La Belgique avance vers la neutralité climatique… à un train de sénateur

La Belgique avance trop lentement vers la neutralité climatique. Dans presque tous les domaines, elle doit accélérer la transition, selon un bilan du SPF Santé publique.

La Belgique avance, certes, vers la neutralité climatique, mais à un train de sénateur qui ne lui permettra pas, à ce rythme, de l’atteindre à l’horizon 2050, aucun secteur analysé n’échappant à ce constat, selon un bilan dressé par le Service Changements climatiques du SPF Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement.

Bien que les émissions de gaz à effet de serre aient baissé de 28% en Belgique entre 2022 et 1990, cette diminution reste trop faible et trop lente. Dans le cadre européen, la Belgique est actuellement soumise à un objectif intermédiaire de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de 47% d’ici 2030 pour les secteurs dits « non-ETS » (transport, bâtiments, agriculture, déchets). 

Pourtant, « aucun secteur ne montre une trajectoire d’émission cohérente avec les scénarios de neutralité climatique » et « certains indicateurs évoluent même dans la mauvaise direction », constate cette première édition du « baromètre de la transition 2050 » qui couvre les cinq secteurs les plus émetteurs en Belgique (98,2% des émissions territoriales de gaz à effet de serre en 2022). 

Si la consommation finale d’énergie diminue depuis une dizaine d’années dans notre pays, les combustibles fossiles représentent encore environ 70% de la consommation finale d’énergie. La transition dans le secteur énergétique est à l’œuvre, avec l’essor des renouvelables, singulièrement l’éolien, mais cela ne permet pas d’absorber l’augmentation attendue de la demande d’électricité. « Pour atteindre la neutralité climatique à l’horizon 2050, la consommation finale d’énergie doit diminuer plus rapidement, l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité doit être plus rapide, et l’électrification du système énergétique doit être accélérée », préconise le baromètre du Service Changements climatiques, publié à trois jours du début de la COP29 à Bakou.

Dans le secteur du transport, les émissions diminuent depuis 2008, mais l’électrification y est trop lente. Dans le bâtiment, malgré une baisse des émissions liées aux logements, celle des bâtiments tertiaires augmente et la consommation finale d’énergie, l’électrification du chauffage et la part d’énergie renouvelable évoluent trop lentement pour être en ligne avec les scénarios de neutralité climatique à l’horizon 2050. Quant à l’industrie, la consommation finale d’énergie y évolue dans le bon sens, mais l’électrification et le déploiement des énergies renouvelables ne sont pas suffisantes non plus. Ces tendances sont valables tant pour l’industrie de manière générale que pour les secteurs de la chimie, de la production de produits minéraux et de la métallurgie en particulier, selon le rapport.

Les émissions de l’agriculture ont globalement diminué depuis 1990, mais on constate tout de même qu’elles sont à nouveau en augmentation depuis une dizaine d’années en raison d’une hausse de la surface de serres chauffées et du nombre de tracteurs en Belgique.

Enfin, la capacité d’absorption de CO2 dans les sols et la biomasse au-dessus du sol diminue rapidement en raison, entre autres, de l’augmentation des surfaces cultivées et des surfaces bâties, au détriment des prairies et de surfaces boisées. Et les nouveaux boisements ne compensent pas cette tendance. « L’augmentation de la capacité de stockage des sols est pourtant indispensable pour atteindre la neutralité climatique d’ici 2050 », souligne encore le rapport, qui devrait être mis à jour annuellement à l’avenir. L’Union européenne s’est engagée à atteindre la neutralité climatique sur son territoire, tous secteurs confondus, d’ici 2050.

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