Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva
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Sommet sur l’Amazonie: une « alliance » contre la déforestation

Les pays sud-américains d’Amazonie ont décidé de former une « alliance » contre la déforestation, mais sans fixer d’objectif concret, lors d’un sommet à Belem pourtant présenté comme un « tournant » par le président brésilien Lula.

La création d’une entité intitulée « Alliance amazonienne de combat contre la déforestation » est stipulée dans une déclaration commune signée par le Brésil, la Bolivie, la Colombie, l’Equateur, le Guyana, le Pérou, le Suriname et le Venezuela. L’alliance « a pour but de promouvoir la coopération régionale dans le combat contre la déforestation, pour éviter que l’Amazonie n’atteigne le point de non-retour ». Si ce point de non-retour était atteint, l’Amazonie émettrait plus de carbone qu’elle n’en absorberait, ce qui aggraverait le réchauffement de la planète.

Mais contrairement aux attentes des organisations de défense de l’environnement, cette déclaration commune publiée à l’issue du premier des deux jours du sommet ne présente aucun objectif commun pour éradiquer totalement la déforestation, comme le Brésil a promis de le faire d’ici 2030.

Ce document-fleuve en 113 points pose de façon détaillée les jalons d’une coopération entre les huit pays membres de l’Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA), pour promouvoir le développement durable dans cette vaste région qui abrite environ 10% de la biodiversité mondiale.

« Urgent »

Dans son discours d’ouverture, aux côtés d’autres chefs d’Etat sud-américains, Luiz Inacio Lula da Silva avait souligné que la lutte contre la déforestation était fondamentale pour faire face à « l’aggravation sévère des changements climatiques« .

Le sommet s’est ouvert le jour où le service européen Copernicus confirmait que le mois de juillet a été le plus chaud jamais enregistré sur terre.

« Il n’a jamais été aussi urgent de reprendre et d’étendre notre coopération (…) Nous devons promouvoir une nouvelle vision de développement durable et inclusif dans la région, en alliant préservation environnementale et création d’emplois », a-t-il déclaré, après avoir décrit le sommet comme un « tournant » plus tôt dans la journée.

La rencontre, qui se poursuit mercredi, rassemble des représentants des huit pays membres de l’Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA), créée en 1995 dans le but de préserver cette vaste région qui abrite environ 10% de la biodiversité mondiale.

Le président Lula, dont le pays abrite 60% de la forêt amazonienne, est entouré à Belem de ses homologues de la Bolivie, de la Colombie et du Pérou, tandis que l’Equateur, le Guyana et le Suriname sont représentés par des ministres.

Expliquant sur X (ex-Twitter) souffrir d’une otite, le président vénézuélien Nicolas Maduro a été remplacé au pied levé par sa vice-présidente Delcy Rodríguez.

Le sommet à Belém fait office de répétition générale pour cette cité portuaire de 1,3 million d’habitants du nord du Brésil qui accueillera en 2025 la conférence de l’ONU sur le Climat COP30. 

« Mesures audacieuses et énergiques »

D’autres pays non membres de l’OCTA ont été invités au sommet, notamment la France, qui possède un territoire amazonien avec la Guyane et sera représentée par son ambassadrice à Brasília, Brigitte Collet.

« Il est urgent de mettre un terme à la déforestation », a déclaré mardi sur X le président français Emmanuel Macron, appelant « à protéger les réserves vitales, de carbone et de biodiversité, dans l’intérêt des pays forestiers, de leurs populations et du monde entier ».

« Nous ne pouvons pas permettre que l’Amazonie atteigne le point de non-retour », a déclaré lundi à Belém Marina Silva, ministre brésilienne de l’Environnement.

Si ce point de non-retour était atteint, l’Amazonie émettrait plus de carbone qu’elle n’en absorberait, ce qui aggraverait le réchauffement de la planète.

La secrétaire-générale de l’OTCA, Alexandra Moreira, a annoncé mardi que le sommet accoucherait d’une déclaration commune avec « des mesures audacieuses et énergiques » pour protéger la forêt tropicale.

« Ce ne sera pas juste un message politique: c’est un plan d’action détaillé pour le développement durable en Amazonie », où vivent près de 50 millions de personnes, déclaré Lula.

De retour au pouvoir en janvier, Lula s’est engagé à mettre un terme d’ici 2030 à la déforestation, qui a fortement augmenté sous le mandat de son prédécesseur d’extrême droite Jair Bolsonaro. 

Les terres déboisées sont souvent transformées en pâturage pour le bétail, mais la destruction est également causée par des orpailleurs et des trafiquants de bois.

« Protéger l’éponge »

Mais le président colombien Gustavo Petro a affirmé que la « déforestation zéro » serait « insuffisante ».

« La science nous a montré que même si on recouvre le monde entier d’arbres, ça ne suffira pas à absorber les émissions de CO2 (…). Il faut abandonner les énergies fossiles« , a-t-il insisté.

Selon lui, cette responsabilité est avant tout « des pays du nord », tandis que « nous (les pays amazoniens) devons protéger l’éponge », comme il décrit la forêt tropicale.

Mais cette transition énergétique est un sujet plus sensible pour d’importants producteurs d’hydrocarbures de la région amazonienne, comme le Venezuela ou le Brésil. 

Cette question a également été abordée le weekend dernier, lors d’une rencontre de représentants de la société civile à Belem intitulée « Dialogues Amazoniens », avec des manifestations réclamant une « Amazonie libre de pétrole ».

Ces mots d’ordre sont réapparus mardi, lors d’un cortège qui a rassemblé environ 1.500 personnes dans les rues de Belem, dont des militants indigènes, qui brandissaient des banderoles avec des messages comme « Nous sommes ici depuis toujours ».

« Si l’on ne met pas fin à la déforestation, nous devront faire face à des problèmes bien plus graves », a confié lundi à l’AFP le chef indigène emblématique Raoni Metuktire.

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