épargne belges
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Le Belge n’a pas pu épargner autant qu’il le souhaitait en 2024

Le Vif

Chaque année, la Banque nationale de Belgique publie un rapport sur les évolutions économiques et financières en Belgique, en Europe et dans le monde au cours de l’année précédente. Dépenses, épargne, inflation, emploi, on fait le point sur les chiffres de 2024.

Malgré des tensions géopolitiques et des conflits armés régionaux qui se sont poursuivi ou se sont étendus à travers le monde, l’économie mondiale, en 2024, s’est plutôt bien portée, selon la BNB. Dépenses et épargne des Belges, inflation et emploi, qu’en est-il?

L’épargne des Belges en baisse

Tout d’abord, les dépenses de consommation des ménages, qui ont augmenté de près de 2% en 2024, dépassant la moyenne de la zone euro (0,7%,), ressort-il du rapport annuel de la Banque nationale de Belgique publié jeudi. Le taux d’épargne des ménages s’est en revanche contracté, à 13,6% du revenu disponible, un taux inférieur à la moyenne de la zone euro (15%). Ce léger repli est principalement dû au fait que les dépenses de consommation des ménages belges ont progressé plus rapidement que leurs revenus. Malgré ce recul, il demeure cependant plus élevé que la moyenne belge entre 2010 et 2019 (12,7%). 

Le secteur de l’immobilier n’a toutefois pas bénéficié de cette augmentation des dépenses. Les investissements dans le logement ont en effet diminué de plus de 4% par rapport à 2023 en raison de conditions de financements plus exigeantes et d’une augmentation des coûts de la construction. L’anticipation de baisses de taux futures a notamment pu inciter les ménagers à reporter leurs projets d’investissement immobilier, note la BNB. 

Par ailleurs, le pouvoir d’achat des ménages affichait une progression d’un peu plus d’1% en 2024. Il s’agit d’un ralentissement par rapport à l’année précédente lorsqu’il dépassait les 2%

L’inflation belge, l’une des plus élevées d’Europe

L’inflation totale en Belgique a presque doublé entre 2023 et 2024, pour atteindre l’un des niveaux les plus élevés de la zone euro. Alors qu’elle était retombée à 2,3% en 2023, l’inflation a atteint 4,3% l’an dernier. L’inflation selon l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) a augmenté principalement sous l’effet de l’inflation énergétique, redevenue positive en 2024 après avoir été négative l’année précédente, note le rapport de la BNB. En revanche, l’inflation sous-jacente et l’inflation alimentaire ont ralenti en 2024.

La BNB impute « largement » la hausse de l’inflation énergétique aux mesures gouvernementales. Elle pointe notamment la disparition du forfait de base pour le gaz (135 euros) et l’électricité (61 euros) de l’indice des prix à la consommation. Octroyé entre novembre 2022 et mars 2023, celui-ci a exercé une pression baissière sur l’inflation énergétique jusqu’en mars 2024. Sa suppression a donc contribué à accélérer statistiquement l’inflation énergétique. En outre, les accises spéciales sur le gaz et l’électricité ont également augmenté en 2024, compte tenu de la forte baisse des prix de gros.

L’inflation des produits alimentaires a sensiblement ralenti en 2024, mais est restée élevée, à 5%, poussée par les prix du tabac (+21,7%) inclus dans les statistiques des produits alimentaires transformés. L’inflation sous-jacente, qui comprend les biens industriels non énergétiques et les services, a quant à elle poursuivi son ralentissement, déjà amorcé en 2023. Elle s’établissait à 3,4% en 2024, soit un net recul par rapport au pic de 6,5% au deuxième trimestre de 2023.

Dans le détail, la BNB constate que l’inflation des biens a poursuivi une décrue constante tandis que l’inflation des services a diminué beaucoup moins rapidement. Cet effet d’asymétrie est notamment dû à la progression des coûts salariaux engendrée par l’indexation automatique des salaires, ce qui a continué à influer sur le prix des services en 2024.

Moins d’emplois créés en 2024

Les créations nettes d’emplois se sont chiffrées à 13.000 unités en 2024, ce qui représente un tiers de l’accroissement de l’année précédente. La création d’emplois a principalement été soutenue par l’emploi public et des secteurs qui comptent de nombreux emplois subsidiés tels que la santé et l’action sociale. L’emploi salarié dans les activités et services marchands a en revanche légèrement reculé en 2024. Ce repli concerne principalement l’industrie, le commerce, les transports et l’horeca

Le taux d’emploi n’a que faiblement progressé entre 2023 et 2024, passant de 72,1 à 72,2% en moyenne sur les trois premiers trimestres de 2024. La Belgique continue d’accumuler un retard significatif par rapport à l’Union européenne, de l’ordre de 3,7%,, et cet écart a encore progressé. La BNB estime en outre que l’objectif d’un taux d’emploi de 80% pour l’horizon 2030 sera particulièrement difficile à atteindre. 

Autre problématique importante relevée par le rapport de la Banque nationale de Belgique: les pénuries restent substantielles sur le marché du travail en 2024. Le taux de vacance d’emplois, soit la proportion d’emplois vacants dans le nombre total de postes pourvus et non pourvus, n’a que très légèrement reculé en 2024, pour s’établir à 4,2% au troisième trimestre 2024. Cela équivaut à 177.000 emplois non pourvus en Belgique. Cette proportion est nettement plus élevée que dans l’ensemble de l’Union européenne. 

Ces pénuries sont notables dans des secteurs tels que les activités scientifiques et techniques, la construction, l’énergie, l’information et la communication, les services aux entreprises et l’horeca. Les causes avancées sont principalement d’ordre structurel et concernent les conditions de travail, l’inadéquation entre les compétences du candidat et celles requises, les contraintes familiales ou personnelles, le lieu de travail ou encore les stéréotypes. La faible mobilité, notamment géographique, reste également une caractéristique du marché du travail en Belgique, notamment en raison d’un manque de connaissance d’une des autres langues nationales

En moyenne, le taux de chômage s’élevait à 5,7% pour les trois premiers trimestres, avec une différence notoire entre les régions. Il s’établissait ainsi à 3,8% en Flandre, 7,3% en Wallonie et 11,8% à Bruxelles.

(Avec Belga)

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