« L’échec n’est pas une option », lance le président de la COP28
Le président de la COP28, Sultan Al Jaber, a accentué la pression sur les pays réunis à la conférence climat à Dubaï pour qu’ils résolvent leurs différends sur les énergies fossiles d’ici mardi.
L’échec n’est pas une option. Nous recherchons l’intérêt général« , a prévenu Sultan Al Jaber, président de la COP28 dans une brève conférence de presse, à deux jours de la fin théorique de la COP28. Cependant, le défi reste de taille : les pays exportateurs de pétrole, au premier rang desquels l’Arabie saoudite, et d’autres dont le secteur énergétique repose largement sur les combustibles fossiles, comme l’Inde, restent à convaincre.
L’Emirati a dit sans ambiguïté qu’il n’accepterait pas de compromis qui soit incompatible avec « la science » climatique et le maintien en vie de l’objectif de réchauffement à 1,5°C, fixé par l’accord de Paris. « Nous devons trouver un consensus et un terrain d’entente sur les énergies fossiles, y compris le charbon« , a-t-il ajouté, se vantant d’être le premier président de COP à demander que les fossiles soient cités dans tout accord final. Le charbon a été mentionné en 2021 à Glasgow, pour la première fois.
Un ralentissement de la part de l’Arabie Saoudite
Des ONG aux négociateurs, les participants expriment ici le même sentiment qu’un accord n’a jamais été aussi proche pour signaler le début de la fin du pétrole, du gaz et du charbon, dont la combustion depuis le 19e siècle a permis l’essor économique mondial au prix du réchauffement de la planète.
Mais il reste à surmonter l’opposition du bloc mené par l’Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole. « Les Saoudiens n’accepteront aucun compromis. Etats-Unis, Chine, Europe et d’autres appliqueront une pression géopolitique immense sur eux pour leur dire qu’il ne faut pas qu’ils soient les seuls à faire échouer la COP », analyse Alden Meyer, du centre de réflexion E3G. « Ils ne voudront pas être les derniers ».
Un grand accord final dépend aussi des gages donnés aux pays émergents, comme l’Inde, qui produit encore les trois quarts de son électricité en brûlant du charbon… et aux pays en développement qui exigent des pays riches de l’aide pour installer l’énergie solaire ou les éoliennes dont ils auront besoin, ou pour s’adapter aux ravages du changement climatique (digues, bâtiments, santé, agriculture…). « Il est évident que les pays les moins développés ne pourront pas aller à la même vitesse que les grandes puissances économiques du G20″ pour sortir des fossiles, reconnaît l’émissaire allemande pour le climat, Jennifer Morgan.
De plus en plus isolée alors que la Chine est jugée constructive, l’Arabie saoudite est accusée de faire dérailler les discussions sur ces autres sujets, pour tout bloquer. « Les Saoudiens ralentissent les négociations sur ces sujets-cléfs pour les pays en développement, dans l’espoir que ceux-ci seront mécontents et les rejoindront pour s’opposer au texte final sur les énergies fossiles », décrypte un observateur impliqué dans les discussions.
Un nouveau projet d’accord doit être publié lundi matin.