Pour Tinne Van der Straeten, la COP28 doit acter la sortie des énergies fossiles: « On a une solution aujourd’hui »
Pour la ministre fédérale de l’Energie, Tinne Van der Straeten (Groen), une sortie des énergies fossiles sera un critère de réussite de la COP28.
Une éventuelle décision à la COP28 à Dubaï de sortir des énergies fossiles sera un critère de réussite de cette conférence climat de l’Onu, estime la ministre fédérale de l’Énergie, Tinne Van der Straeten, pour qui la COP28 est bien « la plus importante COP depuis Paris ». C’est dans la capitale française, en 2015 (COP21), qu’avait été adopté l’accord visant à limiter le réchauffement climatique bien en deçà de 2°C et de tout faire pour le limiter à 1,5°C.
D’âpres négociations ont lieu actuellement à Dubaï et portent notamment sur l’abandon, à terme, des énergies fossiles. Si les rapports des scientifiques du Giec sont limpides (limiter le réchauffement climatique à 1,5°C nécessite de quasiment diviser par deux les émissions mondiales pour 2030), les près de 200 pays représentés à la COP28 palabrent quant à savoir s’il faut « sortir » des énergies fossiles ou les « réduire progressivement », le cas échéant de manière « juste et ordonnée ». Les pays discutent également de la portée à donner aux techniques de capture et de séquestration (dites « CCS ») du carbone, vues par certains observateurs comme une manière pour les pays pétroliers et gaziers de gagner du temps et de prolonger le recours aux combustibles fossiles. Un dernier « brouillon » de texte sur le bilan mondial (ou global stocktake, dans le jargon des négociations), exercice inédit d’état des lieux climatiques à réaliser à Dubaï, laisse toutes les portes ouvertes à ce stade et même celle de ne pas pointer du tout du doigt les énergies fossiles…
Pour la ministre belge, les choses sont claires: il faut sortir des énergies fossiles le plus rapidement possible, miser sur les renouvelables et l’efficacité énergétique et limiter le CCS aux seules industries particulièrement difficiles à décarboner. « Ce sont les énergies fossiles qui sont responsables des difficultés dans lesquelles nous sommes maintenant, du réchauffement climatique que l’on ressent aussi chez nous », rappelle Mme Van der Straeten. « On a aussi constaté avec la guerre en Ukraine notre vulnérabilité liée à notre dépendance aux énergies fossiles. On a une solution aujourd’hui, ce sont les énergies renouvelables. On doit y passer au plus vite », poursuit la ministre.
La Belgique soutient d’ailleurs pleinement l’objectif de tripler d’ici 2030 la production d’énergie renouvelable, auquel se sont engagés plus de 120 États à Dubaï. Pour elle, la voie de la décarbonation passera par un développement supplémentaire de l’éolien en mer du Nord, dont le gouvernement fédéral ambitionne, avec ses partenaires européens, de faire une centrale énergétique verte géante. On estime le potentiel de la mer du Nord à 300 GW d’ici la moitié du siècle. C’est dans ce contexte qu’il a été décidé de construire l’île énergétique Princesse Élisabeth, dont le chantier débutera au printemps 2024 en vue d’une inauguration en 2026. Elle servira de hub énergétique et veillera notamment à l’interconnexion avec des pays voisins comme le Danemark et le Royaume-Uni.
Le déploiement des énergies renouvelables à une échelle inédite en Europe nécessite en effet d’importants investissements dans les infrastructures de réseau. « Le déploiement de ces infrastructures sera d’ailleurs un point très important de la prochaine présidence belge de l’Union européenne. Être ici aujourd’hui à la COP, c’est en quelque sorte aussi une préparation de cette présidence« , explique Tinne Van der Straeten, en marchant dans les allées de la COP, filant d’une réunion à une autre.
Homologues européens et internationaux, responsables d’entreprises actives dans la transition énergétique… la ministre belge a en effet enchaîné les bilatérales à Dubaï. Il est question de réseauter, connecter, de faire le lien entre responsables politiques et industriels. Inlassablement. « C’est toujours très intensif, une COP« , souffle la ministre, « mais on est pas ici pour nous-mêmes. On est ici pour nos ménages, nos industries, nos entreprises qui ont tellement besoin d’avoir accès à une énergie à la fois durable et abordable ».