En mai, tonte à l’arrêt… Et après? Les 4 conseils des experts pour un jardin naturel toute l’année
Alors que la quatrième édition d’En mai, tonte à l’arrêt touche à sa fin, Le Vif et ses partenaires invitent les participants à prolonger l’action ou, mieux, à la maintenir toute l’année. Voici comment procéder.
En décidant de ne plus tondre une partie de leur jardin pendant un mois, les participants d’En mai, tonte à l’arrêt ont (re)découvert l’une des techniques clés d’un jardin plus favorable à la biodiversité: la gestion différenciée, qui consiste à l’entretenir plus ou moins intensément selon l’usage qui en est fait. Mais que faire au mois de juin, et au-delà? Idéalement, il est préférable de maintenir toute l’année, à un ou plusieurs endroits du jardin, une zone refuge pour la nature. Que ce soit sous un arbre, au fond ou au milieu du terrain, tout espace préservé du passage de la tondeuse s’avère utile aux innombrables espèces d’insectes indigènes. Voici les conseils d’Adalia 2.0, du Réseau nature de Natagora et des Cercles des naturalistes de Belgique (CNB) pour passer à l’action toute l’année.
1. Alterner les types de zone
Un jardin naturel ne nécessite pas de délaisser totalement la tondeuse. Outre son aspect pratique pour s’y promener, le gazon tondu régulièrement «favorise la venue de certains oiseaux (merles, étourneaux…) qui y trouvent plus facilement leur pitance (lombrics, notamment) et aussi certains petits champignons qui ne pourraient pas s’exprimer dans une végétation dense et haute», renseigne Bernard Clesse, écopédagogue aux CNB. Dans des herbes plus hautes, il est possible qu’au fil du temps, moins de fleurs apparaissent que sur un gazon court. En revanche, de tels milieux privilégieront l’éclosion d’espèces plus rares et utiles pour la nidification d’insectes, d’autant que le cycle de reproduction de certaines espèces peut atteindre deux ans. Le but est donc bien de combiner zones tondues et zones de fauche, afin d’attirer une diversité d’espèces florales et animales.
Par ailleurs, l’adepte d’un jardin naturel peut varier l’esthétique de ses différents îlots en fonction de leur exposition. Au soleil, il peut espérer voire éclore spontanément une prairie fleurie, sous certaines conditions: «D’une manière générale, plus le sol est riche en nutriments, en azote surtout, plus la diversité floristique est faible», résume le guide du Réseau nature de Natagora. Il est aussi possible de semer des graines de fleurs, moyennant un travail du sol, pour soutenir les pollinisateurs et obtenir un résultat encore plus coloré. A l’ombre, une zone de fauche laissera plutôt apparaître des herbes hautes, qui n’en demeurent pas moins utiles pour bon nombre d’insectes et de petits animaux, mais aussi pour la fraîcheur du jardin et la séquestration du carbone.
2. Quand faucher, et comment?
«Afin de maintenir les espèces des milieux ouverts, un travail de fauchage sera nécessaire dans le jardin pour éviter le développement d’espèces ligneuses (arbres et arbustes)», renseigne Adalia 2.0, qui recommande toutefois de laisser une zone non fauchée pour offrir un refuge aux insectes et aux petits mammifères. «Nous préconisons une seule fauche par an afin de perturber le moins possible le cycle des plantes et des animaux. Deux périodes sont possibles: après mi-juin ou après le mois d’août. Le moment de la coupe annuelle aura un effet sur la floraison d’année en année. Si la fauche est printanière (après mi-juin), ce sont les plantes de printemps qui seront favorisées (luzules, colchique d’automne, pulmonaires, primevères…). Si la fauche est estivale (après le mois d’août), les plantes d’été domineront (ombellifères, mauves, eupatoire, tanaisie, vipérine, knautie, centaurées…).»
L’outil idéal pour la fauche dépend de la superficie de la zone concernée. «Si elle est petite, contentez-vous d’une faucille ou d’une faux, conseille le Réseau nature de Natagora. L’utilisation de la faux est assez physique et nécessite un peu d’expérience pour avoir des gestes efficaces (NDLR: par exemple, ne pas pivoter le buste lors du fauchage). Elle présente l’avantage de ne pas utiliser d’énergie fossile pour fonctionner. Pour entretenir des plus grandes surfaces, la débroussailleuse est l’outil idéal par sa puissance et son efficacité. Dans tous les cas, essayez de respecter une hauteur minimale de fauche d’environ dix centimètres dans votre jardin.»
Une fois la tâche effectuée, le foin peut être laissé au sol une semaine, pour permettre aux graines de tomber et aux insectes qui ont survécu à la fauche de quitter le foin, suggèrent les experts. «Ensuite, exportez-le: en effet, si vous laissez les déchets verts sur place, ils contribueront à enrichir le sol, ce qui favorisera des espèces dites nitrophiles telles que les orties, les ronces, certaines espèces de chardon… L’exportation peut être faite par un agriculteur du coin intéressé par les déchets de fauche. Si le foin ne contient pas trop de graines, vous pouvez également le mettre au compost ou l’utiliser comme paillage.»
3. Des plantes envahissantes?
«Certaines plantes de prairie peuvent être considérées comme indésirables car elles ont un développement envahissant, reconnaît Adalia 2.0. Les rumex (oseille) et les chardons des champs ont des racines puissantes et se reproduisent principalement par leurs nombreuses graines. Le chardon des champs, par exemple, s’étend dans la prairie par ses rhizomes traçants en profondeur. Si ces plantes sont présentes, il est préférable de les arracher manuellement ou de les faucher avant la montée en graine, pour éviter de perpétuer leur invasion.»
4. Pour aller plus loin
Il est possible de prévoir de menus aménagements pour favoriser le retour des pollinisateurs ou de petits mammifères dans les jardins. Un talus de sable ou d’argile sera potentiellement utile aux abeilles sauvages, dont 80% des espèces nichent dans le sol. Allié de taille pour éliminer bon nombre de nuisibles du potager, le hérisson appréciera «quelques haies et buissons, un tas de bois, un tas de feuilles mortes ou de foin, énumère le Réseau nature de Natagora. On peut également lui placer un abri artificiel constitué d’une caisse en bois remplie d’herbes sèches, déposée à l’envers sous un buisson. L’abri doit être ombragé car le hérisson supporte mal la chaleur.»
Pour découvrir les résultats de l’opération, dès le 6 juin, et parcourir les fiches dédiées aux bonnes pratiques au jardin, rendez-vous sur levif.be/enmaitontealarret.Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici