Séisme au Maroc: la recherche de survivants, une course contre la montre
Les secouristes ont accéléré les recherches dimanche au Maroc pour tenter de retrouver des survivants coincés sous les décombres de villages rasés par un puissant séisme qui a fait plus de 2.000 morts au sud-ouest de la cité touristique de Marrakech.
Dans la même région, une réplique de 4,5 degrés sur l’échelle de Richter s’est produite dimanche, selon l’Institut national de géophysique (ING) marocain.
Secouristes, volontaires et membres des forces armées s’activent pour retrouver des survivants et extraire des corps des décombres notamment dans le village de Tafeghaghte, presque entièrement détruit par le séisme dont l’épicentre ne se trouve qu’à une cinquantaine de kilomètres de là, selon une équipe de l’AFP. Rares sont les bâtisses qui tiennent encore debout.
Des secouristes ont pu retirer un corps d’une maison en ruines. Mais quatre autres sont toujours ensevelis sous les gravats, d’après des habitants. « Tout le monde est parti, j’ai mal au cœur, je suis inconsolable » s’écroule en larmes, Zahra Benbrik, 62 ans, qui affirme avoir perdu 18 proches. « Il ne reste que le corps de mon frère sous les débris, j’ai hâte qu’ils le sortent pour que je puisse faire mon deuil en paix », soupire-t-elle.
Aides internationales
A Marrakech, ville du centre du Maroc, de nombreux habitants se sont rués dans les hôpitaux pour donner du sang pour les victimes.
« Cela fait vraiment plaisir de voir tout ça de la part des citoyens, et même des étrangers qui n’ont rien à voir avec le drame ici se sont déplacés pour donner du sang », a dit Youssef Qornafa, un étudiant qui a fait don de sang dans un centre de transfusion.
Le tremblement de terre survenu vendredi tard le soir, de magnitude 7 selon le Centre marocain pour la recherche scientifique et technique (6,8 selon le service sismologique américain), est le plus puissant à avoir jamais été mesuré au Maroc.
Il a fait au moins 2.012 morts et 2.059 blessés, dont 1.404 sont dans un état très grave, a annoncé samedi soir le ministère de l’Intérieur, un bilan susceptible de s’aggraver au fil des recherches.
La province d’Al-Haouz, où se situait l’épicentre du séisme, est la plus endeuillée avec 1.293 morts, suivie par la province de Taroudant avec 452 morts. Dans ces deux zones situées au sud-ouest de Marrakech, des villages entiers ont été détruits.
Un deuil national de trois jours a été décrété samedi. Les drapeaux sur les bâtiments officiels ont été mis en berne et une « prière de l’absent » doit être accomplie dimanche dans l’ensemble des mosquées du royaume pour l’âme des victimes.
De nombreux pays, dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Italie ont proposé leur aide. Même l’Algérie voisine, aux relations houleuses avec le Maroc, a ouvert son espace aérien, fermé depuis deux ans, aux vols transportant de l’aide et des blessés.
L’Espagne a envoyé une équipe de 56 secouristes au Maroc après avoir reçu une demande d’aide officielle de Rabat. Le président français Emmanuel Macron a déclaré que son pays était prêt à « intervenir » pour venir en aide au Maroc quand les autorités du royaume « le jugeront utile ». Israël, qui a normalisé en 2020 ses relations avec le Maroc, a proposé l’envoi d’équipes de sauvetage.
« 24 à 48h critiques »
La Croix-Rouge internationale a alerté sur l’importance des besoins à venir du Maroc, « 24 à 48 heures critiques » et des besoins pour « des mois voire des années ».
Samedi soir, des chaînes de télévision ont diffusé des images aériennes montrant des villages entiers aux maisons d’argile de la région d’Al-Haouz entièrement pulvérisés.
A quelques encablures de l’hôtel de ville de Marrakech, où des morceaux des remparts historiques datant du XIIe siècle sont par endroits endommagés et partiellement effondrés, certains replient leurs couvertures sur la pelouse où ils ont passé la nuit.
Maria, une touriste espagnole, a passé la nuit en dehors des ruelles étroites de la vieille ville et s’apprête à « poursuivre son voyage normalement » vers Fès, plus au nord.
La secousse a également été ressentie à Rabat, Casablanca, Agadir et Essaouira, dont de nombreux habitants paniqués sont sortis dans les rues en pleine nuit, craignant l’effondrement de leurs logements.
Ce séisme est le plus meurtrier au Maroc depuis celui qui avait détruit Agadir, sur la côte ouest du pays, le 29 février 1960. Près de 15.000 personnes, soit un tiers de la population de la ville, y avaient péri.
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