À la traque des préjugés, au Kenya (en images)
Au Kenya, des femmes massaïs sont devenues rangers et veillent sur la vie sauvage. Réunies dans la « brigade des Lionnes », ces pionnières combattent tout à la fois le braconnage et les stéréotypes de genre, pour mieux s’émanciper.
Elles sont les premières femmes kényanes à intégrer l’univers très masculin des rangers. Treillis kaki et gps en poche, les Lionnes veillent sur 150 000 hectares de savane. Pas d’armes, juste leur connaissance du bush pour lutter contre le braconnage dans le Parc national d’Amboseli, au pied du Kilimandjaro. Recrutées pour leurs capacités de commandement et leur intégrité, ces huit jeunes femmes âgées de 20 à 26 ans protègent les terres communautaires des Massaïs et surveillent les corridors migratoires empruntés par les éléphants, zèbres et girafes. Leur présence est dissuasive. En deux ans, les exactions des braconniers ont chuté de moitié.
Sur le front des mentalités, ces pionnières ont fait sauter un verrou. « Engager des femmes permet de donner un autre modèle aux jeunes et de sortir des rôles genrés traditionnels », insiste Jacqueline Nyagah, représentante de l’ONG canadienne Ifaw qui finance cette initiative. La création de cette brigade exclusivement féminine, en 2019, a fait grincer quelques dents. Chez les Massaïs, les femmes sont cantonnées à l’éducation des enfants et la garde du bétail. « Nous, les filles, nous sommes vues comme le maillon faible. En devenant rangers, nous sommes enfin reconnues », apprécie Beatrice, 26 ans. En cas de conflit avec une communauté, c’est cependant un ranger homme qui est appelé à la rescousse pour négocier avec le chef du village. Le sexisme a la vie dure.
Leur salaire – même modeste – leur confère aussi un pouvoir nouveau: il finance l’éducation des enfants et les soins médicaux. Cette émancipation implique d’importants sacrifices personnels: trois semaines sur quatre, les Lionnes vivent en caserne loin de chez elles. Le prix à payer pour bousculer les normes sociales.
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