Aide après le séisme : un début d’ouverture en Syrie
La détresse des populations adoucit les inimitiés entre les Etats, même si le mouvement n’est sans doute que provisoire. Après la période d’atermoiements qui a suivi le séisme du 6 février, résultat de l’isolement du pouvoir de Damas et du contrôle de pans du territoire par des forces à dimension ethnique ou religieuse, la Syrie commence à bénéficier d’une aide plus substantielle pour secourir ses sinistrés. Cette évolution est aussi permise par un adoucissement des relations entre les pouvoirs antagonistes des Etats-Unis et de Syrie.
Tragédie dans la tragédie, la région d’Idlib monopolisait davantage d’attention parce qu’elle était parmi les plus touchées par le tremblement de terre et ses répliques, son chef-lieu n’étant distant que d’une soixantaine de kilomètres de la ville martyre d’Hatay, en Turquie, et parce qu’en grande partie aux mains de rebelles islamistes, sanctuaire du dernier groupe d’importance en activité après une décennie d’affrontements, le Hayat Tahrir al-Cham, elle risquait d’échapper complètement aux réseaux internationaux d’aide. Entre la Turquie et la Syrie, un seul poste-frontière, celui de Bab al-Hawa, contrôlé par l’armée gouvernementale et maintenu ouvert pour raisons humanitaires avant le séisme, avait permis, le 9 février, l’acheminement dans six camions de biens de première nécessité. Un début bien insuffisant.
Il n’est pas exclu qu’une certaine redistribution des alliances découle de cette période tragique.
La situation devrait pourtant s’améliorer. Le président Bachar al-Assad a autorisé l’ouverture de deux autres points de passage à cette frontière avec la Turquie, à Bab al-Salam et à Al-Ra’ee. Il a aussi assoupli les procédures pour l’octroi de visas au personnel de l’ONU et ainsi facilité ses déplacements. Le geste a été salué par le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Dans le même temps, les Etats-Unis, dans une concession rare après des années de sanctions, ont décidé d’exempter de mesures de rétorsion pour une période de 180 jours toutes les transactions avec la Syrie liées aux secours apportés aux victimes du séisme.
Aide saoudienne
Le contexte apparaît propice à Bachar al-Assad pour forcer un allègement plus large des sanctions occidentales sur lesquelles il n’hésite pas à faire porter la responsabilité du retard dans les secours. Si cet argument pourrait, le cas échéant, être pertinent pour la partie de la Syrie qu’il contrôle, il ne l’est pas pour l’enclave d’Idlib qui échappe en grande partie à son pouvoir et dont il n’autorise, de toute façon, aucun accès depuis le cœur de «sa» partie de Syrie, et notamment l’aéroport de Damas. En revanche, les vols d’aide humanitaire rejoignent assez régulièrement la capitale syrienne pour porter assistance aux Syriens soumis au régime de Bachar al-Assad. C’est le cas à Alep, qui a aussi été la destination du premier vol d’un avion venu d’Arabie saoudite en Syrie depuis la rupture des relations entre les deux pays, en février 2012, et le soutien apporté par Riyad aux rebelles au cours de la guerre civile. A vocation là aussi humanitaire, il a eu lieu ce 14 février. Deux autres se sont succédé dans les jours suivants.
Ce rapprochement avec l’Arabie saoudite a sans doute plus de chance de prospérer que celui avec les Etats-Unis, ne fût-ce que pour répondre au début de réconciliation observé entre la Turquie et la Syrie avant le tremblement de terre. Il n’est donc pas exclu qu’une certaine redistribution des alliances découle de cette période tragique.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici