A la maison, le tarif au kWh sera celui prévu dans le contrat d’énergie. © belgaimage

Recharger sa voiture électrique: combien ça coûte?

Au domicile, à la borne publique ou au fast charger sur l’autoroute, les solutions pour «abreuver» sa voiture électrique sont multiples. Les écarts de prix aussi!

C’est le nerf de la guerre dans la transition vers la voiture électrique: comment et à quel prix charger son véhicule? Aujourd’hui, les bornes de recharge fleurissent un peu partout en rue – 2 448 nouveaux points viennent d’être annoncés par les 262 communes wallonnes d’ici à 2026 –, dans les parkings, les stations-service… Un écosystème encore balbutiant, investi par des technologies et des acteurs en constante évolution. A la maison aussi, ça bouge, les fournisseurs d’énergie s’adaptent. Petite virée dans ce nouvel univers où l’on ne parle plus de «carburant» ou de «litres», mais de «vitesse de recharge» et de «kilowattheures».

30 euros:

c’est, grosso modo, le prix moyen d’une recharge complète à domicile.

La plus économe: la recharge «homemade»

Pour l’usage quotidien, l’option la plus courante est de recharger son véhicule électrique chez soi. «Souvent, c’est largement suffisant, pose d’emblée Romain Denayer, coordinateur chez EV Belgium, la fédération des entreprises actives dans la transition vers une mobilité zéro émission. Un Belge parcourt en moyenne soixante kilomètres par jour et un véhicule électrique affiche régulièrement aujourd’hui entre trois cents et quatre cents kilomètres d’autonomie, on peut donc se contenter d’une recharge tous les deux ou trois jours, voire une fois par semaine à la maison.»

D’un point de vue technologique, une simple prise électrique suffit, en théorie. «Il faut alors utiliser le chargeur domestique très souvent livré avec le véhicule», rappelle Anthony Docquier, responsable des ventes chez Evercar, revendeur spécialisé en véhicules électriques et hybrides rechargeables. Mais la puissance est limitée à 2,3 kW, le chargement est donc très très lent – sept à huit heures pour récupérer cent kilomètres d’autonomie – et il peut y avoir un risque de surtension sur la prise. Pour accélérer (un peu) les choses, il est possible d’investir dans une prise spécifique un peu plus robuste (150 à 200 euros) qui fournit jusqu’à 3,6 kW. La troisième option, plus rapide et plus sûre, est d’installer une borne de recharge. Elles sont très nombreuses sur le marché avec des puissances variables de 3,7 kW à 22 kW. Il ne faut alors plus que quelques heures, voire moins d’une heure, pour récupérer les fameux cent kilomètres. «Une borne permet aussi d’avoir un peu d’intelligence embarquée. De piloter et d’optimiser la charge de la voiture avec son smartphone», pointe Damien Sury, expert en mobilité durable chez Bruxelles Environnement. Côté prix, une borne coûte entre 600 et 2 000 euros, hors TVA et hors frais d’installation, selon testachats. Jusqu’au 31 août 2024, une réduction d’impôt accompagne toutefois l’investissement: 1 750 euros maximum pour une borne unidirectionnelle.

Comment évaluer le prix d’un «plein» à la maison? A priori, c’est assez simple puisque l’on paie le tarif au kWh prévu dans son contrat d’énergie. Sauf que rares sont les consommateurs qui connaissent ce montant, qui dépend de la situation géographique, du fournisseur, du gestionnaire de réseau. Testachats a fait les calculs (sur la base des tarifs de janvier 2023) pour une voiture consommant 16,5 kWh par cent kilomètres. A Bruxelles, il faut compter autour de 8 euros en moyenne les cent kilomètres (6 euros au minimum et 11 euros maximum, selon la puissance de la borne), en Wallonie, c’est 9 euros en moyenne (de 6,4 euros à 11,8 euros) et en Flandre, les détenteurs d’un compteur digital voient le prix varier fortement de 5 euros à 16 euros en raison de l’application du «tarif capacitaire» (lire l’encadré plus bas).

Pour donner un autre ordre de grandeur, on peut dire qu’une charge complète d’une voiture électrique à domicile avoisine grosso modo une trentaine d’euros. Il existe toutefois des astuces pour diminuer la facture. D’abord, investir dans des panneaux solaires. C’est coûteux, mais radical. «Certains arrivent à ne plus rien payer pour charger leur voiture», constate Romain Denayer. On peut aussi réduire la note en optant pour un contrat d’électricité adapté. De plus en plus de fournisseurs en proposent, avec des kilomètres de charge gratuits et des tarifs réduits. Dernier conseil: passer au tarif bi-horaire. «Recharger la nuit et le week-end permet une économie de 10% à 20% par rapport à une charge au tarif normal», insiste testachats.

La recharge publique, le flou artistique

Autre option pour ravitailler sa voiture en électrons: les bornes publiques. Il s’agit de prises disponibles en rue, dans les parkings de supermarché, les parkings publics, les stations-service… Elles appartiennent à des acteurs privés ou à des entités publiques qui confient leur gestion à des entreprises spécialisées. D’après les statistiques européennes, en juin 2023, la Belgique accueillait plus de 33 700 bornes, la plupart en Flandre, dont 1 621 très rapides (fast chargers). Elles ne cessent de se multiplier et sont répertoriées par de nombreuses applis comme Chargeprice, Chargemap, PlugShare, Electrify.brussels, etc.

