panneaux photovoltaïques
La durée de vie des panneaux photovoltaïques est parfois vue, à tort, comme équivalente à celle de la garantie de production. Mais tant que le rendement est bon, mieux vaut poursuivre l’amortissement de son installation. © POOL UNION EUROPEENNE / AGENCE HANS LUCAS

Quand faut-il remplacer ses panneaux photovoltaïques? La trompeuse garantie de production

Thomas Bernard
Thomas Bernard Journaliste et éditeur multimédia au Vif

La durée de vie effective des panneaux photovoltaïques peut dépasser largement celle de la période de garantie. Tant que le rendement est satisfaisant, l’amortissement se poursuit pour les propriétaires. Au bout de combien de temps le remplacement devient-il envisageable et souhaitable? Deux experts du solaire nous éclairent.

Les propriétaires de panneaux photovoltaïques scrutent désespérément le ciel, à la recherche d’un astre encore très timide en cette saison. Sale temps pour la production d’énergie propre. La faible luminosité permet probablement de générer quelques watts, mais pas de profiter réellement de son installation, encore moins de mesurer son bon fonctionnement. Le retour du soleil sera indispensable pour diagnostiquer toute baisse de production devenue trop importante, compte tenu de l’âge de l’installation.

Au fil du temps, les panneaux photovoltaïques perdent en effet en rendement, captant moins de rayonnement solaire, et donc produisant moins d’électricité. Un phénomène d’usure, inévitable, qui fera baisser, année après année, la puissance maximale de l’installation. Les fabricants assurent aujourd’hui une garantie d’un rendement au-delà de 75% après une période de 20 à 25 ans, voire plus pour certains panneaux haut de gamme.

Passé ce délai, il peut être tentant de réfléchir à remplacer ses panneaux photovoltaïques, notamment pour les acheteurs «pionniers». Mais en réalité, à moins d’un souci technique ou matériel, ceux-ci peuvent continuer de produire sans souci au-delà de cette période. «Les installateurs mettent fortement en avant cette durée de vie fonctionnelle. Elle assure une certaine période durant laquelle la production se fait avec un rendement garanti par le fabricant. Mais certaines installations affichent encore 80 à 85% de leur rendement initial après 30 ans d’exploitation», explique Benjamin Wilkin, directeur de l’asbl Energie Commune.

Logique de marché contre environnement

La perte annuelle de puissance se situe donc autour de 0,5% pour certains panneaux photovoltaïques et les soucis sont plutôt rares, sauf défaut de conception ou dégâts causés par un élément extérieur. «Aujourd’hui, nous avons le recul suffisant, avec les premières installations, pour savoir que la durée de vie attendue est bien respectée. Et ce tant pour le critère de production que de résistance des panneaux dans le temps. Tant que le rendement est bon, je dirais qu’il est préférable de ne toucher à rien. Plus l’investissement est long, mieux c’est», ajoute l’expert du renouvelable.

Un message totalement repris par Francesco Contino, professeur à l’École polytechnique de l’UCLouvain. «Il ne faut pas considérer la fin de la période de garantie de production comme la fin de vie de son installation photovoltaïque. Il y a parfois une déconnexion entre la logique économique et environnementale. La logique de marché pousse au remplacement anticipé des panneaux, alors qu’ils sont encore performants et qu’ils poursuivent leurs effets bénéfiques en matière environnementale. Les changer prématurément n’a pas de sens.»

Le photovoltaïque compense en effet rapidement son coût de fabrication de ce point de vue. «Au bout de deux ans, voire moins, le panneau aura déjà atteint son temps de retour environnemental. C’est-à-dire qu’il aura permis d’économiser l’équivalent de son coût en ressources et en émission de CO2. Sur une durée de vie de 30 ans, il aura donc déjà remboursé quinze fois son coût environnemental, c’est aussi là que réside son intérêt», abonde Benjamin Wilkin.

L’onduleur, le maillon faible

Les deux experts s’accordent pour pointer le maillon faible de l’installation: l’onduleur. Sur cet appareil particulier, permettant de convertir le courant continu provenant des panneaux en courant alternatif pour alimenter les appareils électriques, la garantie est souvent plus faible. Certaines documentations indiquent de sept à dix ans de durée de fonctionnement. «Mais certains sont plus résistants que prévu, pointe Francesco Contino. Il ne faut surtout pas se dire de remplacer ses panneaux photovoltaïques parce que l’onduleur lâche.»

L’électronique de l’onduleur le rend plus sensible, là où les panneaux en sont quasiment dépourvus, donc moins sujet aux pannes précoces. C’est d’ailleurs pour cela que l’entretien est souvent inutile. «Il n’y a rien à faire contre l’usure interne et même le nettoyage est souvent peu nécessaire. Le gain de production sera faible et s’estompera au bout de trois ou quatre semaines. Le pollen qu’on aura bientôt et qui va se poser sur les panneaux partira à la première pluie. Des modèles de panneaux avec une vitre légèrement texturée ont connu quelques soucis, car ils s’encrassent plus rapidement, mais à part ça ou un élément qui s’accumulerait sur le panneau, ils peuvent vivre leur vie», précise Benjamin Wilkin.

Un recyclage à ses débuts

Remplacer ses panneaux solaires trop rapidement est donc souvent déconseillé, même si des motifs pertinents peuvent exister au niveau individuel. En cas de modification de la consommation énergétique ou bien si le toit est recouvert de panneaux d’ancienne génération, qui devaient couvrir plus de surface qu’aujourd’hui pour obtenir la même puissance, un changement peut s’envisager. «Dans la logique d’un ménage, il peut exister de bonnes raisons de vouloir changer. Les prix sont bas et c’est rapidement rentable, pour ceux qui en ont les moyens. Mais d’un point de vue plus macro, c’est du gaspillage de ressources», déplore Francesco Contino.

La chaîne du recyclage en est encore à ses débuts et ne permet pas de valoriser l’entièreté du matériel. Un taux de recyclage de plus de 90 % est atteint aujourd’hui, en fonction du processus, détaille PV Cycle, l’organisme de gestion pour la reprise et le recyclage des panneaux photovoltaïques usagés.

La filière vient seulement de véritablement se mettre en place, car elle devient enfin attractive économiquement. L’an dernier, 1.491 tonnes de panneaux photovoltaïques ont été pris en charge, contre 658 tonnes en 2023, selon les derniers chiffres de PV Cycle. Un chiffre en constante évolution depuis 2020 et qui devrait suivre le boom des installations de ces dernières années.

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