Un bon d’Etat wallon? « Inenvisageable pour plusieurs raisons »
Alors que la note de Moody’s sur les finances wallonnes est attendue dans les tout prochains jours, la FGTB a relancé, dans La Libre, l’idée d’un bon d’Etat wallon et, si le gouvernement n’en veut pas, d’un livret A, ce livret d’épargne disponible à tout moment tel qu’il existe notamment en France. « Inenvisageable pour plusieurs raisons », a réagi dans la foulée le ministre régional du Budget, Adrien Dolimont (MR).
Le livret A est lié à une gestion purement fédérale. D’ailleurs, la législation qui concerne l’épargne est essentiellement fédérale. C’est donc une première erreur d’analyse », a-t-il pointé.
Par ailleurs, « les taux que nous aurions pu proposer aux citoyens auraient été plus élevés que ceux du marché. On se serait retrouvé avec un coût de la dette plus élevé, porté par l’ensemble des Wallons alors que seuls certains en auraient tiré un bénéfice », a-t-il ajouté en s’étonnant que la FTGB « pousse à poursuivre un tel projet injuste ».
Pour le ministre Dolimont, il faut aussi tenir compte du déficit récurrent de la Région. « Lors de l’échéance dans 1 ou 3 ans, il faudrait réemprunter ce montant et donc refinancer. Apparemment, la FGTB a oublié cet élément. »
Cette mesure « pourrait également avoir un effet pervers avec une hausse des taux pour l’ensemble de notre financement puisque les marchés pourraient aligner leurs taux sur ceux offerts aux particuliers avec le bon d’état wallon », a-t-il poursuivi.
Ainsi, si la Région offrait un taux de 2,5%, il y aurait un différentiel potentiel de 0,7% à 1 an, de 1,3% à 3 ans, de 1,4% à 5 ans et de 1,6% à 8 ans. Sur base de 100 millions, ce différentiel représente 700.000 euros de charges d’intérêts pour 1 an, 1,3 million par an en 3 ans, 1,4 million par an en 5 ans et 1,6 million par an en 8 ans.
« La Wallonie n’aurait ni le beurre, ni l’argent du beurre, ni le sourire de la crémière », a résumé Adrien Dolimont. Enfin, la FGTB « ne parle que du succès du bon d’Etat à 1 an, qui avait comme finalité politique de pousser les banques à remonter leurs taux d’intérêt. Je l’encourage vivement à aller consulter les résultats des deux dernières émissions à maturité de 5 et 8 ans : 26 millions sur 4 jours. Nous sommes loin des 22 milliards récoltés avec le bon d’état précédent », a-t-il souligné. « Il est très facile de communiquer sur une idée qui est, a priori, séduisante. Mais gouverner, c’est gérer et objectiver », a-t-il conclu.