« Voici des sites majeurs d’émissions de gaz à effet de serre »: Al Gore épingle les Émirats pour leur bilan carbone
« Voici des sites majeurs d’émissions »: invité à faire une présentation en salle plénière de la COP28 à Dubaï, l’ex-vice-président américain Al Gore a pointé dimanche le bilan climatique des Émirats arabes unis, pays hôte, allant jusqu’à dénoncer l’empreinte carbone d’Adnoc, la compagnie pétrolière nationale dirigée par le président de la conférence, Sultan Al Jaber.
Voici des sites majeurs d’émissions de gaz à effet de serre. Tout cela ce sont des sites significatifs d’émission aux Émirats arabes unis », a-t-il lancé dans la salle même où les délégués se réunissent pendant deux semaines de négociations sur le climat. Derrière lui apparaît alors une carte des Émirats arabes unis, avec ses principaux sites émetteurs: champs pétroliers, usines de désalinisation…
Al Gore, grand militant climatique, avait été invité à présenter les dernières données du site Climate TRACE, le premier à estimer, à partir d’un réseau de 300 satellites aidés par l’intelligence artificielle, les véritables émissions de plus de 352 millions de sites à travers le monde, dans dix secteurs: industrie lourde, énergie, agriculture, transports, déchets…
Une progression des gaz à effet de serre de 7,54% par rapport à 2021
Alors que les données de gaz à effet de serre habituellement citées pour les pays sont d’ordre statistiques, Climate TRACE « voit » littéralement le CO2 ou le méthane s’échapper, ce dernier souvent par des fuites de gazoducs ou de puits.
Ces nouvelles données, publiées dimanche pour l’année 2022, montrent d’ailleurs que les émissions de gaz à effet de serre des Émirats arabes unis ont progressé de 7,54% par rapport à 2021. « L’Abu Dhabi National Oil Company (Adnoc) prétend toujours n’avoir aucune émission de méthane ou autre émanant de son transport de pétrole et de gaz », a poursuivi l’ancien vice-président de Bill Clinton. « Mais en fait il y en a! On peut les voir depuis l’espace », avance-t-il devant l’image d’une tache bleue au-dessus d’un champ d’hydrocarbures, projetée sur l’écran géant de la salle.
« Mais en fait il y en a! On peut les voir depuis l’espace »
Adnoc, dirigée comme la COP par Sultan Al Jaber, a annoncé l’an dernier un objectif de réduction d’ici 2025 de ses émissions de méthane. Al Gore a toutefois aussi félicité la présidence de la COP28 pour l’engagement samedi pris par 50 grandes compagnies pétrogazières, de réduire leurs fuites de méthane.
Sans surprise, les nouvelles données de Climate TRACE montrent une augmentation des émissions mondiales, à 58,5 milliards de tonnes d’équivalent CO2 l’an dernier, en hausse de 1,5% par rapport à 2021. Depuis 2015, année de l’accord de Paris sur le climat, la hausse atteint 8,6%, avec seulement cinq pays responsables des trois quarts de l’augmentation: la Chine, les États-Unis, l’Inde, l’Indonésie et la Russie. Au début de sa présentation, Al Gore a été très applaudi en appelant à « sortir des énergies fossiles ».