Bon d’Etat: que réserve la nouvelle fournée ? « Le gouvernement souhaite recapturer l’épargne à long terme »
Un nouveau bon d’État sera mis sur le marché en décembre. Avec des interrogations déjà nombreuses : quelles conditions pour l’épargnant, quelles différences avec la dernière offre, ou encore quels risques pour la stabilité bancaire ? « Si les conditions sont favorables, entre 7 et 8 milliards pourraient être souscrits », prédit l’économiste Bruno Colmant (ULB).
Comme un cadeau de Saint-Nicolas, un nouveau bon d’Etat se glissera dans les souliers de milliers de Belges, début décembre. Le grand Saint Van Peteghem, ministre des Finances aux airs de patron des épargnants, l’a confirmé à VTM NEWS.
Pour le grand déballage, la date du 4 décembre est néanmoins évoquée par nos confrères de Sudinfo. La qualité de l’offre étatique fait d’ores et déjà l’objet de toutes les interrogations. Quel taux sera proposé ? Quelle réelle différence avec le dernier bon d’Etat ?
L’Agence de la dette précise par ailleurs que « la maturité de ce(s) bon(s) d’État sera communiquée le vendredi 17 novembre, et le coupon le mardi 28 novembre ».
La période de souscription se déroulera quant à elle du jeudi 30 novembre au vendredi 8 décembre pour les souscriptions auprès des établissements placeurs, et du jeudi 30 novembre au jeudi 7 décembre pour les souscriptions auprès de l’Agence (service des Grands Livres).
« Cette annonce est une bonne chose dans le sens où l’Etat reprend le rôle qu’il jouait avant dans la canalisation de l’épargne. Une fonction qui est légitime », juge l’économiste Bruno Colmant (ULB), membre de l’Académie royale de Belgique.
Quelles différences avec le dernier bon d’Etat ?
Le dernier bon d’Etat émis à un taux de 2,81% avait connu un succès détonant, en rassemblant près de 22 milliards, un record absolu. « Si les conditions sont favorables – comme la possibilité de l’inscrire aux Grands Livres de l’Agence fédérale de la Dette, ou encore la suppression de taxe sur les compte-titres – ce bon d’Etat connaîtra un nouveau succès. Mais probablement pas aussi foudroyant que le précédent en date », avance Bruno Colmant.
L’économiste prend les paris : « Entre 7 et 8 milliards pourraient être souscrits », estime-t-il. Une somme importante, mais qui ne battrait donc pas le sommet historique atteint en août dernier. Le taux proposé demeure quant à lui inconnu (sera-t-il supérieur ou non aux 2,81% proposés en été ?).
L’Etat souhaite recapturer une partie de l’épargne à long terme.
Bruno Colmant, économiste
Une différence majeure semble toutefois se dégager. « Il est probable plusieurs échéances soient proposées, cette fois. A 1, 3 et 5 ans, par exemple. Car l’Etat souhaite recapturer une partie de l’épargne à long terme, analysait Bruno Colmant hier. Il est donc fort à parier que l’on retrouve cette gradation. Cependant, le taux ne sera peut-être pas aussi favorable que celui proposé en été ».
La vraie différence serait donc la possibilité d’élargir son prêt à l’Etat sur la durée, alors que le précédent bon se limitait à une année. « L’Etat a toujours comme objectif (compréhensible) de sécuriser son financement à long terme. Mais d’un autre côté, l’épargnant n’aime pas prêter à trop long terme. Ces différents choix dans les maturités pourraient arranger tout le monde ».
Un risque pour la stabilité bancaire ?
Pour l’économiste, ce nouveau bon d’Etat ne représente pas de risque sérieux pour la stabilité financière des banques. « Auparavant, l’Etat arrêtait d’émettre des bons lorsque les taux d’intérêt devenaient nuls. L’argent s’est alors redirigé vers les banques. Donc, actuellement, on assiste simplement à un retour à la normale. Il n’y aucun risque de liquidité bancaire. En rythme de croisière, ajoute-t-il, l’Etat devrait en permanence (par roulements, échéance après échéance), avoir environ 40 milliards en gestion », rappelle-t-il.
Quant à la question de savoir si cette nouvelle annonce pourrait relancer une course aux taux d’intérêt entre les banques d’ici décembre, afin de minimiser la fuite d’argent des comptes d’épargne, là aussi, l’économiste reste prudent. « Je ne pense pas que les banques augmenteront de façon extraodinaire leurs taux d’intérêt. Tout le monde est plutôt dans l’attente. La seule question est de savoir quel sera le succès final. »
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