Affrontements entre Israël et le Hamas: crainte de « guerre à grande échelle »
Plus de 1.000 roquettes tirées vers Israël, des frappes continues sur la bande de Gaza, et au moins 40 morts: l’affrontement armé entre le Hamas et l’Etat hébreu ne donne mercredi aucun signe d’apaisement et fait craindre une « guerre à grande échelle ».
Au cours de la nuit, le Hamas a multiplié les tirs de roquettes vers des villes israéliennes, y tuant cinq personnes et en blessant une centaine d’autres, tandis que l’armée israélienne a frappé les maisons de ténors du mouvement islamistes dans la bande de Gaza, où le bilan avoisine 35 morts, parmi lesquels 12 enfants.
Maisons ravagées, voitures foudroyées, installation pétrolière touchée: Israël s’est réveillé aussi mercredi avec des dommages inégalés depuis la guerre de Gaza de 2014 sur laquelle la Cour pénale internationale projette d’enquêter.
Les frappes aériennes israéliennes, les plus nourries aussi 2014, se veulent, selon l’armée, une riposte aux « plus de 1.000 roquettes » lancées par des différents groupes armés de la bande de Gaza vers l’Etat hébreu depuis lundi soir.
Le Hamas avait lancé lundi soir une salve de roquettes en direction d’Israël en guise de « solidarité » avec les plus de 700 Palestiniens blessés dans des heurts avec la police israélienne sur l’Esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam située dans la partie orientale de Jérusalem, annexée par l’Etat hébreu en 1967.
Face à cette flambée de violence, la communauté internationale a appelé au calme, mais les deux camps n’ont donné aucun signe d’apaisement jusqu’ici.
« Raclée »
Israël et le Hamas se dirigent vers une « guerre à grande échelle », a prévenu mardi soir l’émissaire de l’ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, alors que l’escalade des violences ne laisse présager aucun signe d’apaisement.
« Une guerre à Gaza serait dévastatrice et ce sont les gens ordinaires qui en paieraient le prix », dans ce micro-territoire palestinien de deux millions d’habitants déjà miné par la pauvreté et un taux de chômage avoisinant 50%.
Mardi soir, l’aviation israélienne a pulvérisé un édifice de 12 étages, où des ténors du Hamas avaient leur bureau, et dans la nuit un autre édifice de neuf étages, comportant les locaux d’une télévision locale, des logements et des commerces.
L’armée dit avoir ciblé le « chef du renseignement militaire » du Hamas, Hassan Kaogi, et le « directeur du contre-espionnage » du mouvement islamiste armé, Waël Issa.
Dans la foulée ce des frappes nocturnes, le Hamas a lancé un nouveau barrage de roquettes ciblant encore la métropole Tel-Aviv mais aussi
« Il y a encore beaucoup de cibles dans le viseur, ce n’est que le début », a affirmé mardi soir le ministre de la Défense, Benny Gantz, ancien chef de l’armée lors de la guerre de Gaza en 2014, tandis que le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a affirmé que le Hamas « allait se prendre une raclée à laquelle il ne s’attend pas ».
« Si (Israël) veut une escalade, la résistance est prête (…) » a rétorqué le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, appelant les forces de l’ordre israéliennes à se retirer de l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, troisième lieu saint de l’islam mais théâtre ces derniers jours de heurts entre policiers israéliens et manifestants palestiniens ayant fait plus de 700 blessés.
Trêve ?
Les violences se sont étendues dans la nuit de mardi à mercredi à plusieurs localités arabes israéliennes. La police a arrêté 21 suspects lors des violentes manifestations à Jisr A-Zarqa et Wadi Ara (nord).
A Lod, qui jouxte l’aéroport international Ben Gourion où les vols ont été temporairement suspendus, un état d’urgence a été décrété après des « émeutes » de la minorité arabe, d’après la police.
Biden ne veut pas se laisser entraîner dans le conflit israélo-palestinien
Joe Biden l’a clairement laissé entendre: le conflit israélo-palestinien, sans espoir de résolution rapide, ne fait pas partie de ses priorités. Mais comme pour nombre de ses prédécesseurs, une crise oblige déjà le président des Etats-Unis à s’impliquer, a minima, pour éviter l’explosion.
L’escalade de la violence place le démocrate face à une équation complexe — diplomatiquement, ses cartes étant limitées, mais aussi politiquement, l’aile gauche de son parti le poussant à prendre plus franchement ses distances avec Israël après le soutien acharné manifesté par Donald Trump.
« On peut facilement comprendre que l’administration Biden considère qu’il s’agit d’un effort peu utile, peu rentable et semé d’embûches politiques », explique à l’AFP Aaron David Miller, ex-négociateur américain pour le Proche-Orient.
« Il n’y a aucune perspective de succès dans ce dossier. Il n’y a aucun dirigeant, des deux côtés, prêt à prendre des décisions », ajoute cet expert du cercle de réflexion Carnegie Endowment for International Peace.
Selon lui, « dans le meilleur des cas, l’administration Biden peut juste espérer calmer la violence » dans la crise actuelle.
Face aux violences, le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra mercredi une nouvelle réunion à huis clos en urgence, la deuxième en trois jours, d’après des sources diplomatiques.
La première réunion lundi s’était soldée sans aucune déclaration commune en raison de réticences des Etats-Unis à adopter un texte « à ce stade ».
Des sources diplomatiques avaient affirmé lundi à l’AFP que l’ONU, avec l’aide du Qatar et de l’Egypte, avait amorcé une médiation auprès des parties « concernées », afin d’obtenir une désescalade.
Interrogé sur cette médiation, le porte-parole de l’armée israélienne, Jonathan Conricus a rétorqué mardi: « Je ne crois pas que mes commandants soient au courant ou particulièrement intéressés ».
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