Pensions: les Belges ne s’estiment pas assez bien informés et s’inquiètent pour leur avenir
En 2023, seuls 39% des Belges s’estimaient suffisamment informés quant au mécanisme des pensions. Un pourcentage en augmentation, mais toujours faible.
Six Belges sur 10 estiment encore être insuffisamment informés quant au mécanisme des pensions, rapporte le sixième observatoire sur « les Belges et leur pension » commandité par le bancassureur CBC et réalisé par Ipsos auprès de 1.086 Belges âgés de 18 à 75 ans.
Moins d’un tiers des répondants indiquent par ailleurs préparer leur pension pour maintenir le niveau de vie qu’ils souhaitent une fois retraités.
Selon cette sixième édition de l’observatoire des pensions, publié lundi, 21% des interrogés s’estimaient bien informés quant au mécanisme des pensions en 2019 contre 39% en 2023. « C’était pourtant l’un des grands objectifs de la ministre des Pensions Karine Lalieux: qu’une majeure partie des Belges soient mieux informés« , a rappelé Patrick Wangneur, conseiller en structurations patrimoniales et prévoyance chez CBC Banque.
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« Il faut reconnaître que le portail mypension.be a permis de mieux informer les citoyens, mais cela n’a pas encore percolé dans la population ».
La pension légale est toujours considérée comme principale source de revenus dès que la retraite a sonné, alors que 38% comptent principalement sur l’épargne-pension (contre 45% en 2022). « C’était pourtant l’un des enjeux de la législature de Mme Lalieux. Or, aucune mesure n’a été prise autour de la pension complémentaire. Les réserves des citoyens sont aujourd’hui trop faibles pour significativement changer le niveau de vie », a commenté Patrick Wangneur. Selon les données de la FSMA, les citoyens de 55 à 64 ans situés dans les huit premiers déciles ont un capital moyen de 50.000 euros en termes de pension complémentaire. « Calculez cela sur 20 ans de pensions en moyenne cela ne représente pas grand-chose« .
Malgré tout, les Belges se veulent moins pessimistes qu’auparavant quant à l’avenir de la pension légale. Près d’un tiers estime que celle-ci restera stable sur les 10 prochaines années, quasiment autant de personnes affirment qu’elle va diminuer, alors que seuls 4% imaginent sa disparition, même si ce pourcentage se veut légèrement plus élevé chez les moins de 35 ans.
Selon Pierre Devolder, professeur de finances à l’UCLouvain, ces résultats confirment la nécessité de renforcer les deux premiers piliers de notre système de pensions. « Il faut rendre le second pilier, soit les assurance-groupes ou pensions complémentaires, obligatoire. Dans la déclaration gouvernementale de la Vivaldi, il y a un point sur l’obligation d’un deuxième pilier à un taux minimum de 3%. Il faut mettre en place cela pour que le système soit déjà plus équitable », a-t-il plaidé.
Le sondage montre par ailleurs que les jeunes sont de plus en plus conscients de la nécessité d’aller vers ces deuxième et troisième piliers pour compléter leur capital. « Les choses changent, mais c’est aussi parce que les jeunes générations sont devenues trop pessimistes sur le premier pilier, la pension légale », a confié M. Devolder. « C’est de la démagogie de dire que ce pilier va s’effondrer. La sécurité sociale est nécessaire pour la solidarité. On peut comprendre cette méfiance autour du premier pilier, mais on ne peut pas l’accepter. »
La question du financement des pensions reste immanquablement dans les têtes. « On devra, dans le futur, savoir quels sacrifices on devra faire pour financer cette pension légale », a confirmé M. Wangneur. « Il y a également un enjeu d’équité, notamment autour des métiers pénibles. Des solutions existent, les experts les proposent. Il est en tout cas nécessaire de réformer ce système qui date de la Seconde Guerre mondiale », a conclu M. Devolder.