(Un peu) plus d’argent pour les salariés, moins pour les chômeurs et les fonctionnaires à la retraite: l’Arizona a fixé son cap socio-économique. © Getty Images

Salaires, pensions, fiscalité… Ce que l’Arizona va changer pour votre portefeuille

Elise Legrand
Elise Legrand Journaliste

L’accord de gouvernement de l’Arizona prévoit de nombreux changements concernant les finances personnelles des Belges. L’indexation automatique des salaires est préservée, mais les inactifs et les fonctionnaires verront certains de leurs avantages disparaître.

La dix-huitième visite au Palais aura été la bonne. Après 236 jours de négociations musclées, le futur Premier ministre Bart De Wever (N-VA) s’est rendu chez le Roi vendredi soir avec un accord de gouvernement sous le bras. Bouclé au forceps avec ses quatre partenaires de coalition, le texte doit encore être avalisé par les congrès de partis ce week-end et pourrait encore subir de légères modifications.

Le cap socio-économique a toutefois déjà été dressé, avec un principal objectif: assainir les finances publiques tout en préservant le pouvoir d’achat des travailleurs. Plusieurs réformes entreront ainsi en vigueur, avec un impact non négligeable sur le portefeuille des Belges.

1. Salaires et allocations

Chère aux socialistes flamands de Vooruit mais menacée par le patronat, l’indexation automatique des salaires sera finalement préservée. L’idée de l’Arizona reste toutefois d’harmoniser les différents régimes d’indexation, notamment entre les secteurs public et privé. Il pourrait par exemple être question d’appliquer une indexation commune à tous les travailleurs au 1er janvier de chacun année. Les partenaires sociaux sont chargés de préparer un avis de réforme à ce sujet pour le 31 décembre 2026.

L’Arizona a à coeur de rendre le travail plus attractif, en augmentant le différentiel de revenus entre les actifs et les inactifs à concurrence de 500 euros par mois. Pour ce faire, les salaires minimums seront augmentés deux fois de 35 euros bruts, sans coût supplémentaires pour les employeurs, le 1er avril 2026 et en 2028. Les travailleurs seront également moins taxés (voir point 2).

A contrario, les allocations de chômage seront désormais dégressives et limitées dans le temps, sauf pour les plus de 55 ans. Après deux ans, les revenus de remplacement seront à charge du CPAS. L’allocation de chômage sera également plus élevée qu’actuellement pour les travailleurs fraîchement mis au chomage, mais ce montant chutera ensuite plus rapidement. En outre, un travailleur qui n’aura pas assez travaillé au cours des dernières années touchera aussi moins d’allocations qu’un travailleur qui aura une plus longue carrière derrière lui.

2. Fiscalité

Pour renforcer le différentiel entre salaires et allocations de chômage, l’Arizona prévoit, dans sa réforme fiscale, d’augmenter la quotité exemptée d’impôts pour tous les travailleurs. La cotisation spéciale de sécurité sociale diminuera également, alors que le bonus à l’emploi pour les bas salaires sera revu à la hausse. Ces mesures permettront, selon le futur exécutif, d’augmenter le salaire net des Belges à partir de 2027, et plus significativement à partir de 2029, avec une baisse totale d’impôts et de cotisations chiffrée à 4 milliards d’euros.

Les épaules les plus larges seront par contre mises davantage à contribution. Les plus-values sur les actifs financiers (actions, obligations,…) seront taxées à 10%, y compris les actifs crypto (bitcoin, par exemple). Cette loi s’appliquera sans réotractivité, avec une exonération pour les plus-values historiques à partir de l’entrée en vigueur de la taxe. Le texte prévoit également une déductibilité des moins-values dans l’année, sans possibilité de report. L’Arizona entend en outre préserver les petits investisseurs, en octroyant une exonération d’impôts pour les 10.000 premiers euros gagnés en plus-value.

L’Arizona s’attaquera par contre à plusieurs déductions, exceptions et exonérations à l’impôt des personnes physiques. Le quotient conjugal sera par exemple réduit de moitié pour les non-retraités à partir de 2029. La déductibilité des dons à des associations passera de 45% à 30%, et la réduction d’impôt pour l’assistance juridique disparaîtra.

Bonne nouvelle par contre pour les professions numériques, qui pourront bénéficier d’un élargissement des droits d’auteurs.

3. Pensions

Parmi ses grands chantiers, l’Arizona prévoit de réformer les pensions, en tendant vers davantage d’harmonisation entre les régimes. Les fonctionnaires seront particulièrement impactés par ces décisions. L’âge de la retraite des militaires (56 ans) ou du personnel roulant de la SNCB (55 ans) sera ainsi progressivement relevé de 6 mois par an, pour atteindre l’âge légal de 67 ans.

Dans une volonté d’abroger les régimes préférentiels, l’Arizona souhaite fixer à 1 le coefficient d’augmentation pour toutes les catégories de personnel à partir du 1er janvier 2027. Pour l’enseignement et les services actifs (tels qu’ils sont définis aujourd’hui), le coefficient d’augmentation restera à 1,05 avec une diminution annuelle de 0,005 à partir de 2027 jusqu’à 1,025 en 2032.

En outre, les fonctionnaires verront leur pension calculée, non plus sur la moyenne des salaires des 10 dernières années de travail, mais, comme dans le privé, sur les 45 années de travail. La période prise en compte sera relevée d’une année par an à partir de 2027, jusqu’en 2062. La péréquation du montant de la pension des fonctionnaires sera également supprimée à partir de 2026.

Si le futur exécutif ouvre la voie à une départ à la pension à 60 ans pour ceux qui ont travaillé 42 ans, il renforce toutefois la notion de «travail effectif». Une année sera comptabilisée dans la carrière du travailleur s’il a presté 156 jours de travail effectif ou assimilés sur l’année, ce qui correspond à un mi-temps ou deux trimestres sur un an. Les profs sont particulièrement touchés par cette mesure, car un diplômé d’une formation pédagogique ne peut entrer en fonction qu’à la rentrée scolaire, soit en septembre. Impossible donc pour lui de prester 156 jours durant cette première année de carrière, qui comptera donc «pour du beurre» dans le calcul. En outre, les périodes assimilées seront davantage restrictives : les périodes de préretraite (RCC), de chômage de longue durée et d’emplois de fin de carrières ne seront plus comptabilisées dans le calcul.

Enfin, l’Arizona réformera également le bonus pension actuel, en le remplaçant par un montant de la pension majoré d’un bonus de 2% (jusqu’en 2030), de 4% (jusqu’en 2040) ou de 5% (à partir de 2040) par année qui suit l’âge légal de la retraite. Un malus, du même montant, s’appliquera par contre à ceux qui partent dans les conditions de pension anticipée sans avoir travaillé 35 années de 156 jours effectifs.

4. Pouvoir d’achat

Outre la hausse attendue du salaire net des travailleurs, l’Arizona souhaite renforcer le pouvoir d’achat des Belges en les protégeant notamment de certaines arnaques. Sous la prochaine législature, il sera par exemple plus facile de changer de banque, de fournisseur d’énergie ou d’assureur en garantissant une meilleure information aux consommateurs.

Les factures de gaz ou d’électricité devront en outre être plus transparentes et les tarifs plus facilement comparables. Les contrats fixes seront limités sur deux ans avec une indemnité de résiliation calculée au prorata du temps resté sur ce contrat.

En termes d’immobilier, l’acheteur sera également mieux protégé. La condition suspensive sera désormais obligatoire dans tout contrat de vente, pour éviter la concurrence avec les acquéreurs plus fortunés qui ne nécessitent pas de crédit hypothécaire. Le PEB des biens devra également être consultable plus facilement, et les acquéreurs souhaitant rénover un bien seront mieux protégés.


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