30 septembre 1938 : l’illusion des accords de Munich
« Ah les cons, s’ils savaient ce qu’ils applaudissent… » A sa plus grande surprise, c’est en héros qu’Edouard Daladier est accueilli en France. Le président du conseil des ministres rentre de Bavière, où il vient de signer un accord important avec Hitler et les autres hommes forts du continent. En apparence, c’est une victoire pour la paix. Mais au fond de lui, l’homme n’est pas dupe. Il sait bien qu’en réalité, il n’a fait que gagner quelques semaines.
Hitler va de conquête en conquête. En 1933, l’homme devient chancelier d’Allemagne. Dans les années qui suivent, il remilitarise la Rhénanie, avant d’annexer l’Autriche. Ces actes sont commis en totale contradiction avec les traités internationaux. Mais le Führer n’en a cure ; c’est lui qui montre la voie. Et la route n’est pas finie. Désireux de construire une Allemagne toujours plus grande, Hitler s’intéresse à présent à la Tchécoslovaquie, l’un des Etats les plus riches d’Europe centrale. S’y trouvent notamment 3 millions de Sudètes, une minorité d’origine allemande en manque d’autonomie. Pour Hitler, l’occasion est trop belle. L’homme souhaite s’y présenter en sauveur, en libérateur. Le 12 septembre 1939, à Nuremberg, tenant de très violents propos, il réclame le rattachement des Sudètes à l’Allemagne. En coulisse, une date est même déjà prévue : l’opération aura lieu le 25 septembre.
Pour l’Occident, le discours de Nuremberg sonne l’alerte. Tandis que les autorités tchécoslovaques refusent toute cession de territoire et entament une mobilisation générale, Français, Italiens et Allemands font appel à leurs troupes de réserve. En Belgique, dans un climat d’incroyable pagaille et de formidable unité, l’armée est mise sur pied de paix renforcé. Partout, on s’attend à la guerre.
C’est compter sans Arthur Chamberlain. Le Premier ministre britannique veut aider Allemands et Tchécoslovaques à trouver un compromis. A plusieurs reprises, il rencontre Hitler. Sans toutefois parvenir à forger un accord. Chamberlain réclame alors la tenue d’une conférence internationale. Le chancelier allemand se laisse convaincre. Le 29 septembre, Hitler et Mussolini retrouvent Chamberlain et Daladier à Munich. Les discussions sont brèves, les concessions sont larges : en gros, Hitler parvient à obtenir l’ensemble des territoires revendiqués. A une seule condition : il devra en rester là. Relevons que ces décisions sont prises en l’absence des Tchécoslovaques. Tout en protestant, les principaux concernés ne peuvent qu’accepter l’accord de Munich. Le 1er octobre, ils se font envahir par la Wehrmacht.
Le dépeçage de la Tchécoslovaquie pourra-t-il sauver la paix ? Telle est l’impression qui domine largement. Tout comme Daladier, Chamberlain est acclamé à Londres, où il reçoit les faveurs de Buckingham Palace. Un puissant parfum de soulagement s’est emparé du continent. Au loin pourtant, de lucides » anti-Munichois » se font déjà entendre. Quelques mois plus tard, plus personne n’osera leur donner tort.
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