Faut-il opter pour un crédit hypothécaire à taux variable «protégé», formule hybride unique en Belgique? © Getty Images

Le crédit hypothécaire à taux variable «protégé», nouveau venu sur le marché belge: «Ca peut convenir à une certaine clientèle»

Elise Legrand
Elise Legrand Journaliste

Belfius lance un crédit hypothécaire à taux variable «protégé», combinant les avantages des taux fixe et variable. Mais pour s’assurer à la fois sécurité et flexibilité, il y a logiquement un prix à payer.

C’est une initiative unique dans le paysage financier belge. Jeudi, Belfius a lancé un prêt hypothécaire à taux «variable, mais encadré». Cette nouvelle option qui s’offre aux emprunteurs repose sur un modèle hybride, censé à la fois combiner les avantages des taux fixe et variable.

Contrairement au crédit à taux variable classique, dont la mensualité à verser ou la durée peut augmenter ou diminuer selon l’évolution des taux du marché, le prêt à taux variable «protégé» permet de bénéficier uniquement de la tendance à la baisse. Le client est ainsi assuré de ne jamais voir sa mensualité dépasser un certain plafond.

Logiquement, cette option hybride a aussi un coût: le taux d’intérêt initial proposé à l’acquéreur par la banque sera en effet «légèrement plus élevé» que celui offert pour un taux fixe, explique Belfius, sans donner davantage de détails sur le différentiel en vigueur. Le client paie ainsi une sorte de «prime» pour le risque encouru par la banque. «Belfius doit se couvrir en cas de forte hausse des taux, confirme Mikael Petitjean, professeur à la Louvain School of Management (UCLouvain) et Chief Economist chez Waterloo Asset Management. Comme la banque ne pourra pas répercuter cette hausse sur le client, elle est effectivement obligée de s’assurer une marge au départ. C’est un calcul qui tient tout à fait la route sur le plan financier

Quels avantages?

Cette nouvelle formule de crédit a l’avantage d’assurer à la fois la sécurité d’un plafond fixe, tout en offrant une certaine flexibilité. «C’est une option bien moins risquée qu’un taux variable classique, surtout en période de forte volatilité», analyse Mikael Petitjean.

Cette option peut convenir à «une certaine clientèle», soucieuse d’investir intelligemment sans trop s’exposer. «Il y a deux ans, les Belges qui avaient un crédit à taux variable ont été déconcertés par la flambée soudaine des taux liée au pic de l’inflation, rappelle Mikael Petitjean. Beaucoup ont alors décidé d’opter pour un taux fixe par sécurité. Tout ça pour que, à peine quelques mois plus tard, les taux dégringolent à nouveau, engendrant frustration et mécontentement

Face à ce constat, Belfius a donc estimé qu’il y avait un«marché à prendre», d’autant que les clients ne sont généralement pas en position de force pour renégocier leur contrat en cours de crédit.

Quels inconvénients?

Si le client échappe aux risques de la volatilité, il doit toutefois débourser plus au départ, sans garantie de voir son taux baisser. Si le taux d’intérêt initial est très élevé (par exemple, le double d’un taux fixe), l’emprunteur risque de se retrouver perdant à terme. «Tout dépend de la marge que la banque va vouloir se prendre», analyse le professeur de la Louvain School of Management.

Or, Belfius agit actuellement en situation de monopole sur ce type de produit. «Le client n’a pas de point de comparaison et ne pourra pas réellement déterminer si le service est offert à un prix raisonnable par rapport au risque encouru par la banque, note Mikael Petitjean. Ce manque de visibilité pourra seulement disparaître si d’autres acteurs prennent le train en marche et décident d’investir le créneau.» L’appel à la concurrence est lancé…

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