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Pourquoi le prix du cuivre va toucher directement votre portefeuille: «Un impact permanent»

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Le cours du cuivre part en trompette. Des niveaux historiques causés, notamment, par une demande croissante du matériau pour les énergies renouvelables. Mais pas que. L’emballement boursier pourrait aussi se répercuter sur le prix de produits du quotidien.

Le cuivre devient-il le nouvel «or rouge»? C’est en tout cas le surnom que certains observateurs lui attribuent depuis son ascension vertigineuse en bourse ces dernières semaines. Valorisé à 8.000 dollars la tonne en février, le cuivre n’a fait que grimper ces derniers mois, pour atteindre un pic, la semaine dernière, à plus de 11.000 dollars la tonne. Ce qui correspond, d’ailleurs, à son record historique.

Cours du cuivre – Infogram

Comment expliquer cet emballement, et, surtout, à quel point la hausse du prix de ce matériau peut-elle avoir un impact sur nos achats au quotidien?

Augmentation du cuivre: comment l’expliquer?

Diverses causes peuvent expliquer cette hausse soutenue du prix de cuivre. D’abord, les perspectives de croissance ont le vent en poupe. « La croissance reste solide aux Etats-Unis. Et en Europe, des signaux de reprise apparaissent aussi, note Bernard Keppenne, Chief Economist de la banque CBC. Lorsque le scénario économique est plus favorable, l’ensemble des matières premières en bénéficient directement. La demande devient plus forte.»

L’électrification du parc automobile est une des causes majeures dans l’augmentation du cours du cuivre»

Bernard Keppenne

Chief Economist (CBC)

Pour le cuivre, particulièrement, la demande liée aux énergies renouvelables est très forte. La décarbonation, de façon générale, nécessite un besoin en cuivre important. «Dans les prochaines années, cette demande va encore s’intensifier», prédit l’économiste. Le cuivre fait en effet partie des matières premières les plus utilisées pour les voitures électriques (dans les bobinages des moteurs), les éoliennes ou les pompes à chaleur, pour ne citer qu’elles. «L’électrification du parc automobile est donc une des causes majeures dans l’augmentation du cours du cuivre». Les chiffres à cet égard sont clairs: si la voiture thermique ne demande qu’environ 20 kilos de cuivre pour sa conception, l’électrique, elle, se rapproche des 100 kilos.

Un troisième élément -plus difficile à estimer mais qu’on ne peut pas exclure- souffle sur le cuivre. C’est la spéculation. Cette dernière amplifie les vibrations boursières. Des effets également perceptibles sur un produit comme le cacao.

Cuivre: le secteur minier ne suit plus la demande

Face à l’explosion de l’électrique, les disponibilités minières peinent à suivre la cadence. «On estime qu’il faut en général cinq années entre le moment où on décide de faire des investissements et les premiers effets positifs sur le marché en termes de production», rappelle Bernard Keppenne.

Or, ces dernières années, des phases de désinvestissement assez importantes ont provoqué un déséquilibre. «Il a été accentué après la crise Covid, où une reprise très forte de la consommation des matières premières a eu lieu. Cet ‘effet retard’ augmente les pressions sur les prix du cuivre», analyse l’économiste.

Quel impact sur votre portefeuille?

La demande en cuivre ne se limite pas au secteur des énergies renouvelables. Le matériau est également très présent dans les composants des appareils électroménagers, ou les smartphones. Ainsi, une hausse durable du prix du cuivre pourrait se répercuter sur nos achats quotidiens. «Le secteur gardera de l’inflation. Avec la fin de la crise Covid, on est clairement sorti de la période avec des taux d’inflation très bas voire négatifs. Actuellement, on retrouve ce qu’on peut considérer comme une inflation normale. Dans les prochaines années, les taux d’inflation tourneront autour des 3%», explique le Chief Economist de CBC. Le phénomène de la greenflation joue également. «Il s’agit de l’inflation qui sera inéluctablement entraînée par la nécessité des investissements dans l’énergie renouvelable.»

Si l’impact de l’augmentation du cuivre sur les appareils électroniques ne sera pas démesuré, il est fort à parier qu’il s’inscrive sur le long terme. «On peut même penser qu’il soit permanent. Globalement, la pression sur les prix dans les années futures va croître.»

De là à définitivement qualifier le cuivre d’or rouge, Bernard Keppenne y voit un peu d’exagération. «Les matières premières peuvent acquérir beaucoup de valeur en un court laps de temps. La difficulté réside à définir la part importante de spéculation. Le cacao et le café sont des cas relativement similaires. Qualifier le cuivre d’or rouge n’est donc pas spécialement pertinent.»

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