Solide coup de semonce pour les cryptomonnaies: le début de la fin? Pas si sûr
La descente aux enfers d’une grande plateforme d’échange de cryptomonnaies a fait chuter notamment la reine des monnaies virtuelles: le bitcoin, déjà très bas, sur un marché encore très jeune et plus fragile que jamais. Au bord de la cassure…
Blockchains, coins, token, mining, proof of work, halving, staking… Derrière ce jargon anglicisé, se cache-t-il, comme le veut la philosophie des cryptos, la promesse d’une révolution de la finance et du «plus jamais» la crise de 2008? Ou bien y trouve-t-on la simple réplique virtuelle du vieux monde bancaire, avec les mêmes ficelles spéculatives pouvant mener à des faillites retentissantes? L’ effondrement de FTX, parfois appelé le Lehman Brothers des plateformes d’échange de cryptomonnaies, fait pencher pour la seconde hypothèse. Liens incestueux entre sociétés sœurs, manque d’information financière fiable, actifs plus fictifs que réels, gestion à la limite de la légalité, innombrables placements offshore… Ça ne vous rappelle rien?
Des demandes de régulation émanent des utilisateurs de bitcoins eux-mêmes.
Fondée en 2019, avec un conseil d’administration composé de lui-même, son avocat et un employé, la société de Sam Bankman, ce «génial» ado attardé coiffé en pétard, a récemment suscité, en moins de 24 heures, un séisme de 240 milliards de dollars sur la planète crypto qui craint toujours des répliques de forte magnitude. La fin du Bitcoin a cependant été annoncée un peu vite par ses détracteurs. Le tremblement de terre de novembre laissera de lourdes traces, mais n’est pas une première. Il y a quelques années, une autre plateforme de référence, la japonaise Mt.gox, était tombée sur l’énorme scandale des 650 000 bitcoins évaporés, sans conséquence fatale pour les cryptos.
Le Bitcoin a été créé, il y a douze ans, par un ou des développeurs libertariens – le mystère de la paternité de Satoshi Nakamoto reste entier – dont le précepte de base était que la monnaie est une chose trop importante pour confier son pilotage à quelques têtes pensantes de banques centrales. Le système monétaire cryptographique fonctionne de manière décentralisée, sans autorité ni administration uniques. Il semble cependant que le consensus de ses adeptes ne suffise plus. Des demandes de régulation émanent des utilisateurs de bitcoins eux-mêmes. Un cadre contraignant est en cours d’adoption dans l’Union européenne, désormais le plus grand marché de cryptomonnaies au monde.
Les autorités fiscales de la plupart des pays riches sont aussi inquiètes car, avec un tel actif sans frontières et anonyme, elles éprouvent des difficultés à vérifier si l’impôt dû est bien payé. L’OCDE prévoit désormais une standardisation des obligations de déclaration sur les transactions en cryptos et l’UE pousse ses membres à davantage de cohérence fiscale. Mais le Bitcoin et ses pairs sont également attaqués sur le front vert: les gestes de bonnes intentions pour diminuer leur épouvantable empreinte carbone se multiplient, sans résultat concluant jusqu’ici. Se pose dès lors, a fortiori à la lumière de la crise actuelle, la question de l’utilité sociétale d’une activité aussi gourmande en énergie, créée de toutes pièces il n’y a même pas quinze ans. Le début de la fin des cryptos? Pas si sûr.
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