Thierry Fiorilli

2018, l’année de la poudre ?

Thierry Fiorilli Journaliste

Ce sera une année de clans et de testostérone. Avec roulements de mécaniques, invectives, défilés d’athlètes et de blindés, bluff, fanfaronnades, olas, drapeaux hissés haut, serments d’ivrognes et avancées, encore, d’absolutismes à formes et contours variables.

Une année qui sentira vite la sueur, la rage, la gloire, la peur, la noce et l’esbroufe. Une année de clameurs et de jubilations. D’anathèmes et de mises en garde. Une année de poudre. Celle qui maquille comme celle qui emplit les douilles. Celle qui envoûte comme celle qui nettoie. Celle qu’on finit par mordre comme celle qu’on attribue au père Limpinpin notamment.

Parce qu’il y aura des duels et des abordages, cette année. Un peu tout le temps, un peu partout. Des célébrations contre des contestations, ceux qui pavoisent et ceux qu’on relègue, ceux qui s’exhibent face à ceux qui rasent les murs. Ceux qui décampent, ceux qui s’accrochent de toutes leurs forces, ceux qui rempilent les doigts dans le nez et ceux qui débarquent de nulle part.

Entre autres événements attendus :

– élections présidentielle russe, législatives en Italie, présidentielle et législatives en République démocratique du Congo, communales en Belgique…

– premier anniversaire de l’ère Trump, 70e de la création d’Israël, 70e de la Déclaration des droits de l’homme, 25e de la mort de Baudouin, 50e de l’assassinat de Martin Luther King, 100e de l’armistice de la Grande Guerre, 50e de Mai 68…

– réouverture du Musée royal de l’Afrique à Tervuren, premiers Oscars et César de l’après-Weinstein, mariage princier en Angleterre, Jeux olympiques d’hiver en Corée du Sud, Coupe du monde de foot en Russie, fin des frères Castro à Cuba…

u0022Qu’elle s’oppose au pouvoir exercé avec pour uniques carburants la bile et la rétorsion, le ressentiment et le détergentu0022

Autant d’occasions d’évaluer l’état de santé de la planète et de ses différentes sociétés, au-delà d’études ou rapports scientifiques. Puisqu’elles marqueront la permanence de certains pouvoirs ou la dilution d’autres. Qu’elles sonneront de sombres avènements ou d’inspirants nouveaux élans. Confirmeront progrès, surplace ou régressions. Prouveront la faculté de regarder l’histoire bien en face, sans rien en occulter. Démontreront la capacité de rebond de ceux qu’on croyait finis, dévoileront la nature des verdicts citoyens, consacreront l’importance des grands-messes sportives…

Une année de combats et de festins, de mitraille et d’accolades, de miradors et de maquis, d’interdits et de possibles, d’impasses et de bifurcations, donc.

Mais une année d’horizons inespérés, aussi. De femmes et d’hommes qui se lèvent, refusent de marcher au pas et sont suivis par des nuées d’autres sans pour autant que résonnent les bottes sur le pavé. Une année de découvertes prodigieuses. Une année qui pousse à s’émerveiller au moins autant qu’à s’indigner. Qui réhabilite l’élévation parmi les objectifs de vie prioritaires et inaliénables. Qui développe et n’étrique pas. Qui s’oppose au pouvoir, quel qu’il soit, exercé avec pour seuls carburants et uniques ambitions la bile et la rétorsion, le ressentiment et le détergent.

Une année, au fond, qui rapproche de la lumière. Des lumières. C’est tout ce que nous avons à nous souhaiter. En y contribuant, résolument.

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