investir
© Getty

« Les taux sont remontés massivement »: pourquoi vous devriez investir dans les obligations sans plus attendre

Pour investir intelligemment en 2024, il faudra être «discipliné», estime Nicolas Deltour, responsable de la stratégie d’investissement chez Belfius.

Après une année marquée par l’inflation, il est primordial de se positionner, en 2024, sur des classes d’actifs rentables. Dans ce contexte, l’idéal est d’adapter son portefeuille de valeurs financières sans trop tarder. Mais de quelle manière?

Dans un contexte incertain, Nicolas Deltour (Belfius) recommande aux investisseurs lambda d’élaborer une stratégie qualitative sur trois axes. Premièrement, il conseille d’étaler ses investissements dans le temps. «D’un point de vue statistique et financier, cela n’apporte pas grand-chose, mais d’un point de vue psychologique, l’investisseur est conscient du fait qu’il “lisse” donc qu’il dilue le risque d’avoir acheté au mauvais moment, ce qui peut être rassurant.» Ensuite, l’expert rappelle qu’il est primordial d’acheter «pour le futur, pas pour le passé». «Il faut toujours s’interroger sur le potentiel à moyen et long terme de ce qu’on achète, plutôt que de se concentrer sur les performances d’il y a deux ans», insiste-t-il. Troisièmement, Nicolas Deltour préconise de rester cohérent par rapport à son horizon de placement. «C’est le plus difficile, s’exclame-t-il. Si l’investisseur a une bonne idée des fondamentaux dans lesquels il croit, et qu’il a bien adhéré aux raisonnements de son financier, il doit tenir bon et ne pas tout revendre à la première secousse. Lorsqu’on achète un bien immobilier, il y a des moments où la valeur du bien augmente, d’autres où elle diminue. On ne revend pas le bien pour autant. Il en va de même avec un portefeuille d’investissements. Quand on a investi dans des thèmes porteurs, il faut se concentrer là-dessus et ne pas se préoccuper du bruit.»

Les obligations en vedette en 2024

En matière d’investissement, la première stratégie gagnante en 2024 vise à renforcer la partie défensive de son portefeuille et donc, d’investir dans les obligations. «Les taux sont remontés massivement en 2022, confirme le stratégiste. C’était une mauvaise nouvelle pour l’emprunteur, mais une excellente pour l’investisseur. Les personnes qui envisagent de réaliser des placements ne doivent plus trop attendre, car les taux pourraient légèrement baisser dans les prochains mois.»

Il faut toujours s’interroger sur le potentiel à moyen et long terme de ce qu’on achète, pas sur les performances d’il y a deux ans.» Nicolas Deltour, responsable de la stratégie d’investissement chez Belfius

Nicolas Deltour soutient que les taux ont été relevés par les banques centrales dans le but de lutter contre l’inflation. Or, à l’heure actuelle, l’inflation est en chute libre. «En zone euro, elle se chiffre à 2,9%, contre 10% en 2022. Dès l’instant où les banques centrales ne devront plus lutter contre l’inflation, elles redescendront leur taux. Si les méthodes des institutions sont aussi violentes que lorsqu’elles ont augmenté leurs taux, cela risque de surprendre pas mal d’investisseurs», avertit-il.

En corollaire, même si la courbe des taux est actuellement inversée (les taux courts sont légèrement plus élevés que les taux à long terme), l’expert invite à ne pas concentrer ses placements sur les maturités les plus courtes. «Si l’on en croit le marché, les taux seront plus bas dans un an, l’investissement sera alors moins avantageux. De plus, si les taux baissent, cela fera monter la valeur des titres obligataires. C’est d’autant plus vrai pour les maturités moyennes et longues que pour les maturités courtes», précise-t-il. Par ailleurs, l’expert recommande de privilégier les «corporate bonds», donc les émissions d’entreprises. Selon lui, ces dernières devraient rapporter 1% de plus que les obligations des gouvernements (bons d’Etat, etc.).

Nicolas Deltour, responsable de la stratégie d’investissement chez Belfius
Nicolas Deltour, responsable de la stratégie d’investissement chez Belfius © National

Par ailleurs, Nicolas Deltour conseille d’investir dans différents secteurs. «Même lorsqu’il s’agit d’émetteurs de haute qualité, l’investisseur n’est jamais à l’abri d’un couac. Il faut donc varier les investissements à travers des fonds, des trackers, de sorte à pouvoir compenser d’une façon ou d’une autre un défaut, une mauvaise surprise», détaille-t-il. Néanmoins, les taux étant devenus plus élevés, il souligne qu’il peut être intéressant de «travailler la fiscalité de ces taux d’intérêt». «Dans certains cas, l’assurance vie (branche 21 et branche 23) peut offrir de belles alternatives. Je pense d’ailleurs qu’au sein de plusieurs maisons, la branche 21 (qui garantit le capital et le rendement, pour autant qu’on la conserve pendant huit ans) est tout aussi intéressante.»

Capter les performances des marchés

Les entreprises de qualité verront leurs bénéfices progresser malgré un ralentissement de la croissance économique. Voilà pourquoi Nicolas Deltour estime judicieux d’investir dans certaines actions. Mais la prudence s’impose. «L’économie ralentit. Certains secteurs, comme l’automobile et le luxe, sont plus exposés. D’autres domaines, comme le pharmaceutique, sont moins sensibles. Sur la durée, ils offrent une perspective de belle croissance, il y a donc du potentiel pour ce type d’actions, comme pour tout ce qui englobe la révolution verte», détaille-t-il. Par ailleurs, Nicolas Deltour recommande d’investir dans les actions liées à la technologie américaine ainsiqu’à l’intelligence artificielle.

Mais comment la répartition actions-obligations doit-elle se faire? «Tout dépendra bien évidemment du profil de risque de l’investisseur et de son horizon de placement, poursuit Nicolas Deltour. Le plus judicieux reste de consulter un financier, qui, conformément à la réglementation, posera les questions adéquates et déterminera le profil de l’investisseur

Enfin, en matière de diversification, Nicolas Deltour déconseille une classe d’actifs en particulier: l’immobilier en détention directe. «L’immobilier coté en Bourse a chuté, mais pas l’immobilier physique. Pourquoi acheter un appartement et le louer, alors que vous pouvez avoir des rendements très proches, voire supérieurs, avec les marchés d’obligations? L’immobilier en détention privée doit d’abord diminuer ses prix pour redevenir compétitif.»

© National

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire