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Salaire secret en Belgique: quand meilleurs amis et partenaires n’en parlent pas

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Le salaire reste un sujet tabou en Belgique. Plus de 60% des Belges ne connaissent pas ce que gagne leur collègue, et 20% des francophones ignorent la rémunération de leur partenaire de vie. Une directive européenne pourrait briser la glace.

Discuter ouvertement de son salaire? Les Belges ne sont pas encore cash sur le sujet, à en croire une récente étude de Partena Professional. Si le tabou est toujours coriace dans le monde de l’entreprise, plus étonnant, il l’est aussi entre meilleurs amis et… partenaires privés.

La ténacité du «salary-tabou» pourrait toutefois se relâcher: les entreprises seront en effet bientôt obligées de rendre les salaires transparents –une directive européenne vise à l’imposer d’ici 2026.

Salaire: 6 belges sur 10 ignorent ce que gagne leur collègue

Toujours est-il qu’en l’état, le secret lié au salaire est encore très ancré dans les mentalités en entreprise. Selon l’enquête de Partena, six travailleurs belges sur dix (62%) disent ignorer ce que gagne leur collègue direct. Le pourcentage explose lorsqu’il s’agit du salaire du patron ou du supérieur hiérarchique direct (86%). Plus marquant encore, «16% des hommes connaissent le salaire de leur patron, contre seulement 12% des femmes.»

«Notre étude montre que 14% des travailleurs belges sont à l’aise de parler de salaire. En revanche, 50% déclarent ne pas du tout apprécier d’aborder ce sujet», observe Yves Stox, Managing consultant chez Partena Professional. Pourtant, en creusant un peu plus, il apparaît que la majorité des Belges n’ont en réalité aucun problème avec la transparence salariale: 69% accepteraient que leurs collègues sachent combien ils gagnent. «Il semble donc que ce qui nous gêne surtout, c’est d’engager la conversation à ce sujet

Salaire: les francophones moins à l’aise sur le sujet

Le professeur en économie du travail Stijn Baert, qui a participé à l’étude, note que «les néerlandophones semblent plus ouverts à une discussion sur les salaires que les francophones (…) La génération Z est également moins freinée par les tabous à ce sujet», analyse-t-il.

Les différences de perception liées à l’âge semblent bien réelles. «Les travailleurs de moins de 35 ans estiment qu’il est acceptable que leurs collègues connaissent leur salaire (77%) et n’hésitent pas à avouer qu’ils sont curieux de savoir ce que gagnent leurs pairs (69%).»

2 Belges sur 3 ignorent ce que gagne leur meilleur ami

Mais le «salary-tabou» ne se limite pas au lieu de travail, note l’étude. Il s’invite aussi dans les amitiés et relations. Ainsi, 12% des Belges en couple avec un(e) partenaire salarié(e) ignorent ce que l’autre personne gagne, chiffre Partena. Cette tendance est encore plus prégnante au sud du pays. «Il est intéressant de souligner qu’il n’y a ici pas de différence notable entre les générations, mais bien entre les différentes régions: parmi les Belges francophones, 1 sur 5 (20%) ne connaît pas le salaire de son partenaire», explique Stijn Baert.

«En revanche, ajoute Yves Stox, nous observons un fossé générationnel dans le domaine du cercle d’amis. Deux travailleurs belges sur trois (70%) ignorent ce que gagne leur meilleur(e) ami(e). Mais chez les Belges de moins de 35 ans, ce pourcentage chute à 59%.»

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