Les bornes rapides sur autoroute sont les plus chères.
Les bornes rapides sur autoroute sont les plus chères. © belga image

Côté paiement, ça se complique un peu, car dans le domaine de la voiture électrique, payer par carte bancaire est peu répandu. Il faut donc passer par un «fournisseur de service de recharge», qu’on appelle aussi MSP (pour «mobility service provider»). Celui-ci fournira un badge, une application ou une carte pour recharger et payer. Comment le choisir? Difficile de répondre: ces MSP proposent des formules d’abonnement ou de facturation très différentes et ils se comptent par dizaines – des groupes pétroliers traditionnels aux fournisseurs d’énergie, en passant par les constructeurs auto, les sociétés de leasing ou des entreprises spécialisées dans l’électrique et le rechargement. Pour corser l’affaire, il faut savoir que la carte d’un MSP n’est pas forcément compatible avec toutes les bornes… «Aux Pays-Bas, par exemple, tout est interconnecté. Mais en Belgique, le défi doit encore être relevé, souligne Romain Denayer. L’utilisateur belge d’une voiture électrique possède donc souvent plusieurs cartes pour être sûr de pouvoir charger son véhicule n’importe où.»

Quid des prix? C’est encore un peu plus la jungle. Chaque borne «affiche» son propre tarif (qui n’est visible, la plupart du temps, qu’à l’aide d’un QR code ou une app), mais chaque MSP peut proposer son propre prix au kWh ou à la minute (en plus de l’abonnement ou de frais). Le moins que l’on puisse dire, c’est que tout ça manque cruellement de transparence. A Bruxelles, par exemple, deux opérateurs gèrent les bornes en rue: TotalEnergies et EnergyDrive. Le premier facture 0,64 euro/kWh, le second 0,37 euro/kWh. Des tarifs indicatifs qui varient du simple au double, et qui ne sont pas exactement les mêmes d’une borne à l’autre. «Nos formules de base diffèrent selon la concession et selon le prix de l’électricité sur le marché de gros. Elles sont ensuite adaptées à des fréquences variables, chaque mois ou chaque trimestre, ça dépend des bornes. Enfin, les MSP peuvent appliquer leur propre tarif sur nos bornes, et là, ça ne dépend pas de nous…», détaille Tom Claerbout, porte-parole de TotalEnergies en Belgique, qui précise néanmoins que les tarifs sont disponibles sur l’appli du groupe.

Globalement, testachats considère que faire le plein aux bornes publiques coûte 50% à deux fois plus cher qu’une recharge à domicile, sans compter l’abonnement au service. Enfin, si on utilise les bornes rapides qui chargent en courant continu (quinze à trente minutes pour une charge) sur l’autoroute ou dans les stations-service, le coût grimpe encore. «Le prix est alors plus ou moins le même que le carburant», prévient Anthony Docquier. A contrario, il existe encore chez nous des possibilités de charger gratuitement. Mais sans doute plus pour longtemps. Delhaize, par exemple, propose quelques points de recharge gratuits à 11 kW, mais de nouvelles bornes rapides payantes seront bientôt installées. Certains hôtels ou restaurants offrent aussi la recharge à leurs clients.

Recharger sa voiture électrique au boulot, le bon plan

Les travailleurs détenteurs d’un véhicule électrique peuvent, si l’infrastructure le permet, recharger au boulot. Une solution très économique. «Car l’employeur bénéficie d’un tarif préférentiel pour l’électricité», pointe Catherine Langenaeken, consultante chez Acerta. En général, s’il s’agit d’une voiture de société, la mise à disposition du carburant est prise en charge par l’employeur. De quelle façon? La réponse est là aussi en réflexion. Souvent, ça se passe via les bornes sur le lieu de travail. «Sur le même principe que la carte carburant, l’entreprise peut fournir une carte de recharge utilisable sur ses bornes et aux points de recharge publics.» Enfin, si la recharge a lieu au domicile, l’employeur peut intervenir dans les frais d’installation d’une borne, mais aussi rembourser la consommation électrique. «La difficulté, aujourd’hui, c’est qu’il n’y a pas de circulaire qui indique le mode de calcul. Le meilleur moyen pour connaître la consommation électrique réelle est d’avoir un système de borne intelligent qui enverra les données à l’employeur.»

Gare à l’arrivée du tarif «capacitaire»

Depuis le 1er janvier dernier, les habitants de Flandre ont découvert le tarif «à la capacité» sur une partie de leur contrat d’électricité. Celui-ci prend en compte les pics de puissance réellement utilisée chaque mois, en calculant la moyenne sur les douze derniers mois. En gros, les pics de consommation sont identifiés et facturés plus cher. Cela peut être particulièrement douloureux pour les propriétaires d’une borne de recharge très puissante, car celle-ci fonctionne plusieurs heures à puissance élevée. Ce surcoût annuel peut grimper jusqu’à 1 170 euros pour une borne de 22 kW, a calculé testachats. En cas d’investissement, il est donc conseillé de ne pas choisir une puissance supérieure à 7,4 kW, pour ne pas se retrouver piégé par ce tarif capacitaire, qui ne peut toutefois être appliqué qu’aux détenteurs d’un compteur digital. Pour l’instant, il n’est d’application ni en Wallonie ni à Bruxelles. Mais probablement plus pour longtemps. Une échéance à 2024 a déjà été évoquée…

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