
Prix du gaz en baisse: un «retour à des prix raisonnables», mais pour combien de temps?
Les prix de l’énergie sont en recul depuis quelques jours. Et pas seulement pour le mazout. Le gaz est ainsi passé en quelques semaines à peine de 56 à 36 euros/mégawattheure. «Cela constitue un retour à des prix raisonnables, voire intéressants.»
Pourquoi une telle baisse? Pour le comprendre, il faut regarder vers l’Asie, qui réutilise massivement le charbon, et brûle ainsi moins de gaz pour produire son électricité. Or la Chine, singulièrement, a signé des contrats d’approvisionnement de gaz au long terme, sur 20 ans. Elle reçoit donc trop de gaz par rapport à sa réelle consommation. «Ces volumes non utilisés sont renvoyés vers l’Europe et revendus avec bénéfices. L’Europe, qui paie le prix sur le marché du gaz liquéfié (GNL), pourrait bénéficier de ce surplus venu de Chine pour faire baisser ses prix», explique Damien Ernst, professeur à l’ULiège, spécialiste des questions énergétiques. Mais ce n’est pas l’unique explication. Les marchés ont également anticipé un retour d’approvisionnement de gaz russe par pipeline, ce qui demeure toutefois peu probable en 2025.
«Nous voyons effectivement que les prix de l’électricité et du gaz ont baissé ces derniers mois», confirme Annemarie De Vreese, porte-parole de la Creg. Les consommateurs ayant un contrat variable (environ 70% des ménages) bénéficient automatiquement de cette baisse. «Nous nous attendons à ce que cette baisse des prix de l’énergie se prolonge durant les mois de mai et de juin. Il existe encore une différence significative dans la composante énergie des produits fixes et variables. Elle s’élève à environ 20%, soit 300 euros sur une base annuelle en faveur des produits variables», chiffre la porte-parole.
C’est pourquoi, à l’heure actuelle, les produits à prix variable pour l’électricité et le gaz naturel «sont encore préférés aux produits à prix fixe.» Pour les consommateurs ayant conclu un contrat fixe dans le passé, le CREG Scan permet de le comparer avec l’offre actuelle sur le marché et d’éventuellement choisir un autre contrat via un site de comparaison de prix (par exemple CompacCWaPE).
Il en est de même pour les consommateurs dont les contrats expirent bientôt. «Ils seraient bien avisés de consulter un site de comparaison de prix pour choisir un produit adapté, en prenant soin de vérifier au préalable les conditions des remises éventuelles», conseille encore Annemarie De Vreese.
«L’incertitude actuelle sur le gaz pourrait mener à une dégradation rapide de la situation. Dans ce contexte, il est judicieux de se protéger en optant pour un contrat d’approvisionnement en gaz à prix fixe.»
Annemarie De Vreese
porte-parole de la Creg
Gaz à bas prix: ça ne va pas durer
En revanche, les réserves européennes de gaz sont actuellement assez faibles, et difficilement remplissables sur le court terme. «L’approvisionnement par gazoducs russes fait défaut, et les capacités d’import méthanier sont limitées. Donc, il est peu probable de voir le gaz chuter en-deçà du prix payé actuellement. Le risque est plutôt qu’il réaugmente», estime Damien Ernst.
Cette hypothèse dépend aussi des conditions météorologiques (vent, températures) variables. Par exemple, l’hiver relativement froid de cette année a considérablement augmenté la consommation de la charge chauffage. «L’incertitude actuelle sur le gaz pourrait mener à une dégradation rapide de la situation. Dans ce contexte, il est judicieux de se protéger en optant pour un contrat d’approvisionnement en gaz à prix fixe», conseille l’expert.
Et pour l’électricité, alors? Le raisonnement est identique. Au vu de l’organisation des marchés, l’électricité a toujours tendance à suivre le prix du gaz. Le pellet, enfin, est une option à prendre compte, «même s’il reste difficile de faire des bonnes affaires avec ce dernier. Vu les prix actuels, se chauffer au mazout est plus avantageux.»
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