Raymond Ndong Sima en 2012
Raymond Ndong Sima en 2012 © Getty

Gabon: Raymond Ndong Sima, opposant à Ali Bongo, nommé Premier ministre de transition

Le Président de la transition au Gabon, le général Brice Oligui Nguema, a nommé Premier ministre de transition Raymond Ndong Sima, un économiste et virulent opposant au président Ali Bongo renversé par les militaires il y a une semaine, selon un décret lu à la télévision d’Etat.

M. Ndong Sima, 68 ans, avait été Premier ministre de M. Bongo de 2012 à 2014 mais s’était éloigné du pouvoir qu’il accusait régulièrement de mauvaise gouvernance jusqu’à se présenter contre le chef de l’Etat aux présidentielles de 2016 et 2023.

Le général Oligui, qui a mené le coup d’Etat du 30 août contre un Ali Bongo à peine proclamé réélu dans une élection frauduleuse selon les militaires, a prêté serment lundi en tant que Président d’une période de transition dont il n’a pas fixé la durée, et au terme de laquelle il a promis des « élections libres ». 

Quelques minutes après l’annonce de sa nomination, M. Ndong Sima a dit à l’AFP espérer soumettre au général Oligui « d’ici trois à quatre jours une proposition » de gouvernement de transition.

« Toutes les familles politiques »

« On m’a remis une feuille de route, et je vais essayer de travailler dans le sens de ce que les militaires ont décidé » pour « qu’on remette en ordre l’ensemble des institutions et notamment tout ce qui concerne le cadre des élections », a-t-il expliqué par téléphone.

« Je veux consulter largement » et « sans précipitation » pour « faire en sorte que les gens appartenant à toutes les familles politiques se retrouvent » dans le gouvernement, a-t-il conclu.

Il est natif de la province du Woleu-Ntem, berceau de l’ethnie fang majoritaire au Gabon, et l’un des fiefs historiques de l’opposition à la famille Bongo, qui dirigeait le pays depuis plus de 55 ans. M. Ndong Sima est notamment diplômé d’économétrie à l’Université Paris-Dauphine de Paris.

Mercredi, il avait annoncé se retirer de la principale plateforme de l’ancienne opposition, Alternance 2023, dont il était l’un des ténors avec cinq autres candidats déclarés à la présidentielle, pointant « une situation confuse depuis plusieurs jours ». 

Cinq des six leaders d’Alternance 2023, dont lui-même, avaient ostensiblement rallié le nouveau pouvoir militaire quand la position du dernier, le candidat commun d’Alternance 2023 à la présidentielle, Albert Ondo Ossa, n’était pas clairement exprimée.

Il y a trois jours, M. Ndong Sima avait déjà affirmé à l’AFP la nécessité « de discuter avec les militaires », recommandant toutefois que la transition n’excède pas « 24 mois ». Il se disait alors « intéressé par la prochaine présidentielle », à laquelle « les militaires ne doivent pas participer ».

Mardi, le général Oligui a annoncé que M. Bongo, jusqu’alors en résidence surveillée à Libreville, « était libre de ses mouvements » et, « compte-tenu de son état de santé », de « se rendre à l’étranger » pour des contrôles médicaux. Le chef de l’Etat déchu a subi un grave AVC en 2018 dont il garde des séquelles physiques.

Le coup d’Etat a été mené sans effusion de sang, par des militaires putschistes unis derrière le général Oligui et les chefs de tous les corps de l’armée et de la police. Ils avaient rapidement suscité le ralliement de la quasi-totalité des partis de l’ancienne opposition, et d’une partie de l’ex-majorité, ainsi qu’un élan massif d’une population les remerciant de l’avoir « libérée » de 55 ans de « dynastie Bongo » au pouvoir. 

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