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Pourquoi les taux d’intérêt sur les comptes épargne restent bas, malgré les bénéfices records des banques (infographie)

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

L’année dernière, en dépit de la crise énergétique et du bond de l’inflation, les grandes banques belges ont réalisé d’excellents résultats. Pourtant, les taux d’intérêts sur les livrets d’épargne restent très bas. Pourquoi ceux-ci ne remontent-ils pas plus rapidement ? Explications.

L’an dernier, les quatre leaders du marché en Belgique, BNP Paribas Fortis, Belfius, KBC et ING Belgique, ont cumulé plus de sept milliards d’euros de bénéfices, écrit notre confrère Sébastien Buron de Trends-Tendances. D’excellents résultats dus à l’effet de rattrapage post-Covid et à l’absence de profonde récession économique.

Un bénéfice net de 4,4 milliards d’euros

Pour le premier trimestre, la banque BNP Paribas annonce également un bénéfice net record de 4,4 milliards d’euros au premier trimestre, dopé par la cession de sa filiale américaine Bank of the West, soit près de 2,5 fois plus qu’en 2022 sur la même période. Malgré ces bénéfices qui s’envolent, la banque propose un taux de base d’à peine 0,50% pour les détenteurs d’un compte-épargne « plus » et de 0,15% sur les comptes-épargnes ordinaires.

Même si les taux d’intérêt sur les comptes-épargne dépassent désormais les 0,11% (le taux d’intérêt minimum légal), ils demeurent bas dans toutes les banques belges. Ainsi, ING propose un taux de base de 0,70% ou de 0,35%, selon le type de compte épargne, alors que KBC et Belfius proposent chacune 0,15% et 0,35%. Les banques Santander, Izola Bank et bunq sont les seules à offrir un taux de base de 1% ou plus.

Professeur de finance à l’UCLouvain et directeur de la recherche Louvain-Finance, Bertrand Candelon s’attend à ce que les taux remontent. « Les taux de refinancement au niveau de la BCE ont augmenté et vont continuer augmenter petit à petit, quoiqu’à un rythme plus faible, car l’inflation est en train de se réduire », explique-t-il.  L’office de statistique Statbel fait état d’une inflation légèrement en baisse en avril, passant de 6,67% à 5,6%.

Si les grandes banques belges enregistrent de gros bénéfices, il n’en va pas de même partout, rappelle Bertrand Candelon. Il y a quelques semaines, deux banques américaines, Silicon Valley Bank (SVB) et Signature Bank, ont fait faillite, et Crédit Suisse a été racheté par UBS. « Si les taux d’intérêt augmentent, les banques ont plus de problèmes pour se refinancer, et donc cela signifie que leur marge va diminuer. Pour éviter que leurs marges diminuent trop, elles n’augmentent pas fort la rémunération des dépôts et les livrets d’épargne. Les banques font en effet un bénéfice avec le taux d’intérêt à long terme dans l’actif. Ce taux d’intérêt à long terme est plus élevé que le taux d’intérêt à court terme des dépôts. C’est ce qu’on appelle la marge », explique le professeur de finance.

Les banques obligées d’ajuster les taux d’intérêt sur les comptes épargne

« Néanmoins, petit à petit, les banques vont être obligées de s’ajuster sous peine de voir leurs clients trouver des opportunités d’investissements ailleurs. S’il y a une banque qui souhaite augmenter le nombre de ses clients, et qui va rémunérer les comptes épargne de manière un peu plus importante, cela va créer une concurrence et augmenter la rémunération », prévoit Bertrand Candelon.

Cependant, au niveau macro-économique, les institutions financières devront veiller à éviter une crise bancaire telle que celle de 2008. Si les taux d’intérêt sur les comptes-épargne n’augmentent donc pas plus rapidement, c’est parce que les banques souhaitent faire preuve de prudence, mais ce n’est pas là leur unique motif. « L’augmentation des taux d’intérêt réduira fortement les marges des banques et risque de les pénaliser. Mais ne nous leurrons pas, c’est à la fois de la prudence et une volonté d’augmenter leurs marges », conclut Bertrand Candelon.

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