Pension légale: percevez-vous plus que la moyenne belge ?
Alors que la Vivaldi doit aboutir à une réforme des pensions, Le Vif a voulu savoir ce que perçevaient réellement les Belges retraités. Selon les derniers chiffres du SPF Finances, la majorité des pensionnés touchent moins de 2000 euros brut par mois. Découvrez, grâce à notre infographie, le pourcentage de Belges qui perçoivent une pension plus ou moins importante que la moyenne.
Une pension de 7813,40 euros brut par mois. Un rêve pour beaucoup, une réalité pour très (très) peu de Belges. Ce montant maximal (qui peut encore augmenter si on est ancien président de la Chambre) n’est en effet perçue que par 2.187 fonctionnaires, selon les chiffres publiés par nos confrères du Belang Van Limburg en mars. Il faut redescendre de quelques milliers d’euros pour trouver les montants perçus par la majorité. Selon les chiffres du SFP Pensions, que Le Vif a obtenus, 70% des pensionnés belges reçoivent en effet moins de 2000 euros brut par mois. La tranche la plus fréquente étant entre 1200 et 1500 euros brut par mois.
A noter qu’il s’agit ici des montants de janvier 2022. Depuis, les pensionnés ont déjà profité de six indexations de 2% de leur pension brut (en janvier, mars, mai, août, novembre et décembre). Soit plus de 12% d’indexation.
Suite de l’article après l’infographie
Même si la grande majorité des Belges est clairement en dessous du plafond, peut-on cependant les considérer comme mal lotis ? La réponse est clairement non, selon Jean Hindriks, économistes à l’UCLouvain. « Quand on regarde les chiffres de la pauvreté, on voit clairement que celle-ci n’est pas la plus élevée chez les retraités, mais bien chez les jeunes, actifs ou non. Cela suggère que les pensionnés ne sont pas si mal lotis. La plupart ont accumulé une épargne, ont fini de payer leur maison par rapport à des jeunes qui aujourd’hui doivent débourser des prix beaucoup plus élevés pour accéder à la propriété. Ils n’ont plus d’enfants à charge, sont moins taxés que les actifs et ont une série d’avantages que les jeunes n’ont pas. »
D’autant plus, selon l’économiste, que le tableau comprend tous les pensionnés. « L’infographie est trompeuse dans un certain sens parce qu’elle sous-estime ce que les personnes qui partent à la pension maintenant peuvent espérer comme montant effectif. Parmi tous les gens qui sont derrière ces chiffres, il y a des pensions de survie, il y a des femmes plus âgées qui ne travaillaient pas ou peu. Aujourd’hui, de plus en plus les femmes travaillent avec des pensions qui leur permettent de vivre. Les pensions des nouveaux retraités sont plus élevées. Il faut bien prendre les chiffres pour ce qu’ils sont : une moyenne où l’on mélange les ‘vieux’ et les nouveaux pensionnés, pas un indicateur de ce que je peux espérer avoir. »
Dans son analyse, Jean Hindriks pointe également, sans grosse surprise, la différence clairement visiblement entre les hommes et les femmes. 330 euros brut par mois en défaveur des femmes. « C’est un chiffre moins élevé de ce qu’on peut souvent lire parce que l’infographie reprend les fonctionnaires, qui ont une meilleure pension. Or les femmes sont plus présentes dans la fonction publique, notamment dans l’enseignement. »
Peu de préparation
Cependant, selon une étude réalisée chaque année par CBC, une large majorité des Belges estiment ne pas préparer suffisamment leur pension. A tel point que seuls deux Belges sur dix estiment pouvoir maintenir leur niveau de vie. Plus de la moitié pense rencontrer des difficultés. Une fois à la retraite, 65% comptent en priorité sur leur pension légale. Soit sur les montants ci-dessus. Selon Patrick Wangneur, expert en prévoyance chez CBC, « la manière dont les Belges abordent la question de leur pension est très paradoxale. Ils sont conscients qu’ils pourront rencontrer des difficultés, mais ils ne se préparent pas ou pas assez. » « La crise économique actuelle ne favorise pas une bonne préparation, ce pourquoi les Belges misent avant tout sur leur pension légale. Cela montre à nouveau à quel point une vraie réforme des pensions est cruciale en Belgique », conclut l’expert.
Une vraie réforme
Sur ce dernier point, Jean Hindriks est plus que d’accord. « On fait beaucoup de bruit autour de la pension minimum à 1500 euros net après avoir une carrière complète, mais c’est un miroir aux alouettes. Une grande partie de ceux qui ont une carrière complète seront déjà d’office au dessus de cette pension minimum. Aujourd’hui on paye à crédit les pensions, mais jusqu’où ? On va avoir de plus en plus de pensionnés et nous n’avons pas de réserve. C’est affligeant de voir le manque de sérieux de nos gouvernants. Plus on tarde, plus on devra faire des gros efforts.»
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