Argentine: 12 ans de prison et inéligibilité requis contre la vice-présidente Kirchner pour corruption
Douze ans de prison, ainsi qu’une inéligibilité à vie, ont été requis lundi à Buenos Aires contre la vice-présidente argentine Cristina Kirchner dans un procès pour corruption, l’une des multiples procédures en cours contre l’ex-cheffe de l’Etat et figure de la gauche argentine.
Cristina Kirchner, 69 ans, était jugée, dans ce procès en distanciel, pour association illicite et administration frauduleuse aggravées, dans une affaire d’attribution de marchés publics dans son fief politique de la province de Santa Cruz, en Patagonie (sud), alors qu’elle était cheffe de l’Etat (2007-2015). 12 coaccusés étaient jugés à ses côtés.
Vice-présidente et présidente du Sénat depuis 2019, elle bénéficie à ce stade d’une immunité, que seule la Cour suprême pourrait lever si elle venait à confirmer une éventuelle condamnation. Après les réquisitions lundi, viendra le tour des plaidoiries de la défense dans cette procédure ouverte en 2019, mais qui avait été suspendue en raison de la pandémie de Covid-19. Elles pourraient s’étirer sur plusieurs mois et la décision du tribunal n’être prononcée que vers la fin 2022.
Le procureur Diego Luciani, en requérant lundi, a « dénoncé un authentique système de corruption institutionnel », l’autre représentant du ministère public Sergio Mola évoquant « des irrégularités systématiques dans 51 appels d’offres sur 12 ans ». A maintes reprises, la vice-présidente, qui nie les faits, a dénoncé une persécution politique de la part d’une justice selon elle instrumentalisée par l’opposition de droite. Opposition et gouvernement en Argentine se renvoient régulièrement l’accusation de « lawfare » (guerre judiciaire) et d’instrumentalisation de la justice.
Sitôt les réquisitions connues, le président (centre-gauche) Alberto Fernandez a dans un communiqué condamné la « persécution juridique et médiatique contre la vice-présidente », et estimé « qu’aucun des actes imputés à la vice-présidente n’a été prouvé ». Clivante mais toujours populaire et icône de la gauche argentine, Mme Kirchner a été mise en cause ces dernières années dans une dizaine de dossiers distincts, entre pots-de-vins, blanchiment de fonds, préjudice spéculatif occasionné à l’Etat ou entrave à la justice. Elle a bénéficié de non-lieux, deux récemment fin 2021, mais cinq procédures restent en cours.
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