Bertrand Candelon

Nouvelle année, nouvelles réalités économiques (chronique)

Bertrand Candelon Professeur de finance à l'UCLouvain et directeur de la recherche Louvain-Finance.

Inflation, prix de l’énergie, déficit budgétaire, compétitivité… Sur le plan économique, 2023 sera l’année de l’adaptation aux nouvelles réalités de 2022.

Les fêtes sont souvent l’occasion de faire le point sur l’année écoulée. Que ce soit en famille ou entre amis, les discussions s’organisent autour de l’évolution des parcours de vie de chacun pour savoir comment ils ont évolué au grès des chocs inattendus et, surtout, comment se profile l’avenir. Les années passées ont fait vaciller beaucoup de nos certitudes et les considérations économiques restent au centre des conversations, faisant souvent débat.

Le sujet phare autour des tables de fête aura été indubitablement celui du pouvoir d’achat et de la compétitivité. Alors que l’inflation avait été oubliée et laissée dans les livres d’histoire, elle a refait son apparition avec la reprise post-Covid et la crise énergétique qui a suivi l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes. Nul besoin d’être économiste pour se rendre compte que, dans la vie de tous les jours, les prix ont explosé, même ceux n’ayant rien à voir avec l’énergie.

L’ indexation automatique des salaires a, certes, permis d’amortir un peu ce choc, mais elle a transmis une partie de la charge aux entreprises, dont les marges se réduisent, et à l’Etat, qui se retrouve avec un déficit avoisinant les 6% et avec l’obligation d’entreprendre dans l’urgence des réformes structurelles (pension et taxation) et de réduire drastiquement ses dépenses comme l’a conseillé le récent audit du Fonds monétaire international. Malheureusement, cette période d’inflation n’a pas disparu avec l’année 2022 et s’installera, contrairement à ce qui avait été martelé voici un an, dans notre quotidien.

Cette nouvelle année sera celle de l’adaptation aux réalités économiques qui ont vu le jour en 2022.

Ce premier sujet aura vraisemblablement été suivi par celui de la guerre en Ukraine, qui constitue le changement radical de 2022. La chute du mur de Berlin, en 1989, avait engendré l’illusion d’un monde pacifique et sans conflit armé. Cette utopie a vécu. Les conséquences sont multiples. Tout d’abord, les dépenses dans les domaines de la défense aux échelons national et/ou européen devront être augmentées pour assurer la sécurité nationale. Certains pays, comme la Lettonie ou la Suède (dès 2017), ont même rétabli le service militaire face à la menace de leurs voisins.

Ensuite, notre stratégie de transition énergétique devra intégrer cette nouvelle réalité. Les maîtres mots devront être pragmatisme et diversification. Même si les énergies fossiles et nucléaire doivent être absentes dans un monde idéal, la technologie ne permet pas, pour le moment, d’y parvenir. Afin de garantir notre indépendance énergétique à la base de notre croissance, de la réalisation de nos objectifs climatiques et de notre protection contre les variations de prix, la théorie économique montre qu’une stratégie de diversification maximale des sources d’énergie et de leurs origines constitue la seule solution efficace.

Cette nouvelle année sera donc celle de l’adaptation aux nouvelles réalités économiques qui ont vu le jour en 2022. Nous devrons sûrement aussi faire face à de nouveaux chocs inattendus qui, je l’espère, seront cette fois positifs comme la fin de la politique du zéro Covid en Chine, qui pourrait nous éviter de souffrir d’une trop forte récession, et, pourquoi pas, la fin de la guerre en Ukraine. Quoi qu’il en soit, et comme il est d’usage, les discussions se sont terminées, tout comme cette chronique, par des vœux de santé et de bonheur qui vous accompagneront tout au long de l’année.

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