Invasion de frelons asiatiques en Belgique : « Ils peuvent poursuivre quelqu’un sur 100 mètres »
En moins de dix ans, les frelons asiatiques ont envahi la Wallonie et Bruxelles. Souvent nichés à proximité de l’activité humaine, ils peuvent se montrer agressifs pour protéger leurs nids. Surtout, ils sont catastrophiques pour les abeilles.
C’est une véritable invasion: en moins d’une dizaine d’années, le frelon asiatique s’est répandu comme une traînée de poudre en Wallonie et à Bruxelles. Une expansion telle qu’il serait désormais « impossible à éradiquer« , selon selon Louis Hautier, chercheur au Centre Wallon de Recherches agronomiques (CRA-W). « Il faut apprendre à vivre avec. »
Tout ça à cause de… poteries chinoises qui, en étant importées en Europe, auraient accidentellement amené celui qui est aussi appelé Vespa Velutina dans nos contrées. Le premier nid européen de frelons asitatiques a été détecté en 2004, à Bordeaux. Très rapidement, l’espèce a colonisé le reste de la France, le nord de l’Espagne et de l’Italie. En Belgique, le premier nid est découvert en 2016 en Wallonie, près de Tournai, puis en 2018 à Bruxelles. A une vitesse effarante, comme le montrent les images ci-dessous. Son taux de multiplication est explosif (200 à 1000 femelles reproducrices – appelées fondatrices – par nid), et sa dispersion rapide (une centaine de kilomètres par an). D’autant que, « mis à part l’humain, le frelon asiatique n’a pas d’ennemis naturels pour limiter son expansion », explique Louis Hautier. Seul le climat est un facteur limitant. « Il s’est moins reproduit en 2021, en raison du printemps plutôt froid et pluvieux, à l’inverse de celui de 2022 », ajoute le chercheur.
Ils peuvent poursuivre une personne pendant une centaine de mètres
Seul, l’hyménoptère est souvent considéré comme inoffensif pour l’humain, et pas plus dangereux qu’une guêpe. Les problèmes surviennent plutôt lorsqu’il est en groupe. « Des jardiniers se sont déjà fait attaquer par surprise par un nid de frelons asiatiques caché dans une haie », relate Louis Hautier. Dans ce cas de figure, « les frelons ont deux réactions, l’agressivité et la poursuite. Ils peuvent poursuivre quelqu’un pendant une centaine de mètres. Il est donc important quitter rapidement la zone ». Mais de manière générale, le spécialiste rassure : « On estime qu’il y aura des accidents, comme il y en a avec les nids de guêpes ou d’abeilles. Mais, pour l’instant, aucune surmortalité n’est observée à cause de lui ».
Les frelons asiatiques, ces tueurs d’abeilles
Le frelon asiatique, par contre, est un véritable danger pour la biodiversité. Car son mets de prédilection, ce sont les abeilles, qui représentent deux tiers de son alimentation. C’est pour cette raison qu’il se plaît particulièrement en milieux urbains : les ruches sont à portée d’ailes, et il y trouve également assez d’eau et de fibres végétales pour construire son nid.
« Trois à quatre nids peuvent attaquer une ruche », détaille Louis Hautier. Ces assauts engendrent d’autres conséquences, comme l’explique Jean-Robert De Liège, vice-président de la Fédération Royale Provinciale Liégeoise d’Apiculture (F.R.P.L.A). « À force d’être attaquées, les abeilles entrent en état de stress. Elles préfèrent rester en sécurité dans leur ruche et ne sortent plus. La nourriture ne rentre plus et la reine arrête sa ponte ».
Pour essayer tant bien que mal de pallier ce problème, les apiculteurs investissent dans la protection des ruches. Notamment avec l’utilisation de muselière et de harpes électriques. « On a quelques aides timides, comme le prêt de matériel pour détruire les nids, explique Jean-Robert De Liège. Mais certains apiculteurs se demandent s’ils vont continuer. Si vraiment l’investissement en vaut la peine ».
La présence d’un frelon asiatique ou d’un nid doit être signalée pour une prise en charge rapide. Environ 2.000 nids ont déjà été neutralisés en Wallonie.
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