Allemagne: polémique autour de la ministre de la Défense

Caroline Lallemand Journaliste

La ministre allemande de la Défense s’est retrouvée mardi au centre de critiques de l’opposition visant un déplacement privé de son fils à bord d’un hélicoptère de l’armée.

Christine Lambrecht et son fils, Alexander Lambrecht, 21 ans, se sont rendus mi-avril en hélicoptère militaire sur l’île de Sylt, dans le Schleswig-Holstein, pour un séjour privé, a révélé mardi le média Business Insider.

La ministre, qui avait auparavant visité un bataillon stationné dans cette région du Nord de l’Allemagne, a ensuite gagné l’île avec son fils à bord d’un hélicoptère Cougar pour le week-end de Pâques. Le fils de la ministre a même posté sur Instagram une photo de lui dans l’hélicoptère.

Le ministère a assuré que Mme Lambrecht avait réglé la facture du vol de son fils, estimé par la presse à environ 5.000 euros de l’heure.

Mais la ministre social-démocrate, propulsée sur le devant de la scène depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, s’est quand même attirée des critiques, en particulier des conservateurs, relégués dans l’opposition depuis fin 2021.

« Utiliser la Bundeswehr à des fins privées et partisanes est inélégant », a fustigé le premier secrétaire du groupe CDU-CSU au Bundestag, Thorsten Frei.

« La ministre de la Défense devrait faire preuve de plus de tact et ne pas confondre la Luftwaffe (armée de l’air) avec la Lufthansa », principale compagnie aérienne allemande, a-t-il ironisé auprès du quotidien Bild.

« Le moment choisi pour les vacances de la ministre sur l’île de Sylt, en pleine guerre en Ukraine, était déjà limite », a renchéri Reinhard Brandl, chargé des questions de défense au sein de la CSU, le parti conservateur bavarois. « Que son fils se vante maintenant sur Instagram d’avoir pu voler dans l’hélicoptère du gouvernement en direction de Sylt, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ».
Membre du parti libéral FDP, une des composantes de l’actuelle majorité, la présidente de la commission de la défense au Bundestag, Marie-Agnes Strack-Zimmermann, a elle-même jugé la procédure « plutôt inhabituelle » et demandé une « clarification ».

L’affaire tombe mal pour la ministre, déjà sous le feu des critiques ces dernières semaines du fait des atermoiements du gouvernement allemand vis-à-vis de l’Ukraine et de l’aide militaire, jugée insuffisante par Kiev.

Ancienne ministre de la Justice du gouvernement d’Angela Merkel, Mme Lambrecht a notamment essuyé des sarcasmes en février en annonçant l’envoi en Ukraine de 5.000 casques militaires, alors que Kiev réclame des armes lourdes comme des chars.

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