14% des Belges possèdent un compte d’épargne auprès d’une banque en ligne, selon un récent sondage de Santander Consumer Bank. © Getty Images

Les Belges de plus en plus séduits par les banques en ligne: «Elles sont obligées d’être agressives»

L’essentiel

· Selon un récent sondage de Santander Consumer Bank, 14% des Belges possèdent un compte d’épargne auprès d’une banque en ligne.
· Les banques en ligne proposent souvent des taux plus intéressants que les grandes banques traditionnelles.
· Ces banques sont souvent des filiales de grandes structures étrangères et utilisent les fonds d’épargne en Belgique pour d’autres produits à l’étranger.
· Les banques en ligne s’adressent principalement aux gros épargnants qui souhaitent diversifier leurs placements.
· Malgré leur satisfaction élevée auprès des clients, les banques en ligne ne conviennent pas à tout le monde en raison de l’absence de contact physique.

De plus en plus de Belges ouvrent un compte d’épargne auprès d’une banque en ligne. Bien qu’elles ne fassent pas encore de l’ombre aux mastodontes qui règnent sur le marché depuis des décennies, elles proposent souvent des taux plus intéressants. Passage en revue de leurs avantages et inconvénients.

Cette semaine, Santander Consumer Bank a publié une enquête plutôt encourageante pour les banques en ligne, ces nouvelles actrices qui ne disposent d’aucune agence physique. Entre 2023 et 2024, le nombre de Belges possédant un compte d’épargne dans l’une d’elles serait passé de 9 à 14%. Certes, une belle progression. Mais cela démontre aussi qu’elles restent marginales dans l’esprit de nombreux Belges.

Dans les comparateurs, les banques en ligne se retrouvent assez haut dans les classements. Elles offrent souvent les taux les plus intéressants du marché. Sur guide-épargne.be, six des dix formules les plus attractives sont issues de Santander Consumer Bank, MeDirect, NIBC et Keytrade Bank. Chacune propose au moins un compte d’épargne avec un taux compris entre 2,55 et 3%.

Selon Brecht Coene, responsable du site comparatif, ces banques en ligne ont une bonne raison de se montrer si compétitives. «Ce sont des challengers, explique-t-il. Elles sont arrivées bien plus tard sur le marché et sont obligées de se positionner plus agressivement pour réussir à capter une partie des épargnants.»

Ce n’est pas tout. Il s’agit généralement de filiales de plus grosses structures actives à l’étranger. «En Belgique, à part Keytrade, ces banques ne proposent que des produits d’épargne. Elles ne peuvent donc jouer que sur leurs taux pour attirer des clients. Leur but est d’attirer des fonds afin de les utiliser pour d’autres produits, souvent à l’étranger. Santander, par exemple, lève des fonds d’épargne en Belgique dans le but de les convertir en crédits de consommation ailleurs en Europe», éclaire le spécialiste.

D’après le sondage commandé par Santander Consumer Bank, seuls deux Belges sur cinq connaissent le taux d’intérêt actuel de leur compte d’épargne. Rien d’étonnant selon Brecht Coene. «Beaucoup de Belges sont clients auprès des quatre grandes banques du pays (NDLR: BNP Paribas Fortis, KBC, Belfius et ING) et ne cherchent pas à savoir si l’herbe est plus verte ailleurs», constate-t-il.

Une erreur? Pas forcément. «Comme les banques en ligne ne proposent généralement pas tous les produits dont on a besoin dans la vie, elles sont surtout destinées aux personnes qui ont suffisamment de réserves à placer sur un compte d’épargne. Lorsque ce n’est pas le cas, on ne s’intéresse pas vraiment aux taux d’épargne et, de toute façon, on n’a pas vraiment d’intérêt à franchir le pas vers une banque qui ne comblera pas toutes nos attentes», avance le responsable de guide-épargne.be

Les comptes d’épargne des banques en ligne sont surtout utiles pour les gros épargnants qui souhaitent diluer les risques

Brecht Coene, responsable du site comparatif guide-épargne.be

L’enquête de Santander Consumer Bank confirme cet argument. Les Belges les plus enclins à confier leur argent à une banque en ligne sont aussi ceux qui s’y connaissent en finance et comparent les taux. Ils répondent souvent à un profil spécifique : des hommes (21 %), Bruxellois (27 %) et âgés de 45 à 54 ans (23 %).

Brecht Coene estime que les banques en ligne s’adressent principalement aux gros épargnants. «Il ne faut pas oublier que les dépôts sont garantis à concurrence de 100.000 euros par personne et par banque, rappelle-t-il. Ce sont donc surtout ceux qui veulent diluer les risques qui ont un intérêt à placer une partie de leur épargne sur de tels comptes.»

Or, la plupart des Belges ne peuvent pas épargner plus de 250 euros par mois, ressort-il de l’enquête de Santander Consumer Bank. «À peine un Belge sur cinq a une stratégie d’épargne qui lui permet de mettre régulièrement de côté un montant fixe, complète la banque en ligne. Pour de nombreuses personnes, épargner efficacement est un véritable défi.»

Parmi les autres points qui peuvent jouer en défaveur de ces banques en ligne, il y a évidemment le fait qu’une rencontre «physique» avec un collaborateur humain est impossible. C’est ce qui les définit. Mais est-ce réellement un problème, dans la mesure où elles proposent surtout des comptes d’épargne ?

«Cela dépend de vos préférences, répond Brecht Coene. Mais il est évident que lorsqu’il ne s’agit que de placer de l’argent sur un compte d’épargne, il n’y a pas vraiment de raison de vouloir absolument parler à quelqu’un. Et en cas de pépin, les banques en ligne peuvent tout de même être contactées par téléphone ou par mail. Dans le même temps, il n’est plus si facile de rencontrer rapidement quelqu’un au sein des banques classiques, qui misent à fond sur la digitalisation. Seule une poignée d’entre elles jouent encore la carte du contact humain, comme Crelan.»

Le spécialiste attire aussi l’attention des épargnants sur les conditions qui entourent parfois les formules attrayantes. «Ce n’est pas une spécificité des banques en ligne, mais pour bénéficier des meilleurs taux, il faut parfois déposer un minimum et/ou un maximum d’argent dans un certain laps de temps», souligne Brecht Coene.

Notons enfin que les banques en ligne jouissent d’un taux de satisfaction élevé auprès de leurs clients. NIBC et Santander se classent ainsi 1ère et 2ème d’un récent sondage de Testachats, là où les grandes banques obtiennent des scores médiocres. «Il faut toutefois nuancer ces résultats, commente l’expert. À part un mauvais calcul des intérêts, un compte d’épargne n’est pas un produit susceptible de générer des problèmes. Il paraît donc logique que les banques en ligne satisfont davantage leurs clients. La comparaison n’est donc pas vraiment équitable.»

« Les banques fourbissent leurs armes en vue de récupérer l’argent du bon d’État »

Selon Brecht Coene, de nouvelles formules d’épargne vont apparaître sur le marché d’ici quelques semaines. «On est sur un plateau depuis quelques mois, mais il va bientôt y avoir du mouvement. Toutes les banques fourbissent leurs armes en vue de récupérer une part des 22 milliards d’euros du bon d’État de l’an dernier qui vont revenir sur le marché. Elles vont proposer des formules spéciales à travers leurs comptes d’épargne et leurs comptes à terme. Cela devrait se produire aux alentours du 2 septembre. Dans le même temps, certains pensent que la BCE baissera à nouveau son taux de base, ce qui pourrait se répercuter sur les taux d’épargne. Mais personnellement, je pense qu’on se dirige plutôt vers un statu quo.»

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