « est mort d’un cancer du pancréas, qui lui avait été diagnostiqué le 17 février. Il n’a pas souffert et était entouré de sa famille bien-aimée », ont annoncé dans un communiqué son épouse et ses enfants. Daniel Ellsberg, dont l’histoire a inspiré un téléfilm américain en 2003 et un long-métrage de Steven Spielberg en 2017, avait lui-même annoncé en mars être atteint d’un cancer incurable et qu’il ne lui restait que « trois à six mois à vivre ».

Ancien analyste du département d’Etat et de l’agence Rand Corporation liée au Pentagone, Daniel Ellsberg était devenu célèbre au début des années 1970 après avoir fait fuiter 7.000 documents classifiés, les « Pentagon Papers », qui dévoilaient que plusieurs gouvernements américains avaient menti au public sur la guerre du Vietnam. Ces documents révélaient que, contrairement aux affirmations de divers responsables américains, la guerre du Vietnam ne pouvait pas être gagnée par les Etats-Unis et que Washington avait néanmoins joué la carte de l’escalade militaire.

 Traumatisme

Des révélations qui avaient permis de changer l’opinion des Américains sur ce conflit de la décolonisation et de la Guerre froide, de 1955 à 1975, véritable traumatisme pour les deux pays avec 58.000 militaires américains tués et quelque 3,8 millions de morts civils et militaires côté vietnamien. En 1969, de plus en plus révolté par la situation au Vietnam, où il s’était rendu sur les lieux du conflit, Ellsberg s’était procuré un rapport de 7.000 pages. Travaillant pour Rand Corporation, il avait photocopié le rapport page par page avec l’aide d’un couple d’amis.

L’histoire, qui avait abouti à la révélation des mensonges dans le New York Times puis le Washington Post, est racontée dans un film de Steven Spielberg, « Pentagon Papers » (« The Post » selon son titre original aux Etats-Unis) avec Meryl Streep et Tom Hanks, nominé aux Oscars en 2018.

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Un autre film pour la télévision américaine, « The Pentagon Papers », suit le parcours d’Ellsberg, incarné par l’acteur James Spader, de la Rand Corporation à son procès avorté pour espionnage présumé.

« L’homme le plus dangereux d’Amérique »

Le New York Times avait commencé à publier ces documents, avant que l’administration du président républicain Richard Nixon (1969-1974) n’obtienne une injonction d’un tribunal fédéral pour les en empêcher, au motif de la sécurité nationale. Pour Henry Kissinger, le conseiller diplomatique du président, il était « l’homme le plus dangereux d’Amérique » Le Washington Post avait pourtant pris le relais, malgré les risques de représailles politiques, économiques et judiciaires.

Daniel Ellsberg a remporté le prix Olof Palme 2018 des droits de l’Homme.

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