jardin en fleur
Plus encore que les aléas de la météo ou que l’emplacement choisi, c’est l’histoire du jardin qui conditionnera grandement le résultat après seulement un mois. © Adalia 2.0

En mai, tonte à l’arrêt: voici comment faire revenir les fleurs dans son jardin

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Sur un gazon habitué à la tondeuse, la nature peut mettre du temps à reprendre ses droits. Les jardins inscrits à l’opération «En mai, tonte à l’arrêt» ne compteront pas tous des fleurs par centaines. Voici à quoi s’attendre.

C’est une évidence: la biodiversité n’aime ni subir la tondeuse, ni se loger dans un gazon en rouleau. Elle a besoin de racines variées, d’espace, de tranquillité. Les précédentes années, l’enthousiasme des participants à En mai, tonte à l’arrêt s’est parfois transformé en déception. Là où ils espéraient voir des fleurs éclore, ils n’ont parfois obtenu que de l’herbe un peu plus haute, toujours aussi pauvre en espèces. Plus encore que les aléas de la météo ou que l’emplacement choisi, c’est l’histoire du jardin qui conditionne grandement le résultat après seulement un mois. «Dans un gazon régulièrement tondu, amendé, démoussé, la flore de base sera moins présente, éclaire Grégory Mahy, professeur à l’unité Biodiversité et paysage de la Faculté Gembloux Agro-Bio Tech (ULiège). Plus on part d’un gazon à l’anglaise, plus le chemin sera long.»

La flore peut signer son retour de plusieurs manières. «Il se peut qu’elle soit déjà présente dans le sol, poursuit-il. Les graines qui s’y trouvent peuvent davantage s’exprimer en optant pour une gestion moins intensive. Les fleurs peuvent aussi revenir par dispersion spatiale. Certaines espèces, dites anémochores, se propagent par le vent, d’autres par les animaux. Mais encore faut-il qu’elles aient de la place. Des graminées très compétitives ou à croissance rapide ne laissent pas assez d’espace pour que les autres espèces puissent bénéficier de microsites de germination.» Ainsi, le choix du gazon s’avère lourd de conséquences pour la floraison future, quel que soit le mode de gestion adopté par la suite.

En mai tonte à l’arrêt: le piège des sols trop riches

Dans les milieux herbacés tempérés, les sols trop riches en nutriments constituent par ailleurs un obstacle à la biodiversité, souligne Grégory Mahy: «Cela peut paraître contre-intuitif, mais la richesse en espèces y chute très vite à mesure que les quantités d’azote, de phosphore ou de potassium, soit les engrais traditionnels pour gazon, augmentent. A l’inverse, tant que les nutriments sont bas, le développement de ce qu’on appelle les graminées sociales, qui prennent la forme de touffes compétitives, reste limité.»

Compte tenu de cette réalité, le retour d’une biodiversité plus florissante sur le gazon existant d’un jardin peut prendre des années. Si tel est le cas, son propriétaire a toutefois la capacité d’accélérer le processus. Notamment en réalisant un hersage, pour recréer des microsites de germination, puis en y semant des graminées qui sont, elles, propices à une coexistence avec d’autres espèces. Mais quel que soit le passif du jardin, toute initiative visant à laisser simplement pousser la pelouse ne peut qu’être favorable au sol, plus résilient lors des épisodes de sécheresse, et à la biodiversité, susceptible d’y retrouver davantage de place. Pour aller plus loin, les amateurs de nature peuvent parcourir les fiches consultables sur le site de l’opération, ainsi que les conseils du réseau nature de Natagora.

«Dans un gazon régulièrement tondu, amendé, démoussé, la flore de base sera moins présente.»

Etape 1

Inscrivez-vous!

A partir du 18 avril

Envie de participer ? Rendez-vous sur le site de l’opération et remplissez le formulaire d’inscription. Déjà enregistré ? Connectez-vous à votre compte pour accéder à votre profil et inscrivez votre jardin. Vous recevrez un mail de confirmation.

Etape 2

Laissez pousser et observez

Du 1er au 26 mai

Délimitez début mai (ou avant) une zone de non-tonte sur votre gazon – idéalement la plus grande possible – et laissez-la pousser pendant cette période. N’hésitez pas à en parler autour de vous et sur les réseaux sociaux (un kit est disponible sur le site de l’opération).

Etape 3

Comptez les fleurs sur 1 m²

Du 24 au 26 mai

Délimitez aléatoirement un mètre carré dans votre zone de non-tonte. Rendez vous ensuite sur levif.be/emaitontealarret afin d’encoder le total du nombre de fleurs que vous y avez compté. Enregistrez ces données au plus tard le 26 mai. Instantanément, vous recevez votre indice nectar personnalisé.

Etape 4

Le 6 juin

Les résultats

Découvrez le bilan global de l’opération (indice nectar total, mètres carrés non tondus, contribution aux populations d’abeilles) sur levif.be et dans Le Vif du 6 juin.

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