Le trafic d’animaux sauvages perdure à travers le monde
Le tafic d’animaux sauvages comme les éléphants ou les rhinocéros ou de plantes n’a toujours pas été réduit de manière significative malgré les nombreuses actions entreprises au cours de ces 20 dernières années. La corruption est notamment pointée comme l’une des méthodes clés pour affaiblir les mesures de lutte contre le commerce des espèces sauvages
Le commerce illégal d’animaux et de plantes sauvages perdure dans 162 pays à travers le monde, malgré 20 ans d’actions pour lutter contre ce trafic. C’est ce que conclut l‘Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) dans son troisième rapport sur la criminalité liée à la faune et à la flore dans le monde (World Wildlife Crime Report), publié lundi.
Si de nombreuses actions ont été menées ces deux dernières décennies pour éradiquer le commerce illégal d’espèces iconiques, comme les éléphants ou les rhinocéros, le trafic d’animaux et de plantes n’a toujours pas été « réduit de manière significative », estime l’UNODC.
Le rapport du bureau onusien indique qu’entre 2015 et 2021, près de 4.000 espèces animales et florales ont été victimes de ces transactions illégales dans 162 pays. Parmi celles-ci, 3.250 de ces espèces sont listées dans la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites). Ce trafic est une menace directe pour la population des espèces, mais il peut également perturber des écosystèmes fragiles. Il met en péril la capacité de notre planète à lutter contre le changement climatique.
La corruption pointée du doigt
Cela a également des conséquences au niveau socio-économique, notamment pour les populations qui tirent des revenus, une culture, de la nourriture ou des emplois de la nature. L’UNODC souligne par ailleurs que les espèces les plus touchées – comme des orchidées rares, des reptiles, des mammifères ou des oiseaux – reçoivent peu d’attention du public malgré un commerce illégal qui perdure et qui joue un rôle dans leur extinction sur le plan local ou global.
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Les responsables de ces transactions illégales sont principalement des groupes criminels organisés puissants qui opèrent dans des écosystèmes plus fragiles, comme en Amazonie ou dans le Triangle d’Or (une région d’Asie du Sud-Est, entre le Laos, la Birmanie et la Thaïlande). Ces organisations jouent différents rôles dans ces malversations, allant de l’exportation à l’importation, en passant par le stockage, la conservation et l’élevage de spécimens vivants. « Les trafiquants exploitent les incohérences et les faiblesses des lois et de leur application, adaptant en permanence leurs méthodes pour échapper aux poursuites », rapporte l’UNODC. La corruption est notamment pointée comme l’une des méthodes clés pour affaiblir les mesures de lutte contre le commerce des espèces sauvages, mais le rapport note que les enquêtes autour de ces trafics sont rarement poursuivies pour des infractions de corruption. Il est donc recommandé de poursuivre davantage les trafiquants en vertu de ces lois spécifiques contre la corruption, et de sanctionner plus lourdement ces criminels. « Pour lutter contre ce crime, nous devons répondre à la capacité d’adaptation et l’agilité des trafiquants », estime encore la directrice exécutive de l’UNODC, Ghada Waly. « Cela exige des interventions fortes et ciblées tant du côté de la demande que de l’offre, des efforts pour réduire les profits et un plus grand investissement dans la collecte de données, l’analyse et le suivi ».
L’UNODC conclut sur une note d’optimisme. Les efforts menés contre le trafic d’éléphants et de rhinocéros ont montré des résultats positifs, avec une forte baisse du nombre de saisies et de faits de braconnage concernant ces deux espèces lors de la dernière décennie. L’agence signale toutefois que des investissements plus importants et une meilleure coopération, notamment en termes de partage de données, sont nécessaires pour mieux lutter contre le trafic d’espèces sauvages.