Une facture d’énergie de… 1400 euros par mois: comment est-ce possible (et comment réagir) ?
Certains consommateurs ont eu la désagréable surprise de voir leur facture d’énergie flamber, dépassant parfois les 1000 euros par mois. Cela est lié à la manière dont les fournisseurs calculent leurs tarifs. Et, bonne nouvelle: il est possible d’agir.
Pas 4%. Pas 15%. Mais bien… + 1250% ! J’ai la chance d’être entourée, stable, non-précaire. Mais que se passe-t-il pour les personnes moins avantagées que moi ? » La facture d’énergie de Catherine vient de passer de 115 euros par mois à 1435 euros. « Sans augmentation de consommation, assure-t-elle. Pour un appartement dans un immeuble récent, très bien isolé. » Selon elle, son fournisseur, Mega, ne lui a fourni « aucune explication compréhensible », ni « indiqué le pric actuel du kWh permettant de comprendre et vérifier leurs calculs ».
Lors du live organisé la semaine dernière, une lectrice expliquait que ses acomptes sont passés de 220 euros en décembre dernier à 390 en février. En septembre, elle les augmentait d’initiative à 600 euros. Mais aujourd’hui, son fournisseur (Engie) lui conseille de les relever à 966 euros. Pourtant, elle a décortiqué ses consommations : en baisse, pour le gaz comme pour l’électricité. « Je ne comprends pas pourquoi, malgré une consommation moitié moindre, les acomptes demandés sont si élevés. Comment expliquer cette hausse vertigineuse ? »
Selon Benoit Gerkens, conseiller économique à la Creg (Commission de régulation de l’électricité et du gaz), ces flambées sont liées à la période sur laquelle se basent les fournisseurs d’énergie pour établir leurs tarifs.
« Pour estimer le niveau des acomptes, de plus en plus de fournisseurs utilisent les prix observés sur les marchés pour une livraison sur les 12 prochains mois », détaille-t-il. Or, les tarifs se révèlent pour l’instant extrêmement volatiles. « Fin août dernier, les prix sur les marchés ont atteint des sommets. Celui du gaz, par exemple, tournait aux environs de 350 euros le mégawattheure. Alors qu’avant la crise énergétique, il s’élevait à 20 euros le mégawattheure. »
Du coup, en septembre, certains fournisseurs ont établi leurs acomptes sur base de ces niveaux extrêmement élevés. « Les prix du gaz sur les marchés sont heureusement redescendus, depuis, observe Benoit Gerkens. Ils sont aujourd’hui aux environs de 170 euros le mégawattheure. Pour un ménage de quatre personnes, cette diminution représente une réduction d’environ 250 euros par mois. »
Problème : les fournisseurs ne vont pas nécessairement diminuer les factures d’acompte, se basant sur le principe des vases communicants. Si un client a trop payé durant l’année, il sera remboursé lors de sa régularisation, et inversement. Sauf que s’acquitter chaque mois de 1400 ou de 900 euros peut devenir réellement compliqué… même en supposant que l’on recevra un montant important en retour un an plus tard. Selon le fournisseur Engie, interrogé mi-septembre dernier, le nombre de clients en difficulté de paiement a doublé en un an.
Que faire, dès lors ? Pour Benoit Gerkens, il est « important de vérifier sur quelle base de prix et de consommation l’acompte mensuel a été établi, puis de demander à son fournisseur de le modifier s’il ne correspond pas à la consommation attendue ni aux niveaux de prix attendus sur les marchés ».
Il ajoute que « la Creg analyse actuellement différentes solutions pour un établissement plus transparent des acomptes ».
Il est par ailleurs conseillé d’encoder ses relevés intermédiaires dans l’espace client de son fournisseur d’énergie, afin que les acomptes mensuels soient les plus proches de sa consommation réelle.
Enfin, le consommateur peut toujours refuser une augmentation de sa facture d’acompte, pour autant qu’il s’y oppose dans les quinze jours suivant la notification.
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