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Panneaux photovoltaïques, la grande pagaille: « On a mis le feu là où il ne fallait pas »

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Les installateurs de panneaux photovoltaïques croulent sous les demandes. En cause : la fin du régime de compensation financière le 31 décembre. En parallèle, la certification obligatoire pour les installateurs a semé la pagaille.

Double coup de pression pour le secteur du photovoltaïque. Début avril, suite à une décision du gouvernement wallon, les installateurs de panneaux photovoltaïques devaient désormais être certifiés « Qualiwall » pour continuer à exercer. Le sésame est obtenu à la suite d’une formation dans un des organismes wallons agréés. La demande a explosé, provoquant un véritable engorgement et ralentissant les délais de délivrance. Face à une tension naissante chez les installateurs, les autorités ont décidé de postposer l’échéance au 1er juin 2025. « Les entreprises n’ont pas été suffisamment informées », reconnaît le cabinet du ministre wallon de l’Energie, Philippe Henry (Ecolo).

Les entreprises n’ont pas été suffisamment informées.

Le cabinet de Philippe Henry (Ecolo), ministre wallon de l’Energie

Panneaux photovoltaïques: la crainte du secteur

Le secteur, lui, ne souffle qu’à moitié. « Ce n’est pas un réel soulagement, mais le ministre a fait son mea culpa. Le système était engorgé, déplore Régis François, président de l’asbl BeProsumer, qui défend les intérêts des propriétaires de panneaux photovoltaïques. Le problème majeur de ce report est qu’il permet à des cowboys de continuer à opérer sur le marché sans aucune certification. Ce qui devait être un label de qualité est passé inaperçu auprès des clients. » Une crainte qui a poussé l’asbl à établir son propre consortium d’installateurs fiables, dès 2024.

Philippe Henry a mis le feu là où il ne fallait pas.

Jean-Luc Crucke (Les Engagés)

Alerté par le secteur, le député wallon Jean-Luc Crucke (Les Engagés) a interpellé le ministre sur la question. « Philippe Henry a mis le feu là où il ne fallait pas. Quand il s’est rendu compte de son erreur, le pyromane s’est transformé en pompier », tance-t-il. Et de dénoncer une incompréhension, un « excès d’optimisme » et un manque d’écoute au sein du cabinet Henry. « On veut toujours réguler, réencadrer, mais la réalité du terrain est différente. Il est inutile de taper sur un domaine dont on a fortement besoin pour respecter nos engagements en matière de durabilité. » « Nous avons directement proposé au gouvernement de reporter l’échéance après avoir pris connaissance des problèmes liés à la mise en œuvre de cet arrêté ; on ne peut pas parler de manque d’écoute », rétorque le cabinet Henry.

Risque de course à l’installation

En parallèle, une autre échéance, maintenue cette fois, presse nouveaux clients et installateurs. De fait, les premiers ont jusqu’au 31 décembre prochain pour profiter du régime de compensation financière du « compteur qui tourne à l’envers », qui dédommage, jusqu’en 2030, le surplus d’énergie produit par les panneaux solaires non-utilisé par le foyer et injecté sur le réseau.

L’argument commercial est devenu la rapidité, mais pas la bonne exécution.

Régis François (Beprosumer)

Face à ce compte à rebours, « la course à l’installation est un risque évident, fait remarquer Jean-Luc Crucke. Les carnets de commande des installateurs les plus sérieux sont remplis jusqu’à la fin de l’année. Si l’un d’eux est disponible rapidement, posez-vous des questions… », prévient-il. Régis François abonde : « L’argument commercial est devenu la rapidité, mais pas la bonne exécution. Cependant, un report du moratoire ne ferait qu’allonger le problème dans le temps. » Le cabinet Henry précise que cette date a été fixée il y a longtemps : « A cet égard, nous n’avons pris personne de court. »

Précision importante : le 31 décembre est la date limite de la confirmation d’installation par un organisme agréé et non pas de l’installation en tant que telle.

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