
Une éventuelle hausse des taxes US ne va pas tuer la bière belge
Hors Union européenne, les Etats-Unis ne sont plus que le quatrième marché d’export pour la bière belge.
Les Brasseurs belges sont inquiets d’une éventuelle hausse des taxes américaines sur les produits alcoolisés européens, mais une telle mesure « ne va pas tuer le secteur », a commenté vendredi le directeur de la fédération des Brasseurs, Krishan Maudgal. Les consommateurs américains ont longtemps ingurgité de la bière belge, mais depuis quelques années, ils semblent se tourner vers une consommation plus locale. Les exportations de bière belge vers les Etats-Unis ont dégringolé de plus de 90% entre la période pré-Covid et 2023, à 196.000 hectolitres. Hors Union européenne, le pays n’est plus que le quatrième marché d’export pour la bière belge.
La bière figure sur la liste des produits américains que l’Europe envisage de taxer, « en rétorsion aux nouveaux droits de douane injustifiés imposés par les États-Unis sur les importations d’acier et d’aluminium en provenance de l’Union européenne », annonçait mercredi la Commission européenne dans un communiqué. Selon Krishan Maudgal, il ne fait aucun doute que le président américain devrait faire de même avec les bières européennes. « Avec un personnage comme Trump, nous attendons de voir si la mesure sera réellement appliquée », ajoute-t-il. « Pour nous, cela signifierait l’arrêt complet des exportations aux Etats-Unis. »
Les brasseurs belges ont été confrontés ces dernières années à une forte hausse des coûts de production et la bière belge actuellement disponible aux Etats-Unis souffre déjà de la concurrence locale, meilleur marché. Par ailleurs, de grandes marques de bières belges sont désormais produites sur place. « Cela ne va pas tuer le marché, mais en termes d’image et de réputation, c’est un peu pénible car la bière belge reste la référence mondiale », poursuit le directeur des Brasseurs.
L’UE a annoncé mercredi des droits de douane sur une série de produits américains, dont le bourbon, les motos ou les bateaux, en représailles aux surtaxes de 25% sur l’acier et l’aluminium. Ils devraient devenir effectifs à compter du 1er avril, une journée avant les droits de douane dits « réciproques » voulus par Donald Trump. « Si ces droits de douane ne sont pas retirés immédiatement, les Etats-Unis vont rapidement imposer des droits de douane de 200% sur tous les vins, champagnes et produits alcoolisés venant de France et d’autre pays de l’UE », a réagi le président américain.
Les vignerons et distillateurs belges sont déçus de voir le terrain de guerre commerciale, initialement circonscrit à l’acier et l’aluminium, s’élargir à leur domaine. « Nous demandons instamment aux deux parties de cesser d’utiliser notre secteur comme monnaie d’échange dans des conflits qui n’ont rien à voir avec nous », clame Geert Van Lerberghe, directeur général de Vinum Et Spiritus, la fédération belge des vins et spiritueux.
Ce dernier appelle l’Union européenne et les États-Unis à « désamorcer ce différend afin de préserver le commerce transatlantique des spiritueux, qui est florissant depuis 1997. C’est essentiel non seulement pour protéger l’ensemble du secteur, mais aussi pour renforcer la position internationale du terroir belge. (…) Nous sommes les principaux marchés les uns des autres, liés par des investissements, des passions, des traditions et des succès communs, dont bénéficient les consommateurs de l’Union européenne et des États-Unis. »