Le Maroc pleure ses morts: 2122 victimes au deuxième jour du plus puissant séisme de son histoire
Le Maroc pleure ses morts dimanche après le violent séisme qui a dévasté une grande partie du pays et dans lequel plus de 2.122 personnes ont péri, selon le dernier bilan officiel (dimanche après-midi) susceptible de s’aggraver au fil des recherches.
Le tremblement de terre de la nuit de vendredi à samedi, de magnitude 7 selon le Centre marocain pour la recherche scientifique et technique (6,8 selon le service sismologique américain), est le plus puissant à avoir jamais été mesuré au Maroc. Il a fait au moins 2.122 morts et 2.421 blessés, dont 1.404 sont dans un état très grave, a annoncé samedi soir le ministère de l’Intérieur.
La province d’Al-Haouz, où se situait l’épicentre du séisme, est la plus endeuillée, suivie par la province de Taroudant. Dans ces deux zones situées au sud-ouest de la ville touristique de Marrakech, des villages entiers ont été anéantis par la secousse. « J’ai tout perdu », se lamente Lahcen, un habitant du village de Moulay Brahim dans le Haut-Atlas, dont la femme et les quatre enfants ont été tués. « Je n’y peux rien maintenant, je veux juste m’éloigner du monde, faire mon deuil », poursuit-il, prostré dans un coin.
Sur les hauteurs de ce village de quelque 3.000 habitants, Bouchra sèche ses larmes avec son foulard en regardant des hommes creuser des tombes pour enterrer les défunts. « Les petits enfants de ma cousine sont morts », dit-elle, avant d’ajouter d’une voix nouée: « j’ai vu en direct les ravages du séisme, je tremble encore. C’est comme une boule de feu qui a tout englouti sur son chemin ». « Tout le monde ici a perdu de la famille que ce soit dans notre village ou ailleurs dans la région », poursuit-elle.
Des villages pulvérisés
Le village de Tafeghaghte, à 60 km au sud-ouest de Marrakech, a été presque entièrement détruit par le tremblement de terre dont l’épicentre ne se trouve qu’à une cinquantaine de kilomètres, selon une équipe de l’AFP. Rares sont les bâtisses qui tiennent encore debout.
Samedi, de nombreux habitants se sont rendus au cimetière pour enterrer quelque 70 dépouilles. Les rites funéraires ont été ponctués par des cris et pleurs. En soirée, des chaînes de télévision ont diffusé des images aériennes montrant des villages entiers aux maisons d’argile de la région d’Al-Haouz entièrement pulvérisés.
A Marrakech, les ruelles de la Mellah, le quartier juif historique, sont jonchées de débris. Des dizaines de personnes ont passé leur deuxième nuit dehors, de crainte que leurs logements endommagés ne s’écroulent sur eux. La secousse a également été ressentie à Rabat, Casablanca, Agadir et Essaouira, dont de nombreux habitants paniqués sont sortis dans les rues en pleine nuit, craignant l’effondrement de leurs logements.
Deuil national et condoléances internationales
Le cabinet royal a décrété un deuil national de trois jours, et les dirigeants du monde entier ont exprimé leur effroi et leurs condoléances.
Les dirigeants des 27 pays membres de l’Union européenne ont cosigné samedi soir une lettre au roi du Maroc Mohammed VI dans laquelle ils se disent « pleinement solidaires » du peuple marocain après le séisme meurtrier qui endeuille le royaume.
« En tant qu’amis proches et partenaires du Maroc, nous sommes prêts à vous aider de toutes les manières que vous jugerez utiles », écrivent-ils dans ce courrier auquel s’associent les chefs des institutions de l’UE Charles Michel (Conseil européen) et Ursula von der Leyen (Commission).
« Nous sommes profondément attristés par les conséquences dévastatrices de cet événement tragique », ajoutent-ils, dans ce texte rendu public par Charles Michel.
Dans cette lettre, l’UE et ses Etat membres se déclarent « pleinement solidaires du peuple marocain en ce moment difficile ». « Nos pensées vont à tous les Marocains qui ont perdu des membres de leur famille et des amis qui leur étaient chers ».
Plus tôt dans la journée, plusieurs chefs d’Etat ou de gouvernement de pays membres avaient déjà individuellement présenté leur condoléances et proposé l’aide de leur pays après cette tragédie.
Les réactions attristées et l’élan de solidarité sont venus de dirigeants du monde entier, exprimés notamment depuis New Delhi où se tient un sommet du G20.
Plusieurs pays, dont la Belgique, Israël, la France, l’Espagne, l’Italie et les Etats-Unis ont proposé leur aide. Même l’Algérie voisine, aux relations houleuses avec le Maroc, a ouvert son espace aérien, fermé depuis deux ans, aux vols transportant de l’aide humanitaire et des blessés.
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Selon la Croix-Rouge internationale, les besoins d’aide du Maroc sont immenses. « Ce ne sera pas l’affaire d’une semaine ou deux (…) Nous tablons sur des mois, voire des années de réponse », a averti dans un communiqué Hossam Elsharkawi, directeur pour le Proche-Orient et Afrique du Nord de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
Ce séisme est le plus meurtrier au Maroc depuis celui qui avait détruit Agadir, sur la côte ouest du pays, le 29 février 1960. Près de 15.000 personnes, soit un tiers de la population de la ville, avaient péri.