Simone Veil en 2010. © Reuters

A quelles conditions peut-on entrer au Panthéon?

Caroline Lallemand Journaliste

Simone Veil s’est éteinte le 30 juin dernier à l’âge de 89 ans. De nombreuses voix s’élèvent pour inhumer au Panthéon l’ancienne ministre française célèbre, entre autres, pour avoir porté la loi légalisant l’avortement. Pour y faire son entrée, il prévaut toutefois un certain protocole.

Simone Veil fera-t-elle son entrée au Panthéon, ce monument national situé au coeur du Quartier latin à Paris et dont la vocation est d’honorer les grands personnages ayant marqué l’Histoire de France ? C’est en tout cas la volonté émise par de nombreux hommes et femmes politiques français, ainsi que par des personnalités du monde des arts et de la culture. Plusieurs pétitions appelant à la « panthéonisation » de l’ancienne ministre française ont également été lancées en ligne par de simples citoyens. L’une d’entre elles, adressée directement au président de la République, Emmanuel Macron, a été déjà signée par près de 200.000 personnes.

« Simone Veil est assurément l’une des femmes qui a le plus impacté l’Histoire de France de manière positive au XXème siècle, et ses actions bienfaitrices ont encore des échos aujourd’hui. Aussi, Simone Veil est assurément la femme la plus digne de figurer au Panthéon », soutient une autre pétition sur change.org, signée par presque 150.000 internautes au moment d’écrire ces lignes.

Pour que Simone Veil puisse reposer dans le tombeau des « Grands Hommes », un protocole doit être respecté. Comme l’explique Le Figaro, un consensus autour de la personnalité proposée doit être trouvé. Car entrer au Panthéon reste une haute marque de reconnaissance de la Patrie.

Simone Veil a de nombreuses qualités pour y prétendre : ancienne déportée, ancienne ministre, militante acharnée pour l’Europe et les droits des femmes, personnalité de pouvoir charismatique,…Elle pourrait donc parfaitement reposer aux côtés d’autres personnages qui ont marqué l’Histoire de l’Hexagone, et parmi eux, Alexandre Dumas (écrivain, 2002), Victor Hugo (écrivain, 1885), Jean Jaurès (homme politique, 1924), André Malraux (écrivain, 1996), Jean Moulin (haut fonctionnaire et résistant, 1964), Jean-Jacques Rousseau (écrivain et philosophe, 1794) Voltaire (écrivain et philosophe, 1791) ou encore, Émile Zola (écrivain, 1908).

Autre condition également incontournable à son intronisation : le président de la République doit donner son accord final. Cependant, l’assentiment de la famille et des proches est primordial. En 2009, Nicolas Sarkozy avait milité pour l’entrée au Panthéon d’Albert Camus mais le fils de l’auteur de L’Étranger, Jean Camus, s’était opposé à cette idée, craignant alors une « récupération » politique de son père par le président de la République.

Le Panthéon, à Paris.
Le Panthéon, à Paris. © REUTERS

4 femmes pour 72 hommes

Les proches de Simone Veil, de leur côté, avancent pour le moment qu’une entrée au Panthéon « n’est pas à l’ordre du jour ». « Je pense simplement, à titre personnel, que mes grands-parents n’auraient pas été très heureux d’être séparés après 65 ans de vie commune » » ont fait savoir sur Europe 1, deux des petites filles de Simone Veil, Deborah et Valentine. Il est ainsi prévu que l’ancienne ministre de la Santé, qui formait un couple soudé avec son mari Antoine Veil (décédé en avril 2013), soit inhumée à ses côtés au cimetière du Montparnasse, à Paris.

Autre possibilité : une entrée symbolique au monument national. Une cérémonie en faveur de Simone Veil, avec apposition d’une plaque dans les caveaux du Panthéon, pourrait ainsi être organisée, comme cela avait été fait en 2011 pour le poète Aimé Césaire. La famille de ce dernier avait en effet refusé que son corps quitte la Martinique, et préféré ce mode d’entrée symbolique du dramaturge parmi les grandes personnalites de France.

A l’heure actuelle, seules quatre femmes sur 72 hommes sont actuellement inhumées sous la devise « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante », dont deux sont entrées en 2015: la résistante, femme de lettres et ethnologue Germaine Tillion ainsi que Geneviève de Gaulle-Anthonioz, résistante française, ex-déportée militante des droits de l’homme et de la lutte contre la pauvreté. Elles ont rejoint Sophie Berthelot, la toute première femme à avoir été « panthéonisée » en sa qualité d’épouse du célèbre chimiste en 1907 et la physicienne et chimiste Marie Curie (1995). En 2015, quand François Hollande recherchait plusieurs femmes à introniser, le nom de Simone Veil avait déjà surgi, sans que la famille ne s’y oppose officiellement.

En attendant une réponse du président de la République à cette demande d’intronisation, une « cérémonie d’obsèques officielles » de la Grande Dame de la politique française aura lieu ce mercredi 5 juillet, aux Invalides. Emmanuel Macron y prononcera un discours, tandis que tous les corps constitués seront présents, les drapeaux européens mis en berne et les drapeaux français parés d’un crêpe noir.

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