Pourquoi des éoliennes sont parfois à l’arrêt, malgré le vent
Plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi des éoliennes sont parfois à l’arrêt. Mais la cause première est généralement un défaut majeur du réseau électrique belge.
C’est une scène récurrente: sans raison apparente, des éoliennes sont à l’arrêt alors que leurs voisines tournent parfaitement. Les réseaux sociaux regorgent de commentaires sur ce phénomène. Les opérations de maintenance n’expliquent pas toujours cette paralysie. Il s’agit même d’une cause minoritaire, explique Pierre Dewallef, professeur en conversion énergétique pour un développement durable à l’ULiège. D’autres facteurs jouent un rôle beaucoup plus prépondérant.
Les éoliennes victimes d’un réseau électrique inefficace
La principale cause de cette immobilité: un réseau électrique trop faible pour absorber la production. Trop d’électricité est produite au même moment et les éoliennes sont mises en pause. «Les centrales nucléaires sont difficiles à arrêter, ce sont donc les éoliennes qui sont déconnectées», explique l’universitaire.
Que faire pour pallier ce problème? «Il faut augmenter les moyens de stockage, développe Pierre Dewallef. C’est vraiment la clé pour optimiser le nombre d’heures d’utilisation. Malheureusement, cette capacité est limitée en Belgique. On pourrait également imaginer des interconnexions entre pays pour mieux stocker l’énergie produite, mais elles sont réduites pour l’instant.» Ce qui ne signifie toutefois pas que les mâts ne sont pas suffisamment exploités, économiquement parlant. «On peut faire mieux, mais les éoliennes fonctionnent suffisamment pour qu’elles soient rentables», assure le spécialiste liégeois.
Des vents plus ou moins forts
Les arrêts d’éoliennes peuvent également avoir d’autres causes, plus occasionnelles, comme les pannes et le respect de règles de protection des oiseaux ou de chauves-souris. Et bien entendu la vitesse du vent. «Sa vitesse doit être d’au moins 10 km/h, rappelle l’universitaire. Mais ne peut pas excéder 80km/h. Sinon, il faut couper l’éolienne pour la préserver.» Plusieurs paramètres jouent un rôle sur cette puissance du vent, et donc sur la récurrence de ces arrêts. «En espace forestier par exemple, les arbres perturbent le régime des vents et une éolienne tournera plus difficilement. Ce ne sera pas pareil sur un terrain sableux, dans un champ de blé ou dans une prairie. C’est d’ailleurs pour cela que sur les hauteurs ardennaises, même si les vents sont plus forts, la forêt annule ce bénéfice. Des éoliennes très hautes devraient être créées pour que cela devienne intéressant, mais c’est moins rentable.»
Pour une efficacité maximale, il faut donc une adéquation entre les vents dominants, le relief et la nature. En Belgique, une zone est plus propice au fonctionnement des éoliennes: le sillon Sambre-et-Meuse. «On y trouve un couloir de vents qui longe l’E42. C’est un point positif, parce qu’il est plus facile de poser des câbles électriques et de connecter les éoliennes au réseau à proximité d’une autoroute. Pas étonnant donc qu’elles soient plus nombreuses dans cette zone-là.»
Des résultats honorables
Les facteurs pouvant provoquer un arrêt des éoliennes sont donc multiples, mais selon Engie, elles tournent en moyenne 80% du temps.
Pierre Dewallef estime ce pourcentage fiable, même si le taux de rendement optimal est plus faible, puisqu’il faut une vitesse moyenne du vent de 40-50 km/h. Cela tombe souvent à 30-35% du temps en off-shore, et à 20-25% sur terre. «Ce qui reste beaucoup mieux que le photovoltaïque, pour lequel la rentabilité maximale n’est atteinte que 10-15% du temps, souligne le professeur. Elles restent aujourd’hui un des meilleurs moyens de combattre le réchauffement climatique.»
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