Le froid arrive, mais pas (encore) la neige: pourquoi les hivers blancs sont de plus en plus rares
Cet hiver, la neige peine à montrer le bout de son nez. À Uccle, commune où est installée l’Institut Royal Météorologique (IRM), seuls cinq jours de neige ont été enregistrés au cours de l’année 2023. Un constat de plus en plus fréquent, conséquence directe du réchauffement climatique.
On n’a plus eu d’hiver réellement froid et enneigé à Bruxelles depuis 2010. » Pascal Moral, météorologue à l’Institut Royal de Belgique (IRM) se souvient de cet hiver durant lequel les rues de la capitale étaient couvertes de neige durant tout le mois de décembre, il y a treize ans de ça. Un scénario amené à devenir de plus en plus rare : « Le réchauffement climatique va clairement diminuer les probabilités de mesurer des périodes d’enneigement importantes en Belgique ».
L’année 2023 aura été la troisième année la plus chaude enregistrée depuis le début des observations de l’IRM en 1833. Des conditions climatiques de moins en moins favorables aux luges et aux bonshommes de neige. Si les hivers doux ont toujours existé, « quelques jours de neige n’étaient pas rares, souligne le météorologue. Mais, aujourd’hui, cela devient compliqué à envisager dans la capitale ».
Le degré en plus qui change tout
La hausse des températures explique donc en grande partie pourquoi les hivers sont de moins en moins enneigés. « Si on compare les normales de saisons hivernales entre 1961 – 1990, et entre 1991 – 2020, on a gagné un degré de plus. C’est une augmentation importante en à peine trente ans », explique Pascal Mormal. « Dans l’absolu, les gens pensent qu’un degré c’est assez peu, pourtant les conséquences sont considérables pour la planète. »
Dans les Fagnes, les Vosges ou encore le Jura, la neige n’a été que très peu présente en ce début d’hiver. « Les précipitations abondantes ne permettent pas l’enneigement des basses et moyennes montagnes puisque les températures sont trop élevées », explique Pascal Mormal. Selon lui, les hivers sans neige en montagne étaient relativement rares, alors qu’à ce jour, ils deviennent la norme. Une situation qui menace fortement les stations de ski avoisinantes, dont l’existence se verrait condamnée si les températures ne font qu’augmenter d’ici la fin du 21e siècle.
La neige, ce paramètre important pour la flore
Or l’importance de la neige en hiver ne doit pas être minimisée. « Lorsqu’elle fond, l’eau va percoler dans les sols et servir de recharge aux nappes phréatiques », rappelle Pascal Mormal. Il mentionne toutefois une quantité de pluie tellement importante ces derniers jours que les sols sont saturés et n’absorbent plus rien.
Qui dit temps neigeux dit également basses températures, soit un facteur essentiel pour maintenir l’équilibre de la flore. « Le gel et le froid offrent à la nature une période de repos et évitent une floraison trop précoce dans l’année. » Quand l’hiver est doux, la plupart des bourgeons se développent, mais les périodes de froid soudaines et plus tardives créent alors d’importants dégâts pour la nature. « Si le réchauffement climatique se poursuit, les végétaux seront forcément de plus en plus perturbés et il y aura une menace constante pour la faune et la flore », s’inquiète le météorologue.
Pas de panique, le froid arrive
À partir de la semaine prochaine, le froid s’installera dans le pays. « À priori, il s’agira de la période la plus froide que la Belgique ait connu depuis février 2021 », indique le météorologue, en se tenant aux prévisions de l’IRM. En effet, la dernière fois que les températures n’ont pas dépassé le seuil de zéro degré en journée remonte au 12 février 2021 à Bruxelles. Ainsi, pour ceux et celles qui souhaiteraient sortir les luges et les moufles, Pascal Mormal relève la possibilité d’une arrivée de neige vers la mi-janvier. Plus que quelques jours à attendre.
Aurore Wion
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