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RDC: la « table ronde » préconise la levée de l’état de siège au Nord-Kivu et en Ituri

Les participants à la « table ronde » sur l’évaluation de l’état de siège en vigueur depuis plus de deux ans dans l’Ituri et le Nord-Kivu, deux provinces de l’est de la République démocratique du Congo (RDC) en proie à l’insécurité due à la présence de nombreux groupes armés, ont opté mercredi « à l’unanimité pour la levée pure et simple » de cette mesure, a rapporté l’agence congolaise de presse (ACP).

Après constat, analyse, débat et délibération faites dans les trois commissions susmentionnées », les députés et membres de la société civile ont déclaré réitérer « la demande pressante de la population des provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri pour l’unique et seule option : la levée pure et simple de l’état de siège » précise le communiqué final des travaux, lu en présence du Premier ministre Sama Lukonde Kyenge, qui représentait le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo

Les participants à cette réunion de trois jours à Kinshasa ont demandé au gouvernement congolais de « rétablir les institutions des deux provinces dans le respect des dispositions constitutionnelles et légales » et de « renforcer les opérations militaires de grande envergure en respectant l’unité de commandement », selon l’ACP. Ils ont enfin demandé de redynamiser et accélérer le P-DDRCS (programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation, instauré voici deux ans, NDLR) afin de prendre en charge les ex-miliciens volontaires au processus de paix, précise ce texte.

L’état de siège avait été annoncé le 1er mai 2021 par M. Tshisekedi et était entré en vigueur cinq jours plus tard. La population et les élus du Nord-Kivu et de l’Ituri réclament sa levée, tout comme l’ONG Amnesty International, faute de résultats concluants dans la lutte contre les groupes armés. Le Premier ministre a promis mercredi de s’en remettre au chef de l’État pour la décision finale. « Le gouvernement de la République promet tout son accompagnement aux directives qui seront données par le président de la République« , a-t-il affirmé.

À l’ouverture des travaux, lundi, M. Tshisekedi avait assuré que l’état de siège dans les deux provinces n’avait pas vocation à s’éterniser. « Tout en saluant les efforts inlassables et louables de nos forces de défense et de sécurité ainsi que de tous les acteurs engagés dans la mise en œuvre de dispositif, je n’ai pas hésité un seul instant à accorder toute mon attention aux opinions manifestées par les différentes couches politiques, sociales, économiques et sécuritaires des provinces concernés par l’état de siège », avait-il affirmé.

L’état de siège dans les deux provinces s’est notamment traduit par le remplacement de l’administration civile par des officiers de l’armée et de la police, la suspension des assemblées provinciales élues et le jugement de civils par des tribunaux militaires. Plus grand pays d’Afrique subsaharienne (2,3 millions de km2), la RDC est secouée par des tensions politiques combinées à une crise sécuritaire et à des difficultés économiques. Des dizaines de groupes armés locaux et étrangers sévissent dans une grande partie de l’est du pays depuis trois décennies, héritage de guerres régionales qui ont éclaté dans les années 1990 et 2000, lorsque le pays a frôlé l’éclatement.

Depuis fin 2021, la rébellion du « M23 » (Mouvement du 23 mars), soutenu par l’armée rwandaise sur le sol congolais, a repris les armes et a conquis de vastes territoires dans l’est congolais, provoquant la fuite de plusieurs centaines de milliers de personnes dans la province du Nord-Kivu. En Ituri, une province riche en or, les violences sont principalement le fait des rebelles ADF ‘(« Allied Democratic Forces », ou Forces démocratiques alliées), une milice composée à l’origine d’Ougandais majoritairement musulmans. Ils se sont implantés depuis le milieu des années 1990 dans l’est de la RDC. Ils ont fait allégeance en 2019 au groupe djihadiste État islamique (EI), qui les présente comme sa branche en Afrique centrale.

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