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Pourquoi le prix des jouets est (presque) épargné par les crises 

Les fêtes de fin d’année arrivent à grand pas. Et qui dit fête dit traditionnelle distribution de cadeaux. Malgré les diverses crises, le prix du jouet ne semble pas flamber. Comment expliquer cela ? Analyse avec Marc Dhooghe, président de la Fédération belge du Jouet.

Que ce soit pour les produits alimentaires ou non-alimentaires, la crise énergétique cause des dommages non-négligeables sur les prix. Mais un secteur semble cependant échapper à cette hausse générale : celui des jouets.

En effet, selon les chiffres de l’office belge de statistique Statbel, une inflation de 4,6% est constatée sur le marché des jeux entre octobre 2021 et le même mois de 2022. Une augmentation certes inhabituelle par rapport à une « année normale » (où l’augmentation oscille entre 2 et 3 %), mais qui n’est pas non plus inquiétante par rapport aux autres secteurs. « On a quand même un budget familial à respecter et on sait que tout le monde éprouve des difficultés en ce moment, donc on ne se permet pas d’augmentations de 10-12%. Ce serait irréaliste. Les consommateurs décrocheraient et ils n’achèteraient plus rien du tout », indique Marc Dhooghe, président de la Fédération belge du Jouet (FBJ).

Mais comment expliquer que le secteur des jouets passe entre les mailles du filet de la crise ? Pour comprendre, il faut remonter à la fin de l’année 2021. Avec la crise sanitaire et la perturbation du transport maritime, le prix du container avait été multiplié par dix. Mais avec le temps, le marché a progressivement retrouvé son équilibre. « On payait jusque 18.000 dollars pour un container de trente pieds alors que le prix normal se situe dans les 2.500-3.000 euros. Cela a eu une influence pour le début d’année 2022. Par contre depuis mars dernier, il n’y a pas eu d’augmentation, malgré les coûts de l’énergie. »

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Le prix des jouets a surtout augmenté début 2022. © Getty

Pour amortir les frais supplémentaires liés aux prix du container, les commerçants ont décidé d’acheter en gros, quitte à déjà anticiper certains achats pour les périodes importantes. « On s’est un peu surchargés parce qu’on n’a pas forcément besoin de grands containers pendant l’année, mais ça nous permettait d’absorber l’augmentation de prix. On savait que c’était temporaire et effectivement, le coût du conteneur a fortement chuté depuis. »

Avec un stock de jouets et le transport déjà payés avec le début de la guerre en Ukraine, les commerçants n’ont donc pas subi la crise énergétique. « Il faut dire que pour 2022, les conteneurs arrivaient déjà au mois d’août/septembre dans les magasins pour la Saint-Nicolas donc les produits étaient déjà en Europe ou en Belgique avant la crise énergétique donc il n’y a pas de raison d’augmenter les prix. »

Le président de la FBJ se veut donc rassurant pour cette fin d’année. Peut-être un peu moins pour l’année prochaine…

Prix des jouets: méfiance pour 2023

Si les magasins de jouets ont pu anticiper les frais de cette année, ce ne sera pas forcément le cas pour 2023. Après s’être concerté avec de nombreux commerçants, Marc Dhooghe prévoit déjà une augmentation supplémentaire des prix dès le début de l’année prochaine. « Mais elle sera inférieure à celle de ce début d’année. On parle d’un taux entre 1 et 3%, donc c’est assez positif », précise-t-il.

Mais un facteur auquel les gérants de magasins vont désormais devoir prêter attention, c’est bien le prix de l’énergie. Pour limiter la casse au maximum, les commerces changent de tactique et choisissent la prudence. « Si la crise énergétique continue encore six mois, on devra en tenir compte. Mais comme on voit que l’énergie diminue quand même et qu’on se rend bien compte que l’État essaie de faire un maximum pour mettre ça sous cloche, on postpose les achats pour voir où on va. Pour l’instant, les signes ne sont pas aussi noirs que ce qu’on aurait pu croire il y a deux mois. »

Le président de la Fédération belge du Jouet ne se veut donc pas alarmiste. « On a essayé de se rassurer et de rassurer le consommateur, parce qu’on sait que le jouet est important pour le développement des enfants. Ce serait dommage qu’ils recevoient de plus petits jouets alors qu’ils méritent toute notre attention. »

Les parents ne se ruineront donc pas (plus que d’habitude) pour leurs achats de Noël et Saint-Nicolas. Cette année, en tout cas…

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