50 ans après, l’autre face du Che
Ernesto Che Guevara, icône, avec Fidel Castro, de la révolution cubaine de janvier 1959, est mort il y a cinquante ans dans une vaine tentative d’exportation de ce modèle en Bolivie. Directrice de recherches au CNRS en France et écrivaine, la franco-argentine Marcela Iacub tente dans Le Che, à mort (Robert Lafont, 160 p.) de répondre à cette énigme : pourquoi le médecin argentin devenu révolutionnaire reste-t-il emblématique d’une légitime révolte contre la dictature alors que son image a été sérieusement écornée ces dernières années par l’exhumation de facettes moins glorieuses de sa personnalité ? Sa cruauté, son narcissisme, ses relations compliquées avec les femmes sont décryptés pour conclure que » la légende du Che s’appuie sur cette contradiction apparemment insurmontable : un assassin peut nous éblouir de sa splendeur morale « . Pour l’expliquer à travers une démonstration qui tient parfois de la psychanalyse à la petite semaine, l’auteure avance l’hypothèse que » le principal problème (du Che) était celui de mourir, son idéal de bien mourir, de mourir en héros. Pour cela, il fallait tuer et cet acte était moins violent à ses yeux parce que lui aussi attendait anxieux et effrayé sa propre mort. » La mort, jeune (à 34 ans), fut aussi le destin de Jorge Ricardo Masetti, émule du Che disparu dans la forêt du nord de l’Argentine en 1964 après l’échec d’une rébellion. Son principal fait de gloire – l’interview de Castro et de Guevara dans la Sierra Maestra cubaine en 1958 en pleine révolution – est décrit un peu trop cliniquement dans Avec Fidel et le Che, ceux qui luttent et ceux qui pleurent, récit autobiographique préfacé par Armelle Vincent (Les Belles Lettres, 178 p.).
Gérald Papy
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