A Los Angeles, des jeunes partent à la « chasse aux vaccins » devant les hôpitaux
Chaises pliantes, sacs de couchage, capuches… depuis quelques jours à Los Angeles, de longues files d’attente se forment aux abords de certains centres de vaccination: tous ou presque sont de jeunes gens qui espèrent se faire vacciner contre le coronavirus avec des restes de flacons entamés qui autrement finiraient à la poubelle.
A ce stade, le comté de Los Angeles ne propose des vaccinations qu’aux employés du secteur médical, considérés « à risque » car en première ligne, et aux personnes âgées d’au moins 65 ans. Les rendez-vous se remplissent à toute allure mais un petit nombre de patients ne se présentent pas, et c’est précisément là-dessus que comptent ces jeunes, qui pour certains font la queue depuis près de dix-huit heures, devant le Kedren Community Health Center, dans les quartiers populaires du sud de Los Angeles.
« Si ce vaccin va aller à la poubelle, il ne sert à personne? Donc puisqu’on est jeunes et en suffisamment bonne santé pour passer la nuit dehors et l’avoir, autant le faire », explique à l’AFP l’une d’entre elles, Elaine Loh. « Je pense que tout le monde serait d’accord. Si c’est pour jeter le vaccin, à quoi bon? Et de toute façon, tout est fermé en ce moment, donc sinon je serais en train de dormir », renchérit un autre jeune, Adam, qui réside lui aussi à Los Angeles.
Le succès n’est pas garanti et officiellement, les autorités sanitaires du comté de Los Angeles ne sanctionnent pas l’administration de vaccin anti-Covid aux personnes qui ne remplissent pas les critères.
« Officiellement, il n’y a pas de file d’attente dehors, pas de liste d’attente », relève le Dr Jerry Abraham, qui supervise les opérations de vaccination au Kedren Community Health Center, une ONG à but non lucratif. Mais une fois un flacon du vaccin Moderna ouvert, « nous devons l’utiliser dans les six heures ». « Il y a des moments où l’afflux de patients baisse et nous avons des doses de vaccin qui expirent. Or je refuse que la moindre goutte se perde », explique le médecin.
« Dans ces cas-là, on doit vite chercher des gens à qui administrer ces doses. C’est le même cas de figure à la fin de la journée, vers 16H00 ou 17H00, en fonction du nombre de personnes qui ne se sont pas présentées et du nombre de seringues de vaccin qui nous restent », poursuit le Dr Abraham. « C’est comme gagner à la loterie », dit-il.
Selon les jours, il estime que 1 à 3% des rendez-vous quotidiens (800 à 1.000 au total) ne sont pas honorés, sans que ce chiffre corresponde nécessairement aux doses de vaccins potentiellement gâchées qui iraient aux jeunes de la file d’attente spontanée.
« Cela fait tellement mal au coeur de les voir s’aligner autour du pâté de maisons dès 2H00 du matin. Et je ne peux rien leur promettre », soupire le Dr Abraham.
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