Pourquoi le prix du riz explose
Les prix du riz dans le monde ont atteint en août leur plus haut niveau en 15 ans, augmentant de 9,8% sur un mois.
Les prix alimentaires mondiaux dans leur ensemble ont pour leur part légèrement reculé le mois dernier (-2,1% par rapport à juillet), tirés vers le bas par le recul des prix des céréales, des huiles végétales, de la viande et des produits laitiers. Mais les prix du riz sont directement affectés par la décision prise le 21 juillet par New Delhi d’interdire l’exportation de riz blanc non basmati (environ le quart de ses exportations habituelles de riz), afin de conserver suffisamment de ce produit pour ses habitants. Or l’Inde assure 40% du commerce mondial du riz et vend des quantités de brisure de riz à l’Afrique, notamment au Sénégal, au Nigeria, à la Côte d’Ivoire ou au Bénin, ainsi qu’en Asie (Pakistan, Philippines) et au Moyen-Orient (Turquie, Syrie).
Les prix mondiaux du riz étaient déjà fin juillet « en hausse de 30% sur un an », avait souligné Patricio Mendez del Villar, spécialiste du riz et économiste au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).
En attendant les nouvelles récoltes, face aux « incertitudes quant à la durée de l’interdiction » décidée par l’Inde et aux « craintes que les restrictions à l’exportation soient étendues à d’autres types de riz », le marché mondial du riz s’est tendu, a souligné la FAO. Beaucoup d’Etats et d’acteurs ont choisi de « conserver des stocks », de « renégocier des contrats » ou « d’arrêter de faire des offres de prix », a expliqué l’agence onusienne dans un communiqué. Pour faire face à la situation, les Philippines ont par exemple noué jeudi un accord avec le Vietnam pour sécuriser pour cinq ans leurs importations de riz.
Les réserves de riz dans le monde sont pourtant abondantes: selon la FAO, « il est toujours prévu que les stocks mondiaux de riz à la clôture des campagnes de commercialisation de 2023-2024 atteignent leur plus haut niveau jamais enregistré » après une hausse de 1,4% par rapport à 2022-2023. Près des trois quarts de ce volume devraient être détenus par la Chine et l’Inde.