La COP29 à Bakou pas sous de bons auspices. © GETTY IMAGES

Cop29: vers une déception générale

L’Union européenne, premier bailleur mondial pour le climat, a relevé  son engagement financier pour les pays en développement, mais quoiqu’il arrive d’ici la nuit, nombre de pays semblent résignés à repartir mécontents de la conférence sur le climat de l’ONU à Bakou.

L’Union européenne, premier bailleur mondial pour le climat, a relevé samedi son engagement financier pour les pays en développement, mais quoiqu’il arrive d’ici la nuit, nombre de pays semblent résignés à repartir mécontents de la conférence sur le climat de l’ONU à Bakou.

La présidence azerbaïdjanaise de la COP29 prévoit de publier vers 14H00 (10H00 GMT) son ultime proposition de compromis, avant de le soumettre à l’approbation des près de 200 pays réunis ici vers 18H00 (14H00 GMT), 24 heures après la fin théorique de la conférence.

La plupart des stands de nourriture ont fermé, les navettes entre le stade de la ville ont cessé. Des délégués ont commencé à rejoindre l’aéroport.

Une première proposition des pays riches d’augmenter leur soutien financier pour les pays plus pauvres de 100 milliards de dollars par an, aujourd’hui à 250 milliards d’ici 2035, a été rejetée vendredi par la plupart des pays en développement.

« Mieux vaut pas d’accord qu’un mauvais accord« , dit à l’AFP le chef des négociateurs du groupe africain, le Kényan Ali Mohamed. Il exige d’aller plus loin que les 250 milliards, « sinon cela mènera à l’échec de la COP ». « Personne ne sera content sur tout, c’est sûr », ajoute-t-il.

L’Union européenne soutient un relèvement à 300 milliards annuels, ont confirmé plusieurs sources au sein de délégations à l’AFP. Mais les Européens conditionnent ce chiffre à d’autres avancées dans le compromis final. L’UE pousse notamment pour une revue annuelle des efforts de réduction des gaz à effet de serre, s’opposant à des pays comme l’Arabie saoudite. « Il y a eu un effort extraordinaire des Saoudiens pour qu’on obtienne rien« , s’étrangle un négociateur européen. « Je ne suis pas optimiste », dit à l’AFP le ministre de l’Environnement de Sierra Leone, Jiwoh Abdulai.

Un expert qui a participé à presque toutes les COP, Alden Meyer, prédit : « Les pays en développement ne seront pas contents du nouveau chiffre, que ce soit 300 ou 350 ». La question sera alors: accepteront-ils ce qu’ils considèreront être un mauvais accord, ou bloqueront-ils tout texte final? Aux COP, toute décision doit être prise par consensus des 198 membres.

Pression des ONG

Le premier chiffre publié vendredi a été jugé « inacceptable » par les pays africains au regard des catastrophes qu’ils subissent et de leurs énormes besoins d’investissement en énergies bas carbone. Les petits Etats insulaires ont dénoncé le « mépris » pour leurs « peuples vulnérables ». Ils ont calculé qu’avec l’inflation, l’effort financier réel des pays concernés (Europe, Etats-Unis, Canada, Japon, Australie, Nouvelle-Zélande) serait bien inférieur, a fortiori avec les efforts déjà prévus par les banques multilatérales de développement.

« Si rien de suffisamment fort n’est proposé à cette COP, nous vous invitons à quitter la table (des négociations) pour vous battre un autre jour, et nous mènerons le même combat », ont écrit dans la nuit 335 organisations à une alliance de 134 pays regroupant les pays en développement et la Chine, appelée G77+Chine. Une stratégie qui contredit le message d’urgence porté par de nombreux pays en développement. Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, qui a d’autres priorités en vue pour la COP30 de Belem l’an prochain, a insisté pour « ne pas repousser » à 2025 la tâche de Bakou.

« Nous devons donner de l’espoir au monde, montrer que le multilatéralisme fonctionne », dit à l’AFP le ministre irlandais Eamon Ryan. Les pays en développement chiffrent leurs demandes entre 500 et 1.300 milliards de dollars annuels, pour les aider à sortir des énergies fossiles et à s’adapter au réchauffement climatique. Quel nouveau chiffre proposera la présidence azerbaïdjanaise samedi? Il faudrait monter à 390 milliards d’ici 2035, ont réagi des économistes mandatés par l’ONU, Amar Bhattacharya, Vera Songwe et Nicholas Stern. Un chiffre également repris vendredi soir par le Brésil et sa ministre de l’Environnement, Marina Silva.

Austérité occidentale

Mais les Européens sont sous pression budgétaire et politique.

L’Europe veut « assumer ses responsabilités, mais doit faire des promesses qu’elle peut tenir », a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock. Le précédent projet d’accord fixe séparément l’objectif de lever de 1.300 milliards de dollars par an d’ici 2035 pour les pays en développement; ce total inclurait la contribution des pays développés et d’autres sources de financement (multilatérale, privée, taxes, autres pays du Sud…)

La Chine semble pour l’instant avoir obtenu ce qu’elle souhaitait: aucune obligation financière. Pas question de renégocier la règle onusienne de 1992 qui stipule que la responsabilité de la finance climatique incombe aux pays développés.

Dont acte: le texte de vendredi « invite » les pays en développement, dont la Chine fait officiellement partie, à contribuer.

Organisation azerbaïdjanaise

Des négociateurs et des ONG critiquent la gestion de la conférence par les Azerbaïdjanais, qui n’avaient jamais organisé un tel événement mondial.

La COP s’est déroulée dans une atmosphère lourde. Le président Ilham Aliev a attaqué la France, alliée de son ennemi l’Arménie. Les deux pays ont convoqué leurs ambassadeurs respectifs. Deux parlementaires américains disent avoir été harcelés à Bakou. Plusieurs militants environnementaux azerbaïdjanais sont détenus. Pour Alden Meyer, personne ne souhaite suspendre la COP29 pour la reprendre plus tard : « cela obligerait à travailler encore cinq mois sous cette présidence ».

